Paraguay, Frédé, Dédé et Gautier, août 2017

Rennes, le 26 août 2017

Bonjour à toutes et à tous,

Il y a dix huit mois, nous étions en Tanzanie. Depuis, Gautier a traversé l'Afrique en direction de l'ouest, plus précisément du Cap. Il est resté en Afrique du Sud bien plus longtemps que prévu, puis après maintes péripéties, il a fini par traverser l'océan Atlantique sur un voilier en direction de Salvador de Bahia, au Brésil. Après quelques hésitations, le point de rendez-vous 2017 est fixé, cela sera Asunción, capitale du Paraguay.

Personnellement, j'étais assez heureux de ce choix. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'étais incapable de positionner spontanément le Paraguay sur la carte de l'Amérique du Sud. Les circonstances avaient été les mêmes quand il s'était agi de partir pour la Tanzanie. Avec Frédé, nous allions vers un pays que nous ne connaissions pas du tout. Pour se rendre depuis la France à Asunción, il y a des vols directs depuis l'Espagne. Nous avons opté pour une solution plus économique, mais qui présentait une contrainte, celle de changer d'aéroport à Buenos Aires, point de passage obligé en partant de Roissy. Objectivement, ce changement d'aéroport était pour nous une contrainte, n'étant pas vraiment des globe-trotters dans l'âme.


La leçon du jour

Que savons-nous du Paraguay ? 7 millions d'habitants, trois fois plus de vaches ! Le Paraguay est situé au coeur du continent sud- américain. C'est un pays sans accès à la mer. Son territoire compte deux régions bien différentes : la partie orientale au sud-est, 2/5ème du territoire, agricole et habitée, et le " Chaco ", 3/5 ème du pays, immense zone naturelle, quasi désertique, réputée belle et sauvage. Le Paraguay est limitrophe avec la Bolivie au nord, l'Argentine à l'ouest et le Brésil à l'est. Sa superficie correspond à peu près à celle de l'Allemagne et des Pays-Bas réunis. Une grande ville (avec sa banlieue) attire à elle seule plus du tiers de cette population : la capitale Asunción.

Nous sommes dans l'hémisphère sud, le tropique de Capricorne traverse le pays. Selon les régions, le climat est tropical ou subtropical. Les saisons sont inversées. Les mois de juillet et d'août sont habituellement les plus frais, entre 10 et 20°. Cela ne nous a pas empêché de profiter de pics de température atteignant 35 ° durant la journée, mais le thermomètre n'est jamais descendu en dessous de 12°. Avantage de cette inversion des saisons : vous ne côtoyez pas les Paraguayens en vacances. Ils sont au travail, ou tranquillement installés devant chez eux sur une silla cable - chaise à fil plastique -, un téréré à portée de main. Il s'agit d'une infusion, parfois appelée thé du Paraguay, préparée contrairement aux autres pays d'Amérique du Sud uniquement avec de l'eau glacée. Vous croisez continuellement dans les rues des personnes avec leur bombilla, récipient qui permet de savourer cette boisson.

Pourquoi aller au Paraguay ? Honnêtement, ils sont peu nombreux les touristes du monde entier à se dire : " et si cette année nous partions pour le Paraguay ? En fait, le Paraguay est bien placé dans la liste des pays les moins visités de notre planète, après la Somalie, le Soudan du Sud, la Libye, le Libéria, L'Afghanistan, le Turkménistan, et quelques autre contrées tout aussi méconnues ... Pour se rendre au Paraguay, il faut soit avoir la ferme intention d'éviter les touristes, soit avoir une raison très personnelle. Ce qui était effectivement notre cas. D'ailleurs, au moment de chercher un guide touristique en français sur ce pays, seul l'éditeur du " petit futé " à oser se lancer dans une telle aventure, avec d'ailleurs beaucoup de réussite. On devine cependant que les ventes d'un tel ouvrage restent confidentielles.  Nous n'avons parcouru qu'une portion du territoire, la partie encadrée en vert sur la carte ci-dessous. Cela a tout de même représenté un périple de plus de 1300 kilomètres.

Le Paraguay n'est pas dans l'absolu un pays que l'on " visite ". C'est plus un pays dans lequel on vient s'imprégner d'une atmosphère apaisante, d'une forme de douceur de vivre, loin des tracas quotidiens de nos pays riches. Et pour cause, le Paraguay est après la Bolivie et le Guyana - à ne pas confondre avec la Guyanne - le troisième pays le plus pauvre d'Amérique du Sud. Le tourisme y est très embryonnaire, et les contacts restent donc naturels, dénués d'arrière-pensées.

Se rendre au Paraguay est évidemment plus coûteux que de partir à la Réunion, Djerba, Singapour ou New York ! La concurrence entre les compagnies aériennes y est moins vive. Par contre, sur place, vous vivez dans l'un des pays les moins chers du monde. Le salaire minimum équivaut à environ 300 euros. La dernière fois que nous avons eu cette sensation de ne pas vivre cher, c'était au Portugal ... au début des années 80. Pour ne rien gâcher, le Paraguay est un des pays les plus sûrs d'Amérique du Sud. On s'y balade de nuit comme de jour sans danger ni crainte particulière.

C'est pourtant l'un des pays les plus corrompus. Si une grande partie de la population ne participe pas à ce système, elle le subit, en particulier quand il s'agit de traiter avec une administration. Le retour du pays à la démocratie, après le régime autoritaire qui a sévi entre 1954 et 1989, et qui avait institutionnalisé ces pratiques, est de nature à tempérer les ardeurs des fonctionnaires dans ce domaine. La police n'y a toutefois pas totalement renoncé, et nous aurons l'occasion de l'expérimenter ...

