Dar-es-Salaam et Zanzibar, Frédé, Dédé et Gautier, Décembre 2015/Janvier 2016

Rennes, le 10 janvier 2016

Bonjour à toutes et à tous,

Gautier est parti faire son tour du monde à vélo le 5 avril 2015. Depuis, certains d'entre vous le suivez sur son blog. Même s'il s'apprête désormais à quitter la Tanzanie pour prendre la direction de l'Afrique du Sud via le Malawi, la Zambie et la Namibie, il y a raconté à ce jour son périple jusqu'en Egypte. Avec Frédé, nous l'avons rejoint dans la capitale économique de la Tanzanie, Dar-es-Salaam.

Nous avons quitté Paris le mardi 29 décembre 2015, pour un voyage en deux étapes,  Roissy / Doha (Qatar), puis Doha / Dar-es-Salaam. Le retour sur le sol français s'est effectué ce 9 janvier. Qatar Airways nous a transporté dans les meilleures conditions que l'on puisse imaginer. Clément ne nous a pas accompagné sur ce voyage, pris par ailleurs. Par le biais d'une soixantaine de photos commentées, je vous propose de partager quelques instants intenses et extraordinaires (au sens premier du terme) vécus pendant cette dizaine de jour.

Il y a six mois, s'il m'avait été demandé de positionner la Tanzanie sur une carte, j'aurais éprouvé quelques difficultés. Ce pays est situé en Afrique de l'Est, en bordure de l'océan Indien, dans la partie tropicale de l'hémisphère sud. C'est un pays qui compte plus de 51 millions d'habitants, et qui connaît avec un taux de natalité de 5,2 enfants par femme un développement démographique exponentiel. La Tanzanie voit son PIB progresser de manière significative depuis quelques années. Sa croissance à 7,4 % ferait rêver plus d'un homme politique français. C'est surtout son régime démocratique multi partie et la libéralisation des structures économiques qui favorisent ce démarrage assez récent de l'économie. Malgré tout, la Tanzanie reste tributaire de l'aide internationale. 

Evidemment, retrouver Gautier à la sortie de l'aéroport Julius Nyerere de Dar-es-Salaam après neuf mois d'absence fut un moment fort en émotions, tant pour Frédé que pour moi. Dès notre arrivée sur le sol tanzanien, nous avons pris un taxi en direction du Q-Bar, notre lieu de villégiature. La première étape consista à négocier le prix de la course, car tout en Afrique semble se négocier ... Gautier s'en chargea. Ces premiers instants nous plongeaient immédiatement dans la marmite africaine, chaude, voire bouillante. 

Prudent, nous avions organisé notre hébergement depuis la France. Plutôt que d'opter comme la plupart des touristes pour un hôtel aux standards européens, notre choix s'était porté sur une solution plus économique, aux normes plus africaines. Autant le préciser tout de suite, il existe une fois sur place des alternatives encore moins coûteuses, que seuls les locaux peuvent vous communiquer (inutile de chercher sur le net), mais où ni un certain niveau de confort ni une sécurité suffisante ne sont garantis.

Nous avons donc déposé nos bagages au Q-Bar, haut lieu de la vie nocturne à Dar-es-Salaam. Ce " bar hôtel restaurant " n'est pas situé au coeur de la ville, mais il est facilement accessible par le biais d'un réseau assez dense de transport en commun. Gautier avait repéré les lieux avant notre arrivée, et demandé une chambre en retrait, au calme. Cette précaution ne fut pas un luxe, car du jeudi soir au samedi soir, l'ambiance musicale transforme le Q-Bar en un club branché. A notre surprise, de nombreuses prostituées y exercent leur métier. Mais la vulgarité n'est pas ici de mise, et cela fait aussi partie du décor du Q-Bar et des usages locaux.

