Revival

Il est devenu fréquent ces dernières années, lors de tel ou tel salon, de voir renaître d'anciens noms de l'automobile, que l'on croyait disparus à jamais. Le phénomène de la résurrection des marques  n'est pas totalement nouveau, mais il tend à s'amplifier avec ce nouveau siècle.

Pour des industriels soucieux de succès rapides, l'achat d'une marque permet de mettre la main à bon prix sur une histoire, une image, un patrimoine. Il n'est dans ce cas nullement nécessaire d'attendre plusieurs décennies avant d'être reconnu comme marque de prestige ou de légende. Un chèque avec quelques zéros permet d'économiser du temps et de l'argent, et évite les risques liés à l'incertitude d'atteindre l'objectif de notoriété envisagé.

Déjà en 1955, la General Motors tentait de faire revivre la " sous marque " LaSalle au travers de deux prototypes. Ensuite, elle hésita à réutiliser ce nom pour baptiser la Buick Riviera de 1963 puis la Cadillac Seville de 1975.


La Salle, 1955

Virgil Exner, ancien directeur du style chez Chrysler, s'essaya à ressusciter une Pierce Arrow, une Mercer et une Bugatti en 1964, mais ces projets se limitèrent soit à des maquettes, soit à des prototypes uniques sans ambition commerciale. Deux ans plus tard, Exner renouvelait l'expérience, avec plus d'ambition, mais sans plus de succès, avec une Duesenberg. Ce n'est que durant les années 70 et 80 que ses rêves se concrétisèrent avec l'extravagante Stutz.


Duesenberg, 1966

Dans la veille Europe, d'autres noms du passé ressurgissent. Certains n'ont jamais été effacés de la mémoire collective comme celui de Bugatti. Mais qui était capable en 2000 de se souvenir de Spyker (à part quelques néerlandais férus d'histoire automobile), en 2007 de l'italien Diatto ou en 2008 du belge Imperia. Même le très britannique Connaught des années 50 demeure un inconnu pour la plupart d'entre nous.


Imperia, 2008

Nous verrons que dans certains cas l'envie de faire renaître une marque tient de l'écharnement, avec plus ou moins de réussite. Bugatti et Isotta Fraschini avec leurs trois vies en sont les parfaits exemples.

L'histoire d'Hispano Suiza, jadis marque concurrente de Rolls Royce ou de Duesenberg, est aussi émaillée de rebondissements. On a vu ressurgir ce nom à partir de 2000 sur des concept cars du groupe espagnol Mazel inconnu chez nous, puis en 2010 sur une GT sur base Audi R8. La légitimité de l'emprunt de la marque Hispano Suiza souleva d'ailleurs dans ce cas une polémique.


Hispano Suiza, 2010

Faire revenir sur le devant de la scène une marque du passé peut être bénéfique si son image est intacte et jouit encore d'un réel prestige. Mais attention à son usage. Le retour de Talbot en 1979 apposé sur le coffre d'une Simca 1100 fit hurler à raison plus d'un puriste ... L'utilisation du nom Maybach sur des automobiles ayant trop de traits communs avec les Mercedes Classe S a eu pour résultat un échec commercial, et le retrait annoncé de ce blason prestigieux pour 2013.

Il arrive parfois que le souvenir de la première vie d'une marque soit occulté au profit de la seconde. Qui se souvient qu'Audi fut une marque à part entière créée par August Horch en 1910, puis disparue en 1939 lors de la seconde guerre mondiale. 

Certains noms font de la résistance. Lagonda revient épisodiquement sur le devant de la scène depuis cinquante ans. Dernier du genre, un horrible 4 x 4 en 2009. Même si le nom n'est pas utilisé actuellement, Aston Martin, le propriétaire, a baptisé sa quatre portes de prestige " Rapide ", en souvenir de la Lagonda Rapide du début des années 60.


Aston Martin Rapide, 2010

Le cas de Bizzarrini est encore plus complexe. Si la marque s'est éteinte officiellement en 1968, elle fait encore régulièrement parler d'elle dans la presse automobile par les multiples projets le plus souvent avortés de son créateur.

Les constructeurs n'ont pas le monopole des revivals. Depuis le début du troisième millénaire, on a ainsi assisté à la renaissance des prestigieuses carrosseries Castagna et Touring, mais aussi des préparateurs Abarth et Gordini.


Renault Twingo Gordini RS, 2012

Très souvent, Les projets de renaissance ne sont qu'un feu de paille, le temps de quelques encarts dans la presse - ce fut le cas de l'Iso Grifo 90 en 1991 -, d'un prototype exposé lors d'un grand salon, comme la Cunningham en 2001 ou la Frazer Nash Namir d'Ital Design en 2009.

Des rumeurs persistantes font écho du retour d'autres marques. A l'heure où sont éditées ces lignes, les blogs bruissent de rumeurs concernant les retours de Borgward, Riley ou De Tomaso. Dans l'attente d'une vraie voiture, certaines de ces anciennes marques ont déjà leur site internet.

La limite est parfois floue entre " revival " et marque en sommeil. Les cas de Lagonda ou d'Abarth déjà évoqués sont à la frontière des deux. Ghia et Vignale, deux blasons prestigieux, sont la propriété de Ford. Ils ressurgissent occasionnellement sur des concept cars. Le cas de McLaren est encore plus particulier. Si la marque est visible en permanence sur les circuits de Formule 1, sa présence dans les rues est plus épisodique.


McLaren MP4-12C, 2011

Dans ces pages, vous êtes invité à découvrir les différentes vies de ces constructeurs. L'ambition demeure ici modeste. Pour certaines marques (Bugatti, Talbot, Gordini, Duesenberg ...), de multiples ouvrages ont déjà traité avec rigueur le sujet. Il serait prétentieux d'égaler ces travaux. L'aspect humain et économique est toujours mis en avant, bien plus que les aspects techniques. La documentation d'époque est au centre de ces dossiers. Les marques seront abordées les unes après les autres, avec un étalement des chapitres sur plusieurs mois. Les différents sujets seront enrichis dans le temps.

L'idée qui a prévalu à la création de ces pages a surtout été de tendre vers une définition de l'image laissée par ces marques, à travers les évènements qui ont marqué leur première existence. Pourquoi et dans quel contexte ces marques ont vécu une nouvelle vie, qu'elle fut éphémère ou plus durable, qui furent les hommes qui les animèrent, quels furent leurs succès, leurs échecs ....

Vos compléments d'informations, vos corrections, vos commentaires sont toujours les bienvenus. Enfin, si vous disposez d'informations concernant d'autres marques oubliées ici, n'hésitez pas à me contacter : marioboano@gmail.com.


Maserati A8GCS Berlinetta par Touring, 2008

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