Rétromania

Principales évolutions :

- N° 1 : premier numéro en mai 1994, sous la responsabilité de Jean Louis Baril
- N° 30 : arrivée d'Oncle Pat
- N° 34 : passe du format journal ou format magazine
- N° 40 : impression intégrale en couleurs
- N° 46 : retour au format journal avec moins de couleurs
- N° 68 : un nouvel éditeur prend en charge le mensuel, Gilles Stievenart
- N° 133 : ultime tentative pour raviver les ventes avec un retour au format magazine
- N° 134 : dernier numéro

Le premier numéro de Rétromania arrive en kiosque en mai 1994. Contrairement à d'autres publications contemporaines plus luxueuses consacrées aux voitures anciennes, comme Auto Rétro ou Rétroviseur, ce nouveau mensuel adopte une présentation type journal au format fermé 210 x 285 mm, dont les pages sont reliées par de simples agrafes. Seules les teintes noir, blanc et rouge sont utilisées. Certaines années, un seul numéro est proposé pour la période juillet/août, mais pour le reste, Rétromania sera régulier dans ses parutions. 

Une fois déplié, Rétromania apparaît sous un format 285 x 420, et compte 32 pages. A 15 francs le numéro, il est économique à l'achat. A la même époque, Rétroviseur ou Auto Rétro coûtent 35 francs en kiosque. Rétromania est édité par " Les Amis de l'Auto ", une SARL gérée par Jean-Louis Baril, ancien d'Auto Plus. Le " chef de rubrique " est Bruno Poirier.

Ce journal annonce dans son numéro 1 " un nouveau regard " : " Un nouveau journal. Pour tous les amateurs de voitures de collection, sans esprit de chapelle et sans exclusive. Ceux qui les amassent, et ceux qui en changent tous les ans. Ceux qui les bichonnent, et ceux qui n'aiment pas lever le capot. Côté voiture, un faible pour les " populaires " des années 50 aux années 70. Celles qui donnent du plaisir pour pas cher. Celles que l'on fait rouler et non celles qu'on enferme. Participez, réagissez, écrivez-nous. Ce doit être, tous les mois, votre journal. Ainsi soit-il. "

Au sommaire du premier numéro : Jaguar Mk II attention aux fausses bonnes affaires ; entretien les opérations de base ; votre première ancienne les pièges à éviter ; années 70 vingt voitures à (re) découvrir ; la première Golf GTI ; Alfa Romeo Alfasud Sprint ; louer une ancienne ; un cabriolet d'occasion ou de collection ; la R8 Gordini a 30 ans ; courir en historique ... Si l'on considère l'époque, l'esprit de ce mensuel présente quelques similitudes avec ce que propose de nos jours le mensuel Youngtimers, " le magazine des voitures cultes des années 70 à 90. "

Petit à petit, parallèlement aux aspects pratiques liés aux automobiles anciennes, Rétromania va proposer des articles à vocation plus historique. Le numéro 2 nous fait ainsi découvrir le prototype oublié de la Simca 936, la Mercedes 450 SEL 6.9 et la Peugeot 604.

Le style d'écriture est moderne, aéré. Les rédacteurs " racontent " les voitures : le positionnement de l'auto dans l'histoire de la marque, dans la gamme, les designers, l'industrialisation, la concurrence, les développements, le statut de voiture de collection, etc ... Il ne s'agit pas cependant d'études hypers détaillées. Ce magazine peut se prévaloir d'une grande richesse iconographique, même si les documents d'époque ne sont pas vraiment mis en valeur avec des photos noir et blanc, sur un papier " journal ". La compétition n'est pas oubliée, avec des sujets sur la saga Mc Laren, la carrière de Mario Andretti, l'épopée Matra, la révolutionnaire Audi Quattro ...

De grandes signatures font au fil du temps leur apparition. André Costa, membre fondateur de l'Auto Journal en 1949, puis directeur des essais et rédacteur en chef de ce bimensuel, signe son premier dossier consacré à la Jaguar E dans le numéro 10. Il entame dès lors une collaboration régulière, avec sa fameuse rubrique  " je me souviens ". Sa force est d'avoir connu de leur temps les voitures qu'il décrit, ou vécu les évènements, qu'il évoque d'une plume toujours alerte. 

A partir du numéro 22, le prix passe de 15 à 16 francs, et pour limiter la hausse, Rétromania se passe désormais d'agrafes !

Une nouvelle et légère évolution intervient à partir du numéro 30 d'octobre 1996 avec une " une " revue dans sa forme. Dans ce même numéro, Patrice Vergès, journaliste automobile, passionné notamment par la marque Opel, inaugure sa première rubrique (sur plus d'une soixantaine) des " étonnantes histoires de l'oncle Pat ". L'auteur aborde divers sujets automobiles, sous un aspect " transversal ". Son premier article est consacré à quelques voitures à la carrière très éphémère. Si vous aimez le style de Patrice Vergès, vous pouvez retrouver plusieurs de ses histoires sur ce site, le plus souvent complétées et agrémentées de photos couleurs, sous la rubrique Oncle Pat.