Après quatorze heures de vol, durant lesquelles le sommeil eut du mal à s'installer, notre premier réflexe fut de nous " poser " quelques heures à l'hôtel, et de nous abriter sous la fraîcheur d'une climatisation ô combien appréciée. Le lendemain, nous avons rejoint la première plage située à moins d'un kilomètre du Q-Bar. Je vous laisse deviner à qui appartient chaque pied sur cette photo. Quelques précieux indices vous faciliteront la tâche.

L'aventure commençait vraiment pour nous sur cette plage. Alors que nous progressions à pied vers ce qui ressemblait à une petite barrière de corail dans cinquante centimètres d'eau, sandales de touriste aux pieds, Frédé et moi avons perdu l'équilibre. Le sable était tapissé d'oursins dont nous n'avions pas bien mesuré l'aspect " piquant ".

Résultat de l'aventure : une vingtaine d'épines sous le pied pour moi, un peu moins pour Frédé. Par contre, elle récupéra une de ces épines sous un ongle. Notre premier réflexe fut de rentrer à l'hôtel, pour tenter d'extraire ces épines. Mais nos faibles moyens n'étaient pas à la hauteur de la mission. Heureusement, un dispensaire se trouvait derrière le Q-Bar. Après avoir négocié le prix de l'intervention chirurgicale (20 000 shilling tanzanien, soit environ 8 euros pour deux), nous voilà donc à tour de rôle dans le " bloc opératoire ".

Assis dans une chaise en plastique (non, elle n'était pas tout de même aux couleurs de Coco Cola ou de Pepsi, sponsors omniprésents à Dar-es-Salaam), je posais mon pied gauche sur un tabouret hors d'âge, à la propreté toute relative. L'intervention qui fut extrêmement douloureuse par moments dura environ une demi-heure, à l'aiguille (aseptisée tout de même), et évidemment sans la moindre anesthésie locale. Une infirmière au charme indéniable prenait en main les opérations, et enlevait les épines une par une, tandis que sa collègue s'occupait du bon éclairage de la zone à soigner ... à l'aide d'un téléphone portable ! Une troisième infirmière complétait l'équipe, mais nous n'avons pas réellement compris son rôle. Le côté absolument ubuesque de la situation me faisait tellement rire, que l'une des infirmières demanda à Gautier si j'étais alcoolisé ! Mais cette attitude faussement décontractée me permettait de supporter la douleur. Ce fut ensuite au tour de Frédé, moins atteinte " quantitativement " que moi, mais très inquiète par une épine située sous un ongle de doigt de main. Finalement et à sa grande surprise, un coup de scalpel bien positionné permit de régler le problème. 

Notre baptême du feu terminé, nous avons enfin pu commencer à apprécier les lieux. Dar-es-Salaam est situé en bord de mer. Mais paradoxalement, nombre de locaux ne savent pas nager. C'est la raison pour laquelle vous les voyez pour la plupart patauger dans l'eau cerclés d'une bouée.

Ces bouées ne sont en fait que des chambres à air prélevées sur des pneus usagés d'automobiles. Elles sont mises à disposition du public sur la plage, sans doute moyennant quelques shillings (la monnaie locale).

Attablé à la terrasse d'un bar les pieds presque dans l'eau, le spectacle était devant nous. De beaux blacks locaux, bouée autour de la taille, faisaient les pitres, et se prenaient en photo à l'aide d'un portable. Si la Tanzanie est un pays pauvre, le niveau de pénétration des smart phones y est impressionnant !

Nous prenions notre petit déjeuner à l'hôtel tous les matins. L'assortiment de fruits frais faisait partie de l'offre quotidienne. Pour le reste, nous nous adoptions aux usages locaux. J'appréciais pour ma part un grand verre du jus de mangue frais pour démarrer la journée.

