Cadillac Coupe DeVille, 1971/1976
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Cadillac Sixty-Two Coupe DeVille, 1949 Comptant rapidement parmi les modèles les plus populaires de la marque, les DeVille en sont alors à leur cinquième génération, dont l'année modèle 1976 marque la septième et dernière année. Ce millésime est important à plus d'un titre pour Cadillac, ainsi que pour les autres divisions de General Motors. En effet, comme la clientèle des différentes marques concernées le sait déjà, il marque la fin des modèles " pleine grandeur " traditionnels. Les modèles des gammes Cadillac, Buick, Chevrolet, Oldsmobile et Pontiac de la première moitié des années 70 sont les plus grands jamais produits par General Motors. Les chiffres concernant les dimensions du Coupé DeVille sont éloquents : en 1976, sa longueur atteint 5,86 mètres et sa largeur 2,03 mètres. Si l'on s'en tient uniquement aux magnifiques illustrations sur papier glacé des catalogues publicitaires de la marque, on pourrait facilement ignorer la crise qui secoue l'Amérique. En effet, ceux qui ne suivent pas l'actualité quotidienne, que ce soit par le biais des journaux ou des informations télévisées, auraient du mal à prendre la mesure de cette crise économique, quasiment sans précédent depuis la Grande Dépression des années 30 et la Seconde Guerre mondiale. Conséquence de la guerre du Kippour et en représailles au soutien des États occidentaux à Israël durant ce conflit, les pays de l'OPEP décident alors d'augmenter considérablement le prix du baril de pétrole. Il est vrai qu'au début, les constructeurs automobiles ne semblent pas s'alarmer outre mesure, persuadés que la crise serait passagère et que la situation reviendrait rapidement à la normale. Cet optimisme excessif les conduit rapidement à la désillusion, face à la flambée continue des prix du pétrole. Ce choc pétrolier les ramène brutalement à la réalité. Les dirigeants et les ingénieurs des bureaux d'études, pris de court, se retrouvent sans solution immédiate pour affronter cette nouvelle ère de difficultés. Ils sont, eux aussi, convaincus que l'ère de l'essence bon marché serait éternelle. Pour Cadillac, la réponse principale aux bouleversements qui s'annoncent est la berline Seville, dévoilée en 1975. Il s'agit de faire face à la concurrence des berlines de prestige européennes, notamment allemandes, telles que les Mercedes et BMW, mais aussi anglaises, à l'image des Jaguar. Celles-ci, de taille plus raisonnable, sont également animées par des mécaniques de cylindrées moins importantes et, par conséquent, plus sobres en carburant, tout en offrant un habitacle luxueux.
Cadillac Seville, 1978 Si le succès remporté par la Seville dès son lancement démontre que la marque mise sur le bon cheval avec celle qui incarne une nouvelle conception de la voiture de luxe à l'américaine, la direction de Cadillac a toutefois également conscience qu'elle ne peut pas tout miser sur la Seville et, par conséquent, en rester là. L'étape suivante consiste à revoir les modèles de la gamme traditionnelle. Les prix du pétrole, et donc par extension celui de l'essence, continuent à se maintenir à un niveau assez élevé, et cette situation semblant bien partie pour durer encore quelques années, la solution devient rapidement assez claire. Les modèles des séries DeVille et Fleetwood vont devoir se mettre au régime et, en conséquence, subir une cure d'amaigrissement, qui est programmée et annoncée pour l'année modèle 1977. Bien que le niveau des ventes des DeVille ait sensiblement augmenté lors de cet ultime millésime, cette augmentation reste toutefois assez limitée, à peine 5 %, pour qu'elle puisse être attribuée au fait que les clients les plus fidèles de la marque savent qu'il s'agit des dernières Cadillac de taille XXL. Parmi les deux carrosseries disponibles sur cette série, le coupé demeure, comme au cours des années précédentes, le modèle le plus vendu, avec près de 114 500 exemplaires. La berline, quant à elle, atteint un peu plus de la moitié seulement de cette performance, avec près de 67 700 exemplaires. Ceci, alors qu'au lancement de cette génération à l'occasion de l'année modèle 1971, la berline occupait la première place des ventes de la série, même si celles-ci ne dépassaient celles du coupé que de quelques milliers d'exemplaires. Cette situation perdure en 1972, avant de s'inverser lors du millésime 1973, quand le coupé atteint un score d'un peu plus de 112 700 exemplaires, tandis que la berline ne parvient, de son côté, à séduire que près de 103 400 acquéreurs. En tout état de cause, les modèles DeVille, coupé et berline confondus, peuvent se targuer d'être les plus vendus et de très loin, puisqu'ils représentent près des trois quarts de la production de la marque. L'année modèle 1973 représente, elle aussi, une date importante pour la série DeVille ainsi que pour les autres modèles alors proposés au catalogue Cadillac. Ceux-ci adoptent alors de nouveaux pare-chocs, entièrement rectilignes, conçus pour répondre aux nouvelles normes de sécurité imposant de pouvoir encaisser des chocs à 8 km/h, la vitesse à laquelle l'on roule généralement sur un parking, sans subir de dégâts apparents. Si cette nouvelle réglementation n'a guère de conséquences fâcheuses sur l'esthétique des modèles de la marque, elle a, toutefois, pour effet de brider assez fortement la créativité des stylistes en ce qui concerne l'esthétique qu'ils peuvent donner aux pare-chocs équipant les nouveaux modèles. La forme ainsi que l'épaisseur de ces nouveaux pare-chocs ne font que renforcer, aux yeux de certains, surtout le public non américain, leur allure de chars d'assaut.