La monnaie locale est le guarani. En 2017, un euro équivaut à 6500 guaranis. On imagine aisément l'inflation qui a dû sévir par le passé. La plus petite coupure est le billet de 2000 guaranis, équivalent donc à environ 30 centimes d'euro. Deux pièces subsistent : celles de 500 et de 1000 guaranis. Quand elles font défaut, on vous rend dans certains commerces la monnaie en ... bonbon. On trouve très facilement des bureaux de change dans toutes les grandes villes, à des conditions plutôt avantageuses. L'euro y est aussi connu et apprécié que le dollar. Deux langues officielles coexistent au Paraguay : l'espagnol et le guarani. Sur le plan pratique, c'est un pays auquel on accède avec un simple passeport. Le visa n'est pas requis, sauf pour nos amis canadiens ...


De Roissy à Asunción

C'est donc avec notre passeport, notre certificat international de vaccination (qui ne nous a jamais été demandé) et quelques centaines d'euros (impossible de trouver des guaranis à Rennes) que nous avons pris la direction de Roissy le 31 juillet. Notre départ avait lieu le lendemain d'une importante panne de signalisation ferroviaire à Montparnasse. Prévenus par des amis inquiets pour nous, nous n'avons eu à subir qu'un léger désagrément consécutif à cet évènement : un changement de train à Marne-la-Vallée Chessy. Toujours prudents, nous avions prévu une marge de plus de six heures entre l'arrivée du TGV à Roissy et le départ de l'avion. Nous avons donc patiemment attendu l'embarquement à bord de notre Boeing 777 de la compagnie Air France en flânant dans la zone " duty free " du Hall 3. Pour l'anecdote, nous y avons croisé Laurent Voulzy qui partait " incognito " pour Ushuaïa. 

Voyager avec Air France est évidemment plus agréable qu'à bord des compagnies " low cost ". Nous avons apprécié le niveau des prestations - repas de qualité, écran avec des films récents en français, personnel attentionné, boissons à discrétion, ponctualité ...-, même si en classe " économique ", l'espace entre les sièges demeure un problème pour les plus grands d'entre nous. Après avoir admiré au décollage la ville lumière de nuit et par temps clair, avalé un bon repas, visionné trois films, puis enfin dormi environ six heures, nous atterrissons à Buenos Aires en Argentine après près de treize heures de vol, sous une température de 12°. Les conditions météo ont été satisfaisantes. Tout au plus, le dîner servi sur un plateau-repas fut perturbé par la traversée d'une zone de turbulences au-dessus de la côte ouest de l'Afrique. Pendant quinze minutes environ, nous avions renoncé à tendre notre fourchette vers notre bouche, les tremblements incessants ne nous permettant pas d'atteindre la cible. Avec Frédé, nous en avons bien ri !

Avouons-le, notre crainte principale lors de ce périple " aller " concernait le changement d'aéroport à Buenos Aires. Il aurait été plus simple de faire Paris/Madrid, puis Madrid/Asunción, mais l'économie en passant par l'Argentine était substantielle. Nous en avons passé du temps à chercher sur internet quelle est la meilleure solution pour assurer sans heurts ce transit. Nous atterrissions en effet à l'aéroport international Ministro Pistarini d'Eizeiza, principale plateforme du pays, qui accueille les vols du monde entier, et nous devions nous rendre à l'aéroport Jorge-Newbery, dit Aeroparque, distant d'environ 50 kilomètres à parcourir en zone périurbaine, qui assure les vols vers les grandes villes d'Argentine et de plusieurs pays d'Amérique du Sud.

Puisse notre expérience servir à d'autres voyageurs (la question est récurrente sur les blogs de voyage), à Eizeiza, après être passé à l'immigration, récupéré nos bagages, subit le contrôle douanier, nous avons opté pour un véhicule " de remise " pour effectuer le trajet vers Aeroparque. Nous avions une marge de sept heures entre les deux vols. En tout et pour tout, entre la descente de l'avion à Eizeiza et l'arrivée à Aeroparque, que cela soit à l'aller ou au retour, cela nous a pris moins de 2 h 30. Donc, le 1er août au matin, nous étions à Buenos Aires pour quelques heures. Certes, nous n'avions pas le temps de visiter la Capitale. Après dépose de nos bagages, plutôt que de rester enfermé dans l'aérogare, nous avons opté pour une balade à pied le long des eaux sombres de l'océan Atlantique, juste en face d'Aeroparque. Voir atterrir ou décoller les avions en milieu urbain reste un spectacle impressionnant, et permet de patienter.

Le vol entre Buenos Aires et Asunción a duré 90 minutes, à bord d'un Embraer 190 de fabrication brésilienne, de la compagnie argentine Austral, deuxième opérateur du pays. A l'embarquement, la jeune femme de l'immigration qui contrôle nos passeports s'étonne que nous ne soyons resté que quelques heures dans son beau pays. Un peu plus, et elle nous aurait vanté par le détail les attraits touristiques de l'Argentine. Quoi qu'il en soit, elle nous a invité à y revenir pour une plus longue période. Ce fut un plaisir d'échanger ces quelques mots avec elle.


Enfin arrivés

Le mardi 1er août, en fin d'après-midi, et après avoir reculé nos montres de six heures, nous sommes enfin à Asunción. Comme à son habitude, Gautier nous accueille à l'aéroport. Même si nous avons observé depuis dix-huit mois l'évolution de son " look " de baroudeur (merci Skype), et que son aspect physique ne présente plus de vraies surprises, le serrer de nouveau dans nos bras reste un moment fort en émotions. Le petit jeune de 21 ans est devenu trente mois plus tard un grand gaillard musclé aux épaules qui semblent avoir gagné en envergure.

Nous avons réservé un logement par Airbnb avant notre départ. Il s'agit d'une chambre attenant aux bureaux d'une entreprise, dont le patron n'était autre que notre logeur. Le lieu est quelque peu excentré par rapport au centre ville, environ cinq kilomètres. C'est propre mais sans luxe. Gautier nous explique que pour le Paraguay, c'est plutôt très bien. Nous y découvrons ce qui deviendra une constante durant notre voyage : quel que soit l'hôtel ou la chambre d'hôtes qui nous accueille, nous avons quasiment toujours un problème de robinetterie fuyante ou de chasse d'eau défaillante. N'y a t'il pas de plombier au Paraguay ? Ou le prix de l'eau est-il si faible que cela ne vaut pas la peine d'entamer des réparations ?