Il existe à Dar-es-Salaam deux moyens de transport individuels : le taxi assez coûteux (tout est relatif) et le tuk-tuk (prononcez touk-touk). Il s'agit d'un petit véhicule avec un avant de scooter, sur une roue, avec un guidon, prolongé par un habitacle à trois places recouvert d'une capote, sur deux roues. Nous avons à de nombreuses reprises opté pour ce second mode, particulièrement économique. La course pour trois personnes nous était " facturée " selon la distance l'équivalent de un à trois euros. Règle d'or : négocier celle-ci avant de monter à bord. Gautier s'en chargea à chaque fois avec talent, grâce à son expérience africaine.

Ces petits engins se faufilent partout, et font fi des embarras de la circulation, plus monstrueux à Dar-es-Salamm qu'à Paris ! La ville compte en effet près de 2,5 millions d'habitants. Le réseau routier est plus ou moins entretenu. Le respect du code de la route est le plus souvent une vue de l'esprit. En ville, toutes les rues ne sont pas bitumées. Quand il n'y a pas de place sur la route, les tuk-tuk savent progresser sur les bas-cotés en terre ... Il est vivement conseillé aux touristes blancs qui souhaitent se déplacer une fois la nuit tombée d'emprunter ce moyen de transport. Marcher seul dans la ville n'est pas recommandé quand le soleil est couché (vers 19 h en janvier).

Gautier était arrivé une dizaine de jours avant nous dans cette grande ville. Il avait donc déjà une certaine connaissance du terrain, et était pour nous le guide idéal, capable de nous conduire dans les lieux les plus divers. Avec lui, nous avons découvert la vraie vie locale, et non pas exclusivement les lieux pour touristes. D'ailleurs, ceux-ci sont objectivement peu nombreux. Dar-es-Salaam est plus une ville de transit pour les étrangers, à mi-chemin entre d'une part les parc nationaux qui font la réputation du pays pour les safaris qui y sont proposés et d'autre part l'île paradisiaque de Zanzibar. 

Plus économique et aussi " ambiance locale " que le tuk-tuk, on peut se déplacer en journée à Dar-es-Salaam en utilisant l'important réseau de " dala dala ". Ce sont de mini autobus d'origine japonaise ou indienne dans lesquels la population locale s'entasse tant bien que mal. Le prix du voyage est dérisoire (500 shilling au maximum, soit environ 20 centimes d'euro), et vous payez votre trajet durant le voyage. Le nom du terminus de la ligne est peint sur le devant du bus. C'est moins simple que d'utiliser un réseau de transport en commun à la française, mais tout aussi efficace. Evidemment, il n'y a pas vraiment " d'arrêt de bus ", et encore moins de plan du réseau. 

Alors que l'eau courante est une évidence en Europe, de nombreux quartiers de Dar-es-Salaam sont encore approvisionnés par des porteurs d'eau.

Dar-es-Salaam est une ville dans laquelle l'agitation est permanente en journée. Tous vos sens sont mis en éveil. Même en milieu urbain, la nature sait vous offrir le meilleur d'elle-même. 

Mais c'est sur le marché de Kariakoo, au coeur de Dar-es-Salaam, que vos cinq sens seront les plus sollicités. Vous entrez là dans une jungle de la ville, animée, colorée, chaotique ! C'est un marché authentique destiné aux locaux, pas aux touristes, ce qui contribue à l'essentiel de son charme. Il demeure néanmoins prudent de laisser vos objets de valeur à l'hôtel, et de vous y promener les mains dans les poches.

Gautier nous a fait découvrir à Dar-es-Salaam la cuisine locale. Pour demeurer dans l'esprit de notre voyage, nous avons peu fréquenté les restaurants au mode de fonctionnement calqué sur le modèle occidental. Au contraire, nous déjeunions le plus souvent à nos risques et péril (la tourista, vous en avez déjà entendu parler ?) dans de petites échoppes, parfois directement installées à même la rue. Cette " cuisine de rue ", aussi typique soit-elle, n'est pas vraiment de la grande cuisine. Mais à trois, nous pouvions déjeuner pour moins de six euros, Coca compris !