Cadillac Coupe DeVille, 1972 et 1973 Outre les nouvelles lois mises en place par le gouvernement fédéral en matière de sécurité, celui-ci fait également appliquer de nouvelles normes visant à réduire, de manière très nette, les émissions polluantes. La généralisation progressive de l'essence sans plomb entraîne, sur l'ensemble des modèles, une baisse du taux de compression et, par conséquent, de la puissance des moteurs. Si les Cadillac n'ont jamais eu aucune prétention sportive, il n'en reste pas moins qu'au vu de leur poids à vide non négligeable, cette baisse va inévitablement avoir des conséquences sur leurs performances, qu'il s'agisse de la vitesse de pointe ou des reprises. Ainsi, par exemple, les DeVille 1976 affichent 2 280 kg sur la balance pour le coupé, et 2 325 kg pour la berline. Les DeVille des millésimes 1971 à 1974 reçoivent un huit cylindres en V de 7,7 litres (472 ci). Celles-ci sont équipées, pour les millésimes 1975 et 1976, du V8 de 8,2 litres (500 ci) de l'Eldorado, le plus gros moteur de série de l'époque. C'est à la fois pour redonner un supplément de tonus à leur motorisation et, dans le même temps, pour pouvoir se conformer aux nouvelles normes environnementales, toujours plus draconiennes, que, lors de ce même millésime 1976, les clients se voient proposer, en option, le remplacement des traditionnels carburateurs par un nouveau système d'alimentation équipé de l'injection électronique. Pour autant, l'augmentation de la puissance n'est guère spectaculaire, passant ainsi, simplement, de 190 à 215 chevaux. A titre de comparaison, celle-ci atteignait pas moins de 345 chevaux sur les DeVille de l'année modèle 1971.
Cadillac Coupe DeVille et Cadillac Eldorado, 1976 Malgré cette perte importante de ses performances, et bien que la compacte Seville puisse lui faire de l'ombre, les ventes de la DeVille parviennent néanmoins à se maintenir de manière constante, à un très bon niveau, et ce jusqu'à la fin de la production de cette génération. De 173 570 exemplaires durant l'année modèle 1975, elles atteignent plus de 182 000 unités lors du millésime suivant. Qu'il s'agisse de l'intérieur de l'habitacle comme de la carrosserie, les différences entre une Cadillac DeVille 1976 et un modèle du millésime précédent sont mineures. A l'extérieur, ces différences concernent principalement le dessin de la grille de calandre ainsi que l'emplacement du logo de la marque. Ce dernier figure désormais sous la forme d'une mascotte placée au-dessus du capot, alors qu'il est situé au-dessus de la calandre sur les voitures du millésime 1975. A cette époque, que ce soit pour les modèles des marques populaires ou de prestige, les différences entre les millésimes d'une même génération sont souvent mineures. Ainsi, distinguer une DeVille de 1975 d'une DeVille de 1976 s'apparente, sur certains points, à jouer au jeu des sept erreurs.
Cadillac Coupe DeVille, 1971 Les Cadillac DeVille de 1977, bien que d'apparence très similaire aux modèles de 1975 et 1976, marquent une rupture significative en termes de dimensions. La réduction est frappante : l'empattement est raccourci de 21 cm, et la longueur totale diminue de 25 cm pour le coupé et la berline. Cette cure d'amaigrissement se traduit par un gain de poids substantiel, 380 kg pour le coupé et 410 kg pour la berline, les faisant ainsi passer sous la barre des deux tonnes.
Cadillac Coupe DeVille, 1977 Si le V8 figure toujours au programme, celui-ci voit toutefois sa cylindrée ramenée à 7 litres. Il offre désormais un meilleur rapport puissance/cylindrée : 190 ch pour 8,2 litres en 1976 (23,17 ch/litre), contre 180 ch pour 7 litres en 1977 (25,71 ch/litre). Lors des premières années de la décennie 1980, le marché nord-américain connaît un nouveau tremblement, suite à la seconde crise pétrolière de 1979, bien que celle-ci soit moins importante que la précédente. C'est pourquoi Cadillac décide d'élargir la gamme de ses motorisations, aussi bien sur les modèles pleine grandeur classiques que sur la compacte Seville, qui en est alors à sa seconde génération. On retrouve ainsi bientôt sur la DeVille un V6 emprunté à la gamme Buick, ainsi qu'un V8 d'origine Oldsmobile fonctionnant au diesel. Conséquence de la nouvelle flambée des prix de l'essence, le gazole connaît son heure de gloire durant la première moitié des années 1980. Cette huitième génération est la dernière à conserver l'architecture classique à propulsion. A compter de l'année modèle 1985, la DeVille adopte la traction avant, à l'instar de la seconde génération de la Seville et de l'Eldorado. Cette nouvelle architecture est conservée sur les générations suivantes du modèle au catalogue Cadillac, jusqu'à sa disparition en 2005.
Sur une idée originale de
Thomas Urban |