Le premier soir, Fernando, notre hôte, propose de nous déposer dans un quartier un peu plus animé. " Ne vous inquiétez pas " nous assure t'il, Asunción est une ville sans danger. Après un repas pris sur le pouce dans un " food truck ", nous regagnons effectivement en pleine nuit et à pied notre logement distant de trois kilomètres. Nous traversons un quartier plutôt calme, où se succèdent des maisons chics, des petites entreprises ou des commerces d'allure aussi avenante. Paradoxalement, les trottoirs qui bordent ces lieux sont soit inexistants, soit défoncés, soit constitués d'un vague chemin herbeux et humide. Les seuls bouts de " vrais " trottoirs ont été réalisés aux frais des résidents dans le prolongement de leur habitation, et à leur goût. Ceux-ci semblent en ces lieux avoir des ressources financières conséquentes, mais la notion de service public et d'accès pour les piétons paraît secondaire, voire inexistante. Par endroits des trous non sécurisés apparaissent devant vous sur le trottoir, où des tiges métalliques agressives sortent du sol. Il convient de regarder en permanence, surtout de nuit, où nous mettons les pieds.

Nous apprécions cette première nuit, car en nous couchant à 21 heures, heure locale, il est dans notre corps et notre cerveau 3 heures du matin. Pour ma part, ce fut l'une de mes rares nuits sans réveil nocturne, fatigue oblige. Ensuite, durant notre séjour, je serai régulièrement réveillé vers 3 ou 4 heures du matin, avec quelques difficultés pour me rendormir.

Le lendemain matin, nous optons pour un petit déjeuner dans ce qui ressemble à une espèce de cafétéria locale, située à quelques encablures de notre logement. Cela va être notre point de départ pour trois matins à suivre. Gautier a bien pris le temps de nous expliquer que la France est l'un des rares pays où l'on peut manger " sucré " au petit déjeuner. Au Paraguay, si l'on a faim, on mange salé, ou on ne mange pas. Il y a bien sûr les fameux chipas, mais aussi diverses préparations à base de farine, d'oeufs, de fromage, de viande ...  Pour boire chaud, on a le choix entre le cocido, une infusion de feuilles de maté torréfié accompagnée ou non de lait, et le café. Concernant le café, j'ai multiplié les expériences durant notre séjour, depuis l'imbuvable dérivé de chicoré jusqu'au meilleur espresso, en passant par une multitude de variantes d'origine inconnue. A chaque petit matin son suspens !

Véritable spécialité nationale, les chipas sont incontournables au Paraguay, quel que soit le moment. Des vendeurs ambulants en proposent toute la journée dans leurs paniers qui sentent bon. Ce pain est élaboré à partir de farine, de lait, de fromage et d'oeuf. Il y aurait au Paraguay plus de 80 sortes de chipas.

Nous avons profité de notre voyage pour approvisionner Gautier en pièces pour son vélo. La route ne fait pas de cadeau ni aux hommes ni aux machines. Dans un premier temps, les pneus devenus lisses et recousus de partout sont remplacés en quelques minutes par des ensembles tout neuf. Quel contraste entre ce vélo " qui en a vu " et ces pneus immaculés, presque brillants. Gautier a à ce moment-là un autre souci majeur à résoudre : un " jeu " sur son nouveau pédalier lui impose d'installer des rondelles métalliques pour atténuer le désagrément subit. Avec son vélo, il va passer d'une quincaillerie à une autre, d'un garage automobile à un autre, d'un réparateur de motos à un autre ... afin de trouver la pièce au bon diamètre et à la bonne épaisseur. En vain ! Plusieurs de ces commerçants lui conseillent de s'adresser à un grossiste installé dans la proche banlieue. Ce qui sera fait le lendemain après des recherches assez compliquées. Gautier démontrait une fois de plus par son calme sa parfaite capacité à gérer une situation qui en aurait agacé plus d'un. En soirée, pour détendre l'atmosphère, il nous joue quelques notes sur sa guitare, en particulier un morceau de sa composition très bien abouti. Sa guitare l'accompagne depuis l'Afrique du Sud, et a toute sa place à l'arrière de son vélo.

Nous avons partagé ces premiers jours à Asunción avec Samuel. Ce jeune homme de 37 ans, à la barbe épaisse, est ingénieur chez un fournisseur d'Arianespace en Guyane. Il a pris une année " sympathique " pour voyager à travers l'Amérique du Sud à vélo. Evidemment, nous avons causé vélo et fusée, ce dernier thème ayant la particularité de nous passionner tous les trois. Samuel a eu son heure de gloire en jouant le rôle d'un gendarme dans la série Guyane diffusée sur Canal + (ndlr : épisode 7).


Asunción, ville de grisaille

Nous avions programmé notre séjour au Paraguay de la manière suivante : trois jours à Asunción, dix jours de " road trip " dans le sud du pays, puis enfin de nouveau trois jours dans la capitale. Curieusement, nous avons eu deux approches différentes d'Asunción : plutôt sombre et sans âme la première fois, plus joyeuse la seconde (nous y reviendrons). Il convient de dire que le contexte s'y prêtait ...

Nous avons découvert Asunción par temps frais, sous un ciel nuageux. Et ce jour-là, nous arrivons au coeur d'un foyer de tension dans la cité. Il s'avère qu'il s'agit d'agriculteurs, plusieurs centaines, sans tracteurs comme chez nous, mais avec des bâtons à la main. Ils occupent toute une rue, et sont encerclés par les forces de police. Des militaires armés se tiennent à distance. Le quartier paraît en état de siège. De manière sans doute un peu irresponsable, mais nous ne ressentons pas de tension particulière à ce moment-là, nous nous approchons pour tenter de comprendre le motif de cette manifestation.