Sur les marchés, tout se négocie. C'est une constante à intégrer dès le départ, et une pratique qu'il faut gérer avec habileté. Il ne faut pas montrer un intérêt trop marqué pour l'objet convoité, et demeurer toujours courtois et souriant. Se renseigner dans d'autres boutiques sur les prix pratiqués vous permet aussi de vous situer avant d'entamer une négociation. D'une manière générale, vous pouvez sans trop de difficulté faire baisser de 50 % le prix appliqué au " muzungu ", ainsi est nommé l'homme blanc en swahilli, la langue locale. Dernière astuce, si vous parlez justement quelques mots de swahilli, cela ne pourra qu'attirer la sympathie du vendeur. Nous avons fait cette expérience en achetant l'une des spécialités locales, des sandalettes réalisées à partir de pneumatiques usagés. Pour ma part, j'ai retenu que bonjour se dit " jambo ", merci " asante ". Nous avons aussi souvent entendu le mot " karibu ". Si chez nous le caribou est un cervidé, en Tanzani il signifie " bienvenu ". Et le muzungu, réputé pour son portefeuille bien garni, entend du karibou toute la journée.

Dar-es-Salaam est une ville ambivalente. L'essentiel du tissu urbain est constitué de quartiers pauvres. Curieusement, cette pauvreté reste sous-jacente, sans apparaître au grand jour. Il semble y avoir une certaine fierté des locaux à ne pas montrer leurs conditions difficiles de vie. La mendicité ne fait pas partie du paysage. A l'opposé, certains quartiers de la ville ressemblent à de vrais quartiers d'affaires, en témoignent quelques tours modernes ici et là. Il est surprenant de découvrir ces bâtiments à l'architecture design, baignés dans une atmosphère éternellement africaine. Mais le voyageur ne s'attarde pas dans ces endroits sans âme.   

Toute une population travaillant à Dar-es-Salaam a fait le choix, ou s'est trouvée contrainte, d'habiter à l'extérieur de la ville, où les prix de l'habitat sont plus raisonnables. Nombre d'entre eux fréquentent quotidiennement les deux bacs qui font la traversée entre la grande ville et les quartiers résidentiels de Kigamboni. La traversée dure une dizaine de minutes. C'est l'occasion de vivre avec les habitants, surtout en début ou en fin de journée, une part de leur quotidien, équivalent de notre métro boulot dodo. Une fois dans le bac, on a une superbe vue sur un petit port de pêche.

Mais si nous avons traversé cette rivière qui permet d'éviter un long détour en voiture ou en dala dala, notre intention était de rejoindre les plages de South Coast, bordées de cocotiers. Fréquentées en fin de semaine, elles sont un havre de paix durant la semaine. C'est ici que nous avons photographié Taha et Sabrina, des amis de Gautier. Taha, d'origine turquo-libienne, est installé depuis trois ans à Dar-es-Salaam, où il travaille pour une agence de voyages. Avant et après notre arrivée, c'est lui qui a hébergé Gautier. La rencontre avec Taha et son amie fut pour nous un grand moment de partage. Cela m'a bien obligé à remettre en pratique mon anglais, la deuxième langue la plus parlée en Tanzanie après le swahilli.

Cela peut paraître assez hypocrite, mais en voyage dans des contrées aussi éloignées, la pratique d'une langue commune, le français en l'occurrence, permet de faire des rencontres inattendues. Le 31 décembre à 0 h 00, nous avons ainsi bu le champagne avec deux amis qui depuis huit ans, à chaque premier de l'an, se retrouvent dans un pays étranger. L'un travaille en Asie, l'autre en Europe. Sur le bateau qui nous a transportés jusqu'à Zanzibar, j'ai longuement conversé avec une femme en mission en Tanzanie pour la " Banque Mondiale ". Elle m'a expliqué les démarches entreprises par cette organisation pour contribuer au développement du pays. Parallèlement, elle est enseignante en région parisienne dans une université. Ses récits de sa vie de " globe trotteuse " doivent plus passionner ses étudiants que les cours magistraux.  Dans un autre contexte, au Q-Bar, nous avons fait la connaissance d'un couple charmant installé à Bruxelles ; lui, né en Pologne, est lobbyiste au sein des institutions européennes ; sa femme est italienne. Tous les réfugiés de Syrie ne visent pas l'Europe. L'Afrique en accueille aussi discrètement un certain nombre. C'est ainsi que l'un d'entre eux croisé aux hasard de nos déplacements nous a conté ses galères, et l'horreur de la situation dans son pays.

