Chrysler Airflow, Peugeot 402, Volvo PV 36 Carioca, Toyota AA
Chrysler Airflow Chrysler fut aux Etats Unis le précurseur dans le domaine de l'aérodynamique liée à l'automobile de série. Mais être le précurseur dans un domaine technique ne suffit pas pour assurer un succès commercial. Nombreux sont dans l'histoire industrielle les entrepreneurs à avoir eu raison trop tôt ! La crise de 1929 fit douter Walter Percy Chrysler qui envisagea un temps de fermer son département des essais. La naissance de l'Airflow doit beaucoup à Harold Hicks, qui travaillait alors dans ce service, et qui réussit à convaincre son employeur qu'une bonne recherche aérodynamique pouvait largement contribuer à réduire la consommation en carburant et à obtenir des gains en vitesse de pointe. L'audace esthétique de la Chrysler Airflow présentée au Salon de New York en février 1934 ne laissa personne indifférent. Pourtant, elle fut considérée comme laide par une majorité du public. Celui ci avait encore à l'esprit les formes cubiques des années 20, et son oeil n'était pas suffisamment habitué aux contours galbés et totalement inédits de l'Airflow. Nous étions pourtant en pleine " Streamline decade ", à savoir la décennie du profilage. Sur l'Airflow, la grille de radiateur verticale faisait place à une calandre arrondie et à des phares intégrés, qui manquait toutefois d'élégance et d'inspiration. Le dos de l'Airflow était effilé, ses ailes avant encastrées et ses ailes arrière carénées. Mais ce dessin trop en avance sur son temps ne parvenait à séduire que 10 839 acheteurs en 1934. Plus d'informations en cliquant ici ...
Peugeot 402 Au milieu des années 30, la série 01 née en 1929 avec la 201 était en fin de vie, et la firme de Sochaux se devait de réagir rapidement pour ne pas se laisser distancer par ses concurrents Renault et Citroën. En février 1934, le groupe Chrysler lançait sur le marché américain la révolutionnaire Airflow. La Peugeot 402 présentée au Salon de Paris en 1935 s'en inspirait largement. La 402 étonna le public par ses lignes avant-gardistes baptisées " Fuseau Sochaux " par des publicitaires inventifs. Les phares étaient positionnés derrière une calandre inclinée et bombée, le pare brise était incliné, les poignées de portières se faisaient discrètes, les ailes avant étaient enveloppantes et celles de l'arrière recouvraient les roues, les marchepieds étaient abandonnés ... La nouvelle Peugeot présentait l'avantage inédit de combiner des formes aérodynamiques et une habitabilité raisonnable. Plus d'informations en cliquant ici ...
Volvo PV 36 Carioca Le 14 avril 1927, c'est à Göteborg, sur la côte ouest de la Suède, que la première automobile Volvo (qui se traduit par "je roule " en latin) fabriquée en série quittait sa piste de montage. Derrière cette entreprise, on distinguait deux hommes, Assar Gabrielsson et Gustaf Larson. Gabrielsson était économiste et vendeur alors que Larson était technicien et constructeur. Leur projet avait débuté quelques années plus tôt.
En Suède, les salaires était relativement bas comparé aux autres pays industriels. Les connaissances techniques dans l'industrie étaient développées. Des entreprises suédoises étaient déjà bien implantées sur le marché mondial avec des produits dont la haute qualité était l'argument le plus puissant. Les suédois commençaient à avoir les moyens de s'acheter une automobile. En 1924, il y avait 46 000 automobiles en Suède, et plus du double en 1930.
Les lignes extérieures des premières Volvo étaient d'inspiration américaine. Le style angulaire devait se maintenir pendant toutes les années 1930. Mais en 1935, Volvo, visiblement inspiré par les réalisations de Chrysler aux Etats Unis ou de Peugeot en France, proposa en parallèle aux modèles carrés une automobile plus aérodynamique : la PV 36.
La voiture avait une calandre inclinée, des phares intégrés, un pare brise en deux parties, des roues arrières recouvertes. Un important travail avait été réalisé pour en faire une automobile confortable, dotée d'un plus large volume habitable que les modèles antérieurs de la marque. La PV 36 proposait six places, trois à l'avant et trois à l'arrière. Elle fut étudiée pour s'inscrire dans le haut de gamme du constructeur suédois. Son prix élevé devait forcément en restreindre la diffusion, puisque seulement 500 voitures furent produites jusqu'en 1938. Le surnom de Carioca lui fut attribué, peut être en raison du succès que remportait à cette époque en Suède une danse du même nom née en Amérique du Sud. En 1936, un autre modèle aérodynamique, la PV 51, plus simple de conception, moins coûteux à produire, fut commercialisé en parallèle à la PV 36.
Toyota AA Sakichi Toyoda, le fils d'un pauvre charpentier né en 1867, est un des premiers japonais à avoir pris conscience des nouvelles idées et des possibilités commerciales amenées par l'ouverture des ports japonais au commerce extérieur à la fin du dix-neuvième siècle. Il fut également un grand inventeur puisqu'il a déposé pas moins de 84 brevets d'invention au cours de son existence. Son invention la plus célèbre est le métier à tisser automatique en bois en 1897, le premier métier japonais dont le fonctionnement ne dépendait pas uniquement de la force musculaire. Il permettait par conséquent à un ouvrier de s'occuper de deux ou trois métiers à la fois. L'efficacité et le bon rapport qualité / prix n'étaient pas les seuls atouts de cet-te machine qui produisait également un tissu de première qualité. Au cours des années suivantes, Sakichi a continué à perfectionner ses métiers à tisser. C'est le succès de métier à tisser de Sakichi qui a directement conduit à la production automobile dans les années 30. Après des années de perfectionnements et d'améliorations, les produits de Toyoda Automatic Loom Works ont en effet commencé à acquérir une réputation qui s'étendait bien au-delà des frontières japonaises. Les machines de Sakichi attirèrent en particulier l'attention des fabricants de métiers à tisser en Angleterre, qui était toujours le centre mondial de l'industrie textile. En 1929, Platt Bros, le principal fabricant anglais de métiers à tisser, acheta pour 100.000 yens les droits exclusifs pour la fabrication et la vente du métier à tisser automatique Toyoda pour tous les pays sauf le Japon, la Chine et les Etats-Unis.
Cet argent fut confié à Kiichiro Toyoda, le fils de Sakichi, qui avait hérité du goût des sciences et des talents mécaniques de son père. Cet investissement clairvoyant fut utilisé pour créer une nouvelle division au sein de Toyoda. Son but : construire entièrement des automobiles compétitives au Japon, en utilisant une technologie et des composants japonais. A l'époque, ce ne fut pas une mince affaire car le marché japonais était dominé par Ford et General Motors qui acheminaient des Etats-Unis de grandes quantités d'ensembles démontés pour assemblage au Japon. Le travail de Kiichiro et de sa petite équipe quelque part dans l'usine Toyoda Automatic Loom Works déboucha en 1935 sur la réalisation d'un premier prototype : l'A1. Sur base de ce premier prototype, les premières voitures de série furent lancées en septembre 1936 : la Toyota Model AA Sedan et la Toyota Model AB Phaeton. Le modèle AA, d'inspiration américaine (Chrysler Airflow), fut produit de 1937 à 1942 à 1404 exemplaires .
En août 1937, la Toyota Motor Company devenait une société indépendante, et en 1938, elle ouvrait sa première usine à Koromo, dans le centre du Japon, une ville qui s'appelle aujourd'hui Toyota City. Cette même année fut présenté le modèle AC, puis en 1939 la série AE. |