Un policier que nous interrogeons - questionné serait plus juste, il ne faut pas pousser ... - nous explique que ces agriculteurs manifestent " parce qu'ils ne veulent plus travailler ". Nous n'avons pas osé demander à un manifestant la raison de son mécontentement, mais un peu plus loin, Gautier intercepte un journaliste - une sorte de Laurent Delahousse local - qui vient de terminer avec ses deux opérateurs un reportage pour une télévision. Sa réponse est plus nuancée, sans doute plus proche de la réalité. Les agriculteurs au Paraguay essayent d'obtenir du gouvernement une réduction de leurs dettes. Ils veulent défendre l'agriculture familiale, et souhaite une meilleure répartition des terres dans le pays.

Il convient de préciser que la situation est particulière. En effet, 90 % des terres sont entre les mains de 5 % des propriétaires. L'agriculture intensive du soja, ultra mécanisée, ne nécessite que peu de main-d'oeuvre, environ un seul employé pour 500 hectares, alors que dans l'agriculture traditionnelle, il faut environ 4 employés pour cultiver 10 hectares. Début août, et ce depuis plusieurs semaines, ils sont encore plusieurs centaines d'agriculteurs à occuper une vaste place au coeur d'Asunción, sous des tentes. Toute une organisation  a été mise en place pour occuper le terrain, avec des douches, des échoppes assurant une restauration rapide ... tout ceci sans grand confort évidemment !

Le fameux Laurent Delahousse nous demande à son tour, surpris de voir des étrangers en ce lieu et à cet instant, d'où nous venons. Nous lui indiquons " Francia ". Et du tac au tac, il nous répond (traduction) " mais qu'est-ce que vous êtes venu faire dans notre pays, il n'y a rien d'intéressant ici ".... Nous commençons à comprendre ce jour-là, et nous aurons de nouveau cette impression les jours suivants, que certains paraguayens s'étonnent de rencontrer des étrangers sur leur sol, avec le sentiment que le Paraguay pays ne présente que peu d'intérêt. C'est une curieuse forme d'humilité et de résignation sur la condition de leur pays. Dans un restaurant, la patronne nous précise même qu'elle est honorée que des Français fassent honneur à sa table.

Asunción, pas plus que d'autres pays du continent sud-américain, n'échappe à l'implantation des bidonvilles. Nous avons ainsi aperçu le  vieux quartier de la Chacarita, qui se trouve entre le coeur de la cité et la baie d'Asunción. Il n'est pas recommandé aux touristes de s'aventurer en ces lieux.

Telles des verrues dans la ville, Asunción regorge d'immeubles abandonnés par leurs promoteurs. On peut imaginer que ceux-ci ont fait faillite avant de terminer leur chantier. Et il serait désormais hors de prix d'envisager leur démolition. C'est l'impasse.

Un vaste réseau urbain de bus semble quadriller la ville. Cependant, nous n'avons trouvé aucun plan de ce réseau. Il s'avère que celui-ci est piloté par un organisme public, qui fait appel à différentes compagnies privées de bus. Cet ensemble laisse une impression de grosse pagaille, avec des bus qui s'arrêtent " à la demande ", mais aussi visiblement à certains arrêts plus ou moins bien identifiés. C'est ainsi que la ville est parsemée d'engins de toutes les couleurs, de toutes les tailles, de toutes les marques, de tous les âges. Ils ont cependant un point commun, l'application à leur bord d'un forfait pour le voyage, que vous payez en espèces au chauffeur. Celui-ci vous rend la monnaie tant bien que mal d'une main, en tentant de conduire de l'autre. Les prix sont ridiculement bas, seulement 2000 guaranis pour se rendre au centre-ville depuis notre location. Ces réseaux de bus sont aussi proposés dans d'autres villes de moindre importance, et restent très " couleurs locales ".


Les joies de la conduite automobile

Puisque nous sommes en milieu urbain, évoquons quelques instants les conditions de circulation à Asunción. Avant de récupérer chez le loueur notre voiture, j'ai eu l'occasion d'observer les us et coutumes du pays. Si certains carrefours sont clairement identifiés avec un feu rouge ou un panneau " PARE ", ce qui signifie " STOP ", ce n'est pas le cas partout. Dans ce cas, la règle est simple. Passent d'abord les camions et autobus, puis les camionnettes plus légères, en enfin les voitures. Concernant les voitures, franchi le carrefour celui qui arrive le plus vite ou celui qui est le plus culotté. Donc en tant qu'étranger, en arrivant à toute intersection, il est prudent de regarder à droite, puis à gauche, puis à droite, puis à gauche ... et il faut bien se lancer à un moment ! C'est particulièrement vrai en ville. L'usage des clignotants demeure optionnel. Dans les zones rurales, la population semble moins stressée, et respecte un peu plus la priorité à droite. 

Concernant la vitesse, c'est 80 km/h sur les grands axes, et moins en ville. Ainsi on y croise fréquemment des panneaux de limitation à 20, 40 ou 50 km/h. On a aperçu ici et là des policiers avec ce qui ressemblait à des radars portatifs. Mais nous ignorons s'ils fonctionnaient réellement, ou s'il s'agissait d'appareils factices ? Sur les routes de campagne, lorsque l'on passe devant une école, c'est maximum 20 km/h. L'ennui avec toutes ces limitations, c'est qu'il n'y a jamais de panneau de fin ...

Les pilotes et les passagers des motos circulent le plus souvent sans casque, autant en ville qu'à la campagne. Ces motos, essentiellement de petites cylindrées, sont partout, surtout en zone rurale. En différents lieux, on aperçoit de petits ateliers dont la spécialité est la réparation de ces engins. Et il n'est pas rare de voir un adolescent de 15 ans piloter une moto plus grande que lui sur route ouverte, avec derrière son petit frère et sa petite soeur qui s'accrochent tant bien que mal, sans protection aucune.

Il nous a été donné de voir un spectacle peu ordinaire, qui illustre bien l'importance de la moto dans le paysage paraguayen. Nous avons été doublés par un corbillard suivi d'une nuée de motos. Sans doute ces jeunes gens avaient-ils perdu un des leurs ...