Nous avions la volonté de sortir de Dar-es-Salaam durant notre séjour. A deux heures de bateau, Zanzibar s'offrait à nous. Ce nom à lui seul est une magnifique invitation au voyage. Si l'aller s'est déroulé dans les meilleures conditions de confort, au retour, doté de billets " business ", nous avions fait l'erreur de nous insérer dans la gare maritime dans la file des voyageurs d'Afrique de l'Est qui bénéficient d'un tarif avantageux, en classe " economic ". Les Occidentaux étaient déjà à bord avec leur billet payé au prix fort. Sans doute pour accéder aux meilleures places encore disponibles, nous avons été pris dans une bousculade dont nous garderons un souvenir impérissable, le tout sous une température étouffante. Ce genre de mouvement de foule, dans un tel contexte, est difficilement imaginable chez nous. Pris dans cet étau, transpirant à grosses gouttes, nous faisions tout pour sauver notre peau !

Zanzibar se trouve à une quarantaine de kilomètres de la côte orientale de la Tanzanie. C'est un lieu où plusieurs mondes se télescopent : un fond d'Afrique, un peu de Grande-Bretagne, beaucoup d'Arabie, le tout enrobé par les senteurs de l'Inde. L'île dispose d'une certaine indépendance vis-à-vis de la Tanzanie. Elle possède notamment son propre gouvernement. Elle mesure 85 km du nord au sud, et de 20 à 30 km d'est en ouest. Plus de 900 000 personnes y habitent. Le débarquement s'effectue à Stone Town où l'on peut passer quelque temps en bord de mer puis déambuler dans le labyrinthe des rues de la vieille ville, qui a conservé un tissu et un paysage urbain intact depuis des lustres, même si le charme de cette cité se trouve quelque peu altéré par la présence de nombreux touristes. Pour la petite histoire, Freddie Mercury y est né en 1946.

Le Beit el-Ajaib (traduction littérale : maison des merveilles) est le plus grand monument de Stone Town. Construit en 1833 pour un sultan exilé de Bombay, c'est un bel exemple de l'architecture coloniale bâti au tout début de l'alliance du métal et de la pierre. Malheureusement bien défraîchi et mal entretenu, une partie extérieure du bâtiment s'est effondrée en 2012. Il est désormais interdit d'y pénétrer.

La pratique du football est très répondue en Tanzanie, mais aussi à Zanzibar. A de nombreuses reprises, nous avons pu assister à des rencontres locales. Dans le cas présent, la population était assise au bord du terrain, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Un speaker commentait au micro le match, et sa parole était portée par des haut-parleurs installés sur les cocotiers.

Le premier soir à Zanzibar, nous avons retrouvé un voyageur que Gautier avait rencontré quelques semaines auparavant au Soudan. Cet Allemand d'une cinquantaine d'années réalisait seul, avec l'accord de son épouse, un vieux rêve, celui de rejoindre l'Afrique du Sud à moto. Durant cette soirée, nous avons aussi fait la connaissance d'une autre jeune femme allemande, qui faisait un " break " total d'une quinzaine de jours à Zanzibar. Alors que nous étions attablé dans un bar sympa, nos voisins nous ont interpellés. Il s'agissait du couple de Belges rencontré quelques jours plus tôt sur le continent. La soirée s'est terminée en bord de mer, où nous avons dégusté une " pizza zanzibarite ", spécialité locale qui n'a strictement rien à voir avec l'équivalent italien. Un régal.