Dans le numéro 33, Jean Louis Baril présente aux lecteurs la situation du mensuel, et ses projets futurs. Depuis quelque temps, Rétromania est disponible en Belgique et en Suisse. Mais surtout, le journal va se transformer en un véritable magazine.

En effet, à partir du numéro 34, le mensuel adopte un papier de  qualité supérieure. Il ne s'ouvre plus en deux pour accéder à de grandes pages 285 x 420, mais se feuillette comme un magazine traditionnel. De 32 pages grand format, le lecteur dispose désormais de 64 pages en format 210 x 297. Toutes proportions gardées,  Jean-Louis Baril compare cette évolution à celle de l'Auto-Journal qui était passé en 1969 du format journal au format magazine ! Le maintien du noir, blanc et rouge permet de contenir le prix à 18 francs pour ce numéro 34, puis à 20 francs à partir du numéro 35.

A partir du numéro 40, Rétromania " abandonne ses habits de clergymen ", et adopte définitivement la couleur, même dans ses pages intérieures. Cette nouvelle présentation permet de mieux mettre en valeur les  reproductions des documents d'époque, mais elle est aussi représentative d'un tâtonnement dans la recherche de la formule idéale qui doit permettre d'attirer plus de lecteurs.

De nouvelles signatures apparaissent au bas des articles. En dehors d'André Costa et de Patrice Vergès déjà mentionnés, certains rédacteurs s'installent durablement, et vont constituer la force de frappe de Rétromania. Faisons connaissance :

Pascal Meurant propose des sujets très travaillés, sous forme d'analyses panoramiques, tel que le marché français en 1960, les petits utilitaires des années 50/60, les grosses Fiat des sixties, les teintes de carrosserie des voitures françaises des années 50, 1973 la dernière année des " trente glorieuses ", l'expansion et l'apogée de l'industrie automobile britannique au début des années 60, le combat entre Citroën, Peugeot et Renault durant l'entre-deux-guerres, etc ... ou plus classique, comme des sujets sur les années 404 ou les Saab 99 et 900.

Dimitri Urbain est connu pour ses livres sur la Mazda MX5, le VW Kombi et Transporteur, et plus récemment sur la Golf 1 dans la collection Top Model chez ETAI. Il est aussi passionné par l'histoire des marques et des productions plus confidentielles, et partage son savoir : Glas, Wartburg, Daf, Karmann Ghia, VW Porsche 914 ...

Bernard Vermeylen, que tous les amateurs de Panhard apprécient pour ses ouvrages de référence sur le constructeur de la Porte d'Ivry, s'intéresse lui aussi aux marques  exotiques et souvent oubliées : Paramount, Davis, Tatra, Cemsa Caproni, Lea Francis, Borgward, Hanomag, GSM, Sabra, Crayford, Lloyd, Wartburg, Zündapp, Zeta ... mais aussi aux productions britanniques méconnues de ce côté ci de la Manche  : Bond Bug, Triumph Herald, Hillman Minx, Riley 1.5 et Wolseley 1500, Austin A30 et A35, Vauxhall Velox et Cresta, Morris Minor, Standard 8 et 10 ... Ses études sont particulièrement fournies.

Son compère Yann le Lay signe pour Rétromania plusieurs textes abondamment illustrés sur les brochures Panhard, Peugeot 203, Simca Vedette / Ariane, Citroën DS... sur l'histoire des  premières Ford Capri, des breaks français des années 50, puis ceux des années 60 et 70, de Peugeot aux Etats Unis, du lancement commercial de la Simca 1000, de l'histoire des Neckar, Opel Rekord, Innocenti, Jensen, Alfa Romeo 2000/2600, Alfa Giulietta, Matra Rancho, Citroën Visa, Ford Cortina, Simca 1100, des Renault en Argentine, etc ...

Dominique Pagneux est un historien automobile bien connu pour ses multiples articles dans la presse spécialisée et pour sa trentaine d'ouvrages, notamment chez ETAI. Il s'intéresse aux voitures françaises d'exception : les DS présidentielles, les 604 spéciales, les travaux du carrossier Pichon et Parat, les Renault de Chapron, l'Ami 8, la Murena ... mais aussi accessoirement à des automobiles plus inattendues, comme la Cadillac Séville ou les voitures produites en Espagne ...

Plusieurs de ces auteurs sont par ailleurs des collectionneurs de documents publicitaires et/ou de photos de presse. Ils se réunissent parfois pour mettre leurs trésors en commun. C'est ainsi par exemple qu'un dossier consacré à la Renault 5 réunit Pascal Meurant pour le texte et Yann Lelay, Patrice Vergès et Dominique Pagneux pour les archives ... Les lecteurs en profitent.