Les lignes continues sont bien présentes un peu partout. Elles sont jaunes et doubles. Cela n'empêche bien évidemment en rien les nombreux dépassements. Rouler à 80 km/h voire 90 km/h comme je l'ai fait durant tout mon séjour est l'assurance d'être doublé constamment par les autochtones, parfois à plus du double de la vitesse légale sur les grands axes. Un jour, devant faire demi-tour juste devant un poste de contrôle de police, je n'ai évidemment pas osé franchir cette double ligne jaune, alors que tout habitant du pays l'aurait fait sans s'inquiéter.

A tout moment, des " gendarmes couchés " ou ralentisseurs apparaissent ici et là. C'est bien quand un panneau annonce leur imminence. C'est beaucoup plus perturbant et dangereux quand ces panneaux sont absents. Plus curieusement, parfois des pancartes les annoncent, mais ils ont disparu, soit usés, soit enlevés par les riverains. Dans ce cas, vous ne savez pas, et vous êtes le seul à ralentir ... Le chargement des camions et utilitaires est une autre source de surprise. Oubliez nos usages européens. Au Paraguay, les passagers montent dans les pick-up sans se poser de question. Les utilitaires sont souvent chargés sans souci de la bonne tenue de l'ensemble ...

Rouler sur les grands axes reste tout de même un plaisir. Notre regard est sans cesse attiré par des détails en bord de route, ou lors de la traversée des villages. Parfois, le paysage devient original, tel ce passage sous un tunnel de verdure.

On pratique encore abondamment le brûlis des terres au Paraguay, dans le but de les rendre plus fertiles. Cette technique a l'inconvénient de les assoiffer, et accessoirement de polluer l'air. Ce fut ma première vision du Paraguay lors de notre arrivée en avion depuis Buenos Aires.

Un peu partout, aux abords des pistes mais aussi des axes principaux, des termitières surgissent de terre. Certes, elles ne font pas comme en Afrique cinq ou six mètres de haut, mais elles sont vraiment omniprésentes. 

Avant notre départ, j'avais du Paraguay, en dehors des grandes viles, l'image de petits villages à l'ancienne, avec une place pavée entourée de maisons blanches. La vérité est un peu moins poétique. Un village au Paraguay, c'est le plus souvent une rue centrale, où passe toute la circulation de la grand route, avec de chaque côté des maisons, des commerces, des réparateurs de motos ... Le trottoir n'est jamais régulier, et la limite avec la route est rarement une évidence. En dehors de cet axe principal, il n'y a rien, si ce ne sont des terres agricoles. Toutefois, pour les villes qui ont pris un peu d'importance, les rues sont tracées au cordeau comme à New York. C'est sans aucun doute rationnel, mais cela manque singulièrement de charme.


Le sens de l'accueil

Mais revenons à ces premiers jours passés à Ascension. Ce qui caractérise les habitants de ce pays méconnu, c'est manifestement leur gentillesse. Dès notre arrivée, nous avons fait connaissance avec les quelques salariés d'Alfonso, notre logeur. Nous avons longuement discuté avec David, qui après une approche timide, était curieux (dans le bon sens du terme) de savoir qui nous étions et ce que nous faisions là. Gautier a trouvé une astuce pour expliquer qu'il vient de Bretagne, et cela marche à tous les coups. Il parle du roi Arthur et d'Axtérix et Obélix. La culture et les usages de nous autres français semblent passionner David. Nous échangeons sur la pratique des langues nationales ou régionales telles que le guarani ou le ... breton. Il se trouve un point commun avec Gautier, le goût pour la guitare et la musique en général. Il nous a fait écouter des titres qu'il chante en guarani avec sa fille. Vraiment touchant. Nous avons par ailleurs papoté avec Alexia, une jeune femme du même âge que Gautier, séduite par son aventure.

Leur enthousiasme et leurs sourires sont communicatifs. Nous passons d'agréables moments avec eux, lors de la pause-déjeuner et en fin de journée, en ponctuant la discussion de phrases en espagnol, en anglais, en spanglish, et plus rarement en français. Il convient aussi de préciser que dès que Gautier consent à dévoiler quelques bribes de son histoire de voyageur à vélo autour du monde, le lien se créer plus facilement. Mais notre garçon a pris l'habitude de rester discret sur son aventure, par lassitude d'une part de raconter incessamment son parcours, et par envie de ne pas fausser les rapports avec les gens qu'il rencontre. Il préfère que l'on s'intéresse à lui pour ce qu'il est, pas pour le périple qu'il accomplit. Ce sont ces instants de partage que nous avons le plus apprécié lors de notre séjour, et qui correspondent à l'image que nous nous faisons des vacances.


La recherche quotidienne d'un hôtel

A partir du quatrième jour de notre arrivée, nous avions prévu depuis la France une voiture de location. L'idée est alors de partir à l'aventure dans la partie orientale du Paraguay, sans réserver quoi que ce soit. Nous savons qu'en cette saison l'offre de places disponibles dans les hôtels est largement supérieure à la demande. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que quotidiennement nous nous mettons en quête d'un abri pour la nuit. Le rituel est le même à chaque fois, et c'est Gautier qui se coltine la démarche auprès des hôteliers après que nous ayons repéré un établissement. Gautier s'exprime couramment en espagnol, pour avoir eu au lycée un correspondant actif dans la région de Madrid. Frédé a quelques bonnes bases, et pour ma part je dois avoir conservé en mémoire une vingtaine de mots de mes deux années d'espagnol en 4ème et 3ème ...

Les premiers temps, nous avons opté pour des hôtels bon marché, aux environs de 130/160 000 guaranis (environ 20/25 euros) la nuit pour trois personnes avec petit déjeuner. Puis parce que notre budget nous le permet et par souhait de trouver un peu plus de confort, nous nous sommes laissé aller vers des hôtels plus chers. Ces quelques photos illustrent les lieux dans lesquels nous avons hébergé, depuis l'espèce de prison repeinte avec des murs violets et des chambres sans fenêtre, en passant par l'ancien hôtel qui a certainement connu ses heures de gloire dans le passé, jusqu'à l'hébergement plus contemporain et plus ciblé haut de gamme.