Un moment fort de ce voyage en Tanzanie fut ce parcours d'une soixantaine de kilomètres au départ de Stone Town en direction de notre lieu de résidence pour la seconde nuit passée dans l'île, à la pointe de Nungwi. Pour ce voyage, hors de question de céder à la proposition du taxi pour touriste du réceptionniste de l'hôtel. Par esprit d'économie, et pour vivre la vraie vie des habitants du cru, nous avons opté pour du transport " local ". A Zanzibar, deux formes de dala dala s'offrent à vous : soit le minibus fermé comme à Dar-es-Salaam, soit des espèces de plateaux pick-up couverts d'une bâche. Assis sur des bancs à peine protégés d'une fine couche de revêtement pour accueillir notre postérieur, nous voilà embarqué pour un long périple. Là où cela se corse, c'est que cet engin prévu pour accueillir environ seize passagers, au fur et à mesure de sa progression vers la pointe de Nungwi, et au gré des différents arrêts, prenait de  nouveau passagers sans que personne de débarque. Si cela restait acceptable pour une ou deux personnes en plus, je ne vous détaille pas les souffrances que Gautier et moi-même avons du endurer avec nos grandes jambes quand nous étions à vingt quatre dans l'engin. Après 90 minutes d'un voyage éprouvant, nous étions enfin arrivé à bon port.

Un petit incident émailla la fin de ce trajet. Au moment de payer le voyage (6000 shilling, soit environ 2,50 euros pour nous trois) à la descente du bus, nous avons expliqué au " contrôleur " (il voyageait debout agrippé à l'arrière du dala dala sur le marche-pied durant tout le trajet dans des conditions de sécurité inconcevables chez nous) que nous avions déjà payé notre voyage au départ. Au final, il semble qu'un intrus se soit fait passer à nos yeux comme le responsable de ce dala dala au départ, et en toute honnêteté, c'est à lui que nous avons payé notre du. Après une explication scabreuse à l'arrivée, nous nous sommes rapidement éclipsé sans connaître le fin mot de l'histoire.

Cette petite fille était installée tant bien que mal dans l'allée centrale à bord du dala dala.

Arrivé à la pointe de Nungwi, notre première préoccupation fut de trouver notre hébergement. Gautier, en tant que voyageur bien organisé, dispose d'une application sur son portable qui nous a bien aidée. Une sollicitation auprès des locaux dans le petit village que nous traversions nous a finalement permis de rejoindre notre hôtel réservé l'avant-veille sur internet. 

Ce lieu de résidence pour une seule nuit présentait l'immense avantage d'être à moins d'une minute à pied de l'une des plus belles plages de Zanzibar. Le confort des lieux s'avéra acceptable, malgré le prix " touriste de passage", même si nous avons été contraints de changer de chambre dès notre arrivée, l'eau froide ne fonctionnant pas ... toute la rigueur africaine !  

Ensuite, Zanzibar a tenu toutes ses promesses de dépaysement et de rêve. Le quelques photos ci-après, réalisées sans aucun trucage, suffisent à en témoigner. Nous avions par moments l'impression d'être dans un décor de film.

Si les images restent à jamais, les émotions ressenties tendent à s'émousser avec le temps. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité écrire " à vif " cette page, après notre premier voyage en Afrique. Vous pardonnerez les quelques imperfections.

Nous avons retrouvé en Tanzanie un Gautier " grandi " de ses multiples rencontres, de ses expériences et de ses quelques galères. Il est plus confiant que jamais dans sa détermination à mener à bien son projet. Nous sommes convaincus que cette expérience unique de vie n'a pas de prix, si ce n'est celui de l'inquiétude légitime de ses parents. Puisse-t'elle néanmoins inciter d'autres jeunes à faire comme lui. On n'a qu'une seule vie à vivre. C'est à la foi extraordinaire, terrible, court, et infiniment long ...
 


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