Il convient de citer aussi Jean Louis Baril qui tout en restant fidèle à son poste de directeur de la publication signe de nombreux articles. François Allain a écrit pour plusieurs magazines de la voiture ancienne et il a fondé en 2010 les Editions du Fil Conducteur. Didier Laine rédigeait dès 1980 dans le premier numéro d'Auto Rétro de passionnants articles sur l'histoire des voitures américaines, et faisait alors découvrir à une nouvelle génération de lecteurs tout un pan méconnu de l'histoire automobile d'Outre- Atlantique. Julien Lombard, en dehors de son travail de journaliste automobile pour Auto Rétro ou Automobilia, s'est taillé une belle réputation de travailleur acharné et méticuleux avec ses excellents ouvrages sur la MGB, la Giulia GT et la Fiat 124 Spider Coupé et Abarth. Parmi les autres rédacteurs ponctuels à la notoriété plus ou moins établie, on peut citer Gérard Cayeux, Jacques Pottier, Marc Joly, Yves Gallet, Pierre Fouquet Hatevilain, Christian Moity, Jean Paul Decker, Adrien Cahuzac, etc ...

Cette pluralité des auteurs donne à Rétromania une réelle densité et une saveur particulière, inconnue par ailleurs, avec des sujets comme en n'en voit pas dans d'autres publications, écrit avec sérieux par des auteurs compétents et reconnus, le tout durant de nombreuses années, et à ses débuts sur un papier ... journal. Jamais une publication sur l'automobile ancienne ne semble avoir attiré autant de talents. Evidemment, dans Rétromania, on n'échappe pas aux traditionnelles pages de petites annonces, six ou sept environ dans chaque numéro, de même qu'à quelques pages d'actualités, sur des rallyes historiques notamment. La publicité reste discrète et ciblée.

Dès que le magazine  prit son rythme de croisière, le nombre de pages à vacation " pratique " diminua. Le journal se concentrait plus sur les articles historiques, mais il évoluait aussi avec son époque. Ainsi, en 2002, les BX et 205 firent déjà l'objet d'articles en tant qu'ancienne, bien que la Citroën n'ait disparu officiellement de la circulation qu'en 1994 et la Peugeot en 1998. 

Les positions sont difficiles à acquérir puis à conserver sur le marché de la presse automobile consacrée aux voitures anciennes. Le modèle économique est fragile, et même encore aujourd'hui on peut s'étonner de la multitude des titres qui garnissent les kiosques à journaux, avec une existence souvent éphémère. Rétromania n'échappe pas à ces vicissitudes.

A partir du numéro 46 de mars 1998, le mensuel revient à l'édition journal papier avec agrafes. L'évolution du prix de la matière première et le coût de l'impression couleurs ne permettent plus de maintenir un prix jugé compétitif. Le mensuel coûte de nouveau 15 francs, comme en 1994, mais en conservant quelques pages en couleurs. Il passe à 16 francs à partir du numéro 65, puis à 17 francs ou 2,60 euros à partir du numéro 88.

Dans le numéro 68, en toute discrétion, Jean Louis Baril annonce à ses lecteurs son départ en retraite. Il passe la main à Gilles Stievenart, qui dirige notamment les Editions Valerycaine's créées en janvier 2002 dans la Somme à Saint Valéry sur Somme, et dont dépendra désormais Rétromania.

C'est bientôt une autre personnalité, André Costa, qui fait défaut à Rétromania. Son dernier article, consacré à l'Alfa Romeo Giulietta, a été publié dans le numéro 86 de septembre 2001. Nous apprenons en juillet 2002 son décès. Lui qui avait débuté à l'Auto Journal avec le numéro 1 en janvier 1950 avait vraiment inventé le métier de journaliste essayeur automobile, et ouvert la voie à beaucoup d'autres. André Costa avait un réel talent de conteur. C'était une plume extraordinaire " qui savait autant manier les mots, les phrases, les expressions que le levier de vitesseS et le volant ! ".

Rétromania propose une nouvelle formule pour ses deux derniers numéros 133 et 134. Le prix passe alors de 2,60 euros à 3,50 euros. Sur 52 pages d'un format 210 x x 297, le mensuel revient à une formule qu'il avait testée (sans réussite) entre les numéros 34 et 45. Dans le dernier numéro 134, l'édito mentionne le succès qui " a largement dépassé nos espérances ". Fausse vérité pour donner le change, ou vrai mensonge ?

Toujours est-il que ce numéro 134 est le dernier d'une série qui a perduré pendant douze ans. Rétromania s'en est allé sans annoncer à ses lecteurs son départ. Son absence a créé un vide dans la presse automobile. La liste des sujets restant à aborder semblait encore inépuisable. 

Depuis, la formule de Rétromania n'a été reprise par aucun éditeur. Aucun titre ne semble avoir attiré les talents de cette nouvelle génération d'historien de l'automobile. Les magazines actuels sur l'automobile ancienne sont parfois étouffants, car ils reviennent à l'infini sur des sujets mille fois étudiés. La forme prend trop souvent le pas sur le fond, qui manque d'épaisseur.

Reconstituer de nos jours une collection de Rétromania ne relève pas encore de la mission impossible. Acquérir une collection complète d'un seul coup tiendra cependant du miracle. Concentrez-vous sur les nombreux lots incomplets vendus à bas prix, notamment sur " le bon coin ", quitte à en acheter plusieurs pour approcher de la complétude, et à chercher les numéros manquants un par un.

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