Vos papiers s'il vous plait

Louer une voiture a toujours été pour moi une source de tension. J'ai le souci de rendre celle-ci dans le même état que lorsque je la prends. Ainsi, je roule à allure modérée, en respectant au mieux ce que je crois être le code de la route. J'évite les excès de vitesse, je reste courtois au volant, je passe à côté des trous et des bosses sur la route ... En prenant la voiture à l'agence, on m'avait indiqué brièvement quelques consignes, notamment l'obligation de rouler la journée avec les feux codes allumés. Les Paraguayens semblent persuadés de la pertinence de cette pratique, abandonnée en France après un essai non concluant il y a quelques années. Il faut juste se souvenir de cette contrainte en reprenant la route à l'issue de chaque pose.

Alors que nous nous dirigeons vers notre première étape à Carapegua, la police de la route aux aguets dans une ligne droite m'invite à me ranger sur le bas côté. L'une des particularités au Paraguay est que ces postes de police sont implantés à espace régulier en bord des routes, dans de petits logements de fonction, voire dans des conteneurs. Vous en croisez un tous les 30/40 kilomètres. Les agents en poste sont soit tranquillement en train de papoter en buvant un téréré, soit au travail à contrôler les automobilistes.

Bref, pour ma part, dans le cas présent, si nous sommes arrêtés par le fonctionnaire de police, ce n'est pas le fruit du hasard. J'ai simplement oublié d'allumer mes feux code. L'agent me demande en espagnol mes papiers, et je bafouille quelques mots en lui indiquant que je ne parle que le français ou l'anglais. Heureusement, Gautier vient à mon secours. Il sort de la voiture, et s'en va discuter avec le policier. Je le rejoins. Gautier lui explique dans un espagnol parfait - notre pandore semble soulagé d'avoir quelqu'un avec qui s'expliquer - que c'est notre premier jour au Paraguay, que nous ne pouvions pas savoir qu'il fallait allumer les feux, qu'il a vanté auprès de ses parents la qualité de l'accueil des gens de pays, et bla bla bla, bla bla bla ... tout ceci en restant d'une zenitude absolue.

La conversation dure, et l'agent finit par nous expliquer qu'il reçoit une commission sur chaque procès-verbal adressé. Le message est subliminal, mais nous l'avons bien perçu. Gautier me demande alors comment on appelle en français le fait de soudoyer un fonctionnaire ... je lui dis qu'il s'agit d'un bakchich, et je l'interroge pour savoir si l'homme droit dans ses bottes à qui nous semblons avoir affaire serait toutefois de nature à être sensible à ce type d'arrangement. En effet, celui-ci consent à réduire la peine à 100 000 guaranis (au lieu des 314 000 exigés au départ). On ne parle toujours pas de corruption, mais d'une proposition d'allègement de la sanction.

Cela fait déjà 10 minutes que nous parlementons. Je dis à Gautier " va pour 100 000 guaranis ". A ce moment-là, c'est lui qui est en possession de l'argent du groupe. Il se dirige vers la voiture, fouille dans son sac, et en sort péniblement 50 000 guaranis. Le policier comprend dès lors que c'est le fiston qui va payer pour ses parents qui ne comprennent rien à rien, et il semble avoir quelques remords à piquer de l'argent à ce jeune homme. Mais Gautier tend les espèces au policier, en lui indiquant qu'il n'a pas les 100 000 guaranis (ce qui est faux en l'occurrence). Le policier commence à se lasser de cette négociation à l'usure. Cela fait un quart d'heure que l'on est là à parlementer. Dépité, et peut-être déstabilisé par l'attitude de Gautier, le policier ne prend finalement pas notre argent. Il nous fait signe de repartir, et je le salue courtoisement avant de reprendre (un peu tendu pour ma part) le volant ... Merci Gautier.


Ybycui

Au Paraguay, le réseau routier est constitué d'une vingtaine d'axes majeurs. Ces routes à deux voies sont bitumées, ce qui n'empêche pas des péages de surgir ici et là dans le paysage. La remise au guichetier de quelques milliers de guaranis (l'équivalent d'un ou deux euros) vous permet de poursuivre votre chemin sans encombre. Les principales villes sont donc reliées entre elles par ces grands axes, plus ou moins entretenus. Pour le reste du réseau, l'automobiliste est contraint de prendre des pistes. La question est parfois d'une réelle simplicité. Soit vous vous imposez un détour significatif sur route bitumée, soit vous prenez ces chemins de traverse en terre rouge pour relier deux villes. Il importait dans le cas présent de tester toutes les spécificités du pays. Et les pistes en sont une. Gautier nous indique qu'un voyage au Paraguay sans goûter aux pistes n'a pas de sens. Nous nous souviendrons longtemps de celle qui mène du parc national d'Ybycui à la ville de Colmena.

Cette piste est longue d'environ 25 kilomètres. Elle nous a réservé une belle surprise. Mais avant de poursuivre ce palpitant récit, je vous invite à une petite pause, avec quelques photos prises dans ce fameux parc d'Ybycui, un havre de paix, voir le paradis sur terre ... La visite commence par l'ancienne fonderie, la première pour les métaux ferreux créée en Amérique du sud. Mise en service en 1856, on y produisait des ustensiles de cuisine, des fers à cheval, des outils, des pièces pour l'industrie navale, des armes ... Un musée regroupe les objets retrouvés sur place.

Dans ce même parc, après 30 minutes de marche, on accède à une superbe chute d'eau. L'endroit est isolé. Ce jour-là, il semble appartenir à nous seuls. L'air environnant est frais. Tous vos sens sont mis en éveil. C'est un moment magique. Les plus téméraires peuvent sans grand risque grimper au sommet de la chute.


