Talbot Tagora

La Talbot Tagora fait son apparition en octobre 1980 au Salon de Paris. Son étude a débuté chez Chrysler en 1976, 80 % du programme ayant été financé par les Américains. Mais c'est le groupe PSA qui a finalisé sa mise au point, après l'avoir trouvé dans la corbeille de mariage lors du rachat de Chrysler France en août 1978. La presse et le public s'interrogent sur l'intérêt de la présence de cette voiture sur le marché, ni vraiment laide, ni vraiment belle, mais qui manque de légitimité face à la Renault 30 et autres Peugeot 505 et 604 installées depuis déjà quelques années. La Tagora ressemble à une grosse Solara.

Il aurait été aussi dommageable d'abandonner de tels investissements, même si l'on sait que la Tagora n'est sans doute pas le bon produit à ce moment-là. Talbot la commercialise dans un premier temps dans la version la moins intéressante, la 2,2 litres essence. Ce n'est que pour le millésime 1982 que sont proposées les Turbo D et V6. Cette dernière dénommée SX dispose de 165 ch Din (contre 136 ch Din pour la 604) et frôle les 200 km/h.

Talbot Tagora, l'habitacle

L'hebdomadaire Auto Hebdo dans son numéro 235 du 2 octobre 1980 qui parle de la BM française s'étonne que le premier véritable produit Talbot destiné à étoffer une gamme squelettique soit une quatre portes de haut de gamme. Le journaliste Gilles Dupré fait remarquer que la berline française la plus puissante ne proposer que 165 ch avec son V6 PRV, par ailleurs réputé pour sa consommation démesurée. Cela en dit long sur la pauvreté de notre production. Il ne faut pas selon le journaliste s'attendre à un succès commercial majeur, mais, pour l'image de Talbot, l'opération ne peut être que bénéfique, du moins le souhaite-t-il.

Le niveau des ventes donne hélas raison aux prévisionnistes. Les effets du second choc pétrolier de 1979 rendent difficile la commercialisation d'automobiles gourmandes en carburant. Les débuts commerciaux sont pourtant encourageants, avec 15 687 exemplaires vendus en 1981. Mais ce n'est qu'un feu de paille. Seulement 2 624 unités trouvent preneur l'année suivante, puis 1 320 en 1983. Sur ce total, 1 083 Tagora sont équipées du V6.

Les concessionnaires Peugeot Talbot n'aiment pas la Tagora, et préfèrent se battre pour la 604, modèle d'une marque que la plupart d'entre eux défendent de longue date. Par ailleurs, la Tagora, bien que généreuse dans ses prestations, ne peut se prévaloir d'aucun pedigree sérieux malgré son appellation Talbot. Son image est floue : Chrysler, Simca, Talbot ?

La commercialisation de la Tagora est suspendue en France en juillet 1983, mais sa production continue quelques mois encore pour alimenter le marché britannique, un peu plus demandeur. Les dernières voitures sont écoulées discrètement en Espagne. La Tagora vient d'inscrire son nom au palmarès des plus grands bides commerciaux automobiles de tous les temps.

Talbot Tagora GLS

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