La galère

Reprenons notre histoire. Nous sommes désormais sur cette fameuse piste qui va nous procurer quelques émotions. Alors que nous avons déjà parcouru une bonne dizaine de kilomètres à allure modérée, 40/50 km/h avec quelques ralentissements, nous arrivons en un lieu où les eaux de ruissellement ont quelque peu chahuté le relief de la piste. L'endroit est suffisamment large pour que nous puissions passer sur la gauche ou la droite pour franchir ces quelques mètres délicats. La gauche très cabossée ne m'inspire pas vraiment. Frédé me dit en regardant devant elle que de son côté, le passage semble plus aisé et moins risqué. J'avance donc prudemment avec notre sage berline coréenne de couleur blanche immaculée, qui n'a vraiment rien d'un 4 x 4. Tout d'un coup, nous entendons un gros " bang " sourd.

La voiture vient de s'immobiliser. Au-dessus de nos têtes dans le ciel rodent ce qui ressemble à des rapaces. Frédé ne l'a pas aperçu car absent de son champ de vision, mais un trou long et large d'environ 60 centimètres a avalé notre roue avant droite. La voiture repose à l'avant sur le châssis, et la roue arrière gauche pendouille dans le vide. Frédé et Gautier sortent sans précipitation pour analyser la situation, tandis que je reste au volant pour équilibrer les masses. En temps normal, on peut penser qu'il y aurait eu un peu d'énervement dans l'air. Mais nous avions avec nous un vrai globe trotteur, que dis je, un aventurier, qui ne s'en laisse pas compter par de telles péripéties. Pensez donc, il en a vu d'autres en 24 000 kilomètres à travers les pistes africaines. En effet, Gautier a la solution. Il comble le trou béant avec des pierres que lui et Frédé collectent aux alentours. Finalement, celles-ci parviennent à former une base plus ou moins solide sur laquelle la roue avant droite motrice va pouvoir prendre appui pour nous sortir de ce pétrin. Dans l'instant, nous avons omis de prendre LA photo du voyage, au grand désarroi de Frédé et Gautier, qui m'ont aimablement demandé de me remettre dans le trou. Faut quand même pas pousser ...

Notre tourdumondiste aime parcourir ces pistes, que cela soit au Paraguay ou ailleurs. Elles sont relativement peu empruntées, on ne peut pas y rouler très vite, et elles sont donc moins dangereuses pour les cyclistes. Elles sont parcourues essentiellement par une population locale, et en ces lieux la courtoisie semble toujours de mise. Même les routiers à bord de leurs gros camions vous saluent. 


Pays de couleurs

Comme déjà évoqué, le Paraguay n'est pas un pays " touristique ". Les structures d'accueil sont rares.  Il y a peu de monuments à visiter, peu de lieux qui attirent les rares étrangers. Cela ne signifie pas qu'ils sont inexistants, et nous aurons l'occasion d'y revenir dans notre récit. Par contre le Paraguay dispose d'une richesse inouïe :la palette de couleurs qu'offrent ses paysages, ses maisons, ses papillons, ses lieux sacrés ... C'est une source d'émerveillement à tout instant, à condition de prendre la peine d'y prêter attention.


Veau, vache, cochon, couvée

Le voyageur s'étonne aussi de croiser sur les routes de nombreux animaux. Ce qui pourrait paraître assez logique aux abords des pistes l'est moins quand il s'agit des routes principales bitumées. Les poules savent - par expérience ? - qu'il ne faut pas se risquer sur ce terrain. Les vaches déambulent parfois librement aux abords des grands axes. D'autres fois, on les voit paître attachées au bord de la route.

L'une des vaches que nous avons croisée portait autour du cou deux longues tiges de bois positionnées à la verticale, et reliées par une cordelette. Cet accoutrement lui permettait simplement d'évider de coincer sa tête entre les fils barbelés.


Messages perso

Permettez-moi maintenant deux messages personnels. Cette photo s'adresse à l'un de nos amis, enseignant de métier, qui se reconnaîtra. Lui qui songe à rejoindre Gautier l'année prochaine en Amérique, et qui aimerait changer d'air pour ne pas avoir à se coltiner ses 90 kilomètres quotidiens en auto, pourrait poser sa candidature dans cet établissement paraguayen de 40 m3 qui dispense des cours dans sa spécialité. Il lui restera cependant à parfaire son espagnol.

Le même ami, par ailleurs spécialiste du barbecue, est concerné par cette photo prise sur le vif. Ils n'ont pas de Weber au Paraguay, et ne font pas dans la merguez ou la chipolota. Non, leurs barbecues et les pièces de viande qu'ils y cuisent sont à l'image des bonhommes qui s'en occupent : costauds. 

Aurélie, ma chère voisine, ... oui il y a aussi des chargeurs MX au Paraguay. Même si ceux-ci ne portent pas notre logo mais les couleurs de notre client, ils sont fabriqués au Brésil dans l'une des usines du groupe. Ton père peut donc compter sur les services d'une société internationale qui travaille avec les plus grands constructeurs du monde.


Comme dans un western

Un des moments forts qui avait la faculté de pouvoir se répéter quotidiennement était l'arrêt " bière " (l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération, mangez au moins 5 fruits et légumes par jour ...) vers 15 h 30 / 16 h 00. Frédé se faisait plus souvent plaisir avec une " agua con gaz ", appelée chez nous " eau pétillante ". Mais petit à petit, nous avons réussi à lui faire reprendre goût à ce fameux breuvage à base d'orge.

La route c'est sympa, mais il faut savoir s'arrêter. Ces pauses sont l'occasion d'observer des moments de la vraie vie des gens. Même s'il faut l'avouer, la plupart des indigènes ne sont pas très causants. Timidité, crainte de l'étranger, volonté de discrétion ... ? C'est peut-être le seul regret de ce voyage, la difficulté parfois d'établir le dialogue. Le barrage de la langue est pour ma part un obstacle rédhibitoire. J'aime simplement profiter de l'instant présent, regarder autour de moi, bénéficier du soleil, sentir cette atmosphère de western contemporain. Quand j'exprime ce sentiment à Gautier, vieux routard qu'il est, il paraît plus blasé que moi pour qui c'est une forme de découverte.

Ces répits dans notre périple constituent aussi des instants privilégiés pour écouter le récit des aventures de Gautier. Sans cesse, des souvenirs émergent de sa mémoire. Vous imaginez bien qu'il en a des anecdotes à nous raconter, avec ce qu'il a vécu depuis son départ en avril 2015. C'est d'autant plus passionnant qu'il a le sens du récit, du suspense ... Gautier me paraît devenir de plus en plus philosophe, dans le sens où sans prétention, il revisite à sa manière certains principes et valeurs de la vie. Il a eu la rare opportunité depuis son départ de partager ses opinions, ses expériences, sa culture ... avec d'autres peuples. Les heures qu'il passe seul sur son vélo sont aussi propices à la réflexion et la méditation.


Ma cabane au Paraguay

En dehors des centres-villes qui possèdent quelques immeubles, l'habitat du Paraguay est bas et très dispersé. Ainsi, une ville comme Asunción paraît s'étendre à l'infini. Dans les campagnes, les maisons sont souvent très simples, et traduisent la modestie du niveau de vie.


Le pays où la viande est moins chère

Manger au Paraguay est économique pour votre porte-monnaie. On y déjeune et on y dîne pour moins de la moitié de ce que cela vous coûterait en France. Evidemment, toute une gamme de restaurants s'offre aux visiteurs, du plus modeste au plus huppé. Dans certains d'entre eux, on vous propose la " petite part " ou la " grande part ". Un conseil, même si vous avez faim, la première fera déjà largement l'affaire, à moins que votre souhait ne soit de vous retrouver avec deux énormes côtes de boeuf ou trois cuisses de poulet dans votre assiette.

Dans certains restos, si vous optez pour le buffet à volonté, on viendra en plus de l'assiette que vous vous serez concocté vous proposer tout au long du repas, et jusqu'à plus faim, les meilleures viandes du pays cuites à la broche. Les serveurs passent ainsi de table en table, et vous servent de nouveau automatiquement, sauf si vous exprimez un refus poli.

Pour vous aider à faire passer le tout, vous pouvez accompagner votre repas d'une bonne bière. Gautier et moi étions abonnés pour l'essentiel à la Brahma (Frédé restait le plus souvent fidèle à son eau gazeuse) ou à la Pilsen. La première citée est produite au Brésil. On apprendra qu'il s'agit de la cinquième marque de bière la plus consommée au monde devant la Heineken. La seconde est la Pilsen, seule grande bière produite au Paraguay. Ces bières sont presque toujours servies dans un seau contenant des glaçons, température extérieure oblige.

Le manioc est aussi important pour les Paraguayens que le pain pour les Français. Ce tubercule était cultivé par les indiens avant l'arrivée des conquistadores. Cuit dans l'eau, il est le plus souvent déposé sur votre table, et sans que vous ayez à le réclamer. Frédé lui trouve un goût de châtaigne cuite. Pour ma part, j'ai goûté, mais j'ai renoncé. Il peut être aussi frit ou en purée.

Les empanadas sont des chaussons farcis de viande, de poisson, de fromage ou de légumes. Ce n'est pas une spécialité du Paraguay, puisqu'on en trouve dans toute l'Amérique du Sud. Ils sont préparés au four ou frits dans de l'huile, et proposés au petit déjeuner ou durant les repas.

 

Mais la meilleure cuisine reste évidemment pour ma part celle que nous a confectionné Gautier le lendemain de notre arrivée. Le jeune homme s'est perfectionné dans l'art culinaire. Ce jour-là, nous sommes quelque peu à court de monnaie locale, et il n'y a pas un distributeur en vue. C'est à partir d'un budget extrêmement serré qu'il fait quelques emplettes dans la superette du quartier. Après pas mal de temps passé en cuisine, il en résulte cet excellant plat végétarien. 


Mafia, blanchiment, armes et contrefaçons

Nous avons connu deux moments particulièrement forts sur le plan " touristique " durant notre virée sud-américaine. Il aurait d'abord été regrettable d'aller au Paraguay sans visiter les chutes d'Iguaçu. Celles-ci se trouvent à une vingtaine de kilomètres de la frontière, près de la ville de la Ciudad del Este. Avant de partir les visiter, évoquons sans s'y attarder le cas de la " ville de l'est ". Elle ne  ressemble à aucune autre ville de Paraguay. Cette zone franche, la plus grande d'Amérique du Sud, a été créée en 1957, et traîne une réputation peu flatteuse liée aux trafics d'armes, de drogue, au blanchiment d'argent, à la contrebande, etc ... Des marchandises du monde entier y sont vendues dans d'immenses centres commerciaux flambant neufs, mais sans âme, ou dans de plus modestes magasins spécialisés, voire dans des échoppes installées sur les trottoirs.

Les Chinois semblent régner en maître dans ces temples de la consommation, haut lieu de la contrefaçon. Ciudad del Este n'offre qu'un intérêt extrêmement limité sur le plan touristique. L'activité commerciale cesse de bonne heure, vers 17 h 30 avec le couché du soleil. A ce moment, les détritus issus des déballages des magasins traînent partout dans les rues. Le soir, la ville s'endort totalement. Une autre population émerge : celle d'hommes en armes, non pas des pistolets, mais d'impressionnantes carabines bien visibles. Ils veillent à la sécurité des commerces quand leurs rideaux sont baissés.

Nous avons eu un mal fou à trouver un lieu pour dîner. Gautier rêvait de manger chinois. Justement, le seul établissement ouvert dans le quartier était un restaurant chinois où une vingtaine de personnes de cette joyeuse communauté s'étaient retrouvées pour une soirée karaoké quelque peu ... alcoolisée. La " clim " ne fonctionnait pas. J'avais chaud. Ceci ajouté aux hurlements dans les micros (je ne connaissais pas le " chanté faux " en chinois) ... ce fut en ce qui me concerne particulièrement pénible, même si la situation nous a valu une bonne soirée " déconnade " avec Frédé et Gautier qui riaient de me voir si mal à l'aise. En dehors de nos Chinois, la clientèle était rare dans cette salle immense, et le serveur semblait réellement s'em... Au lieu de poser avec délicatesse nos assiettes respectives face à nous, il les a simplement " balancé " sur la table, en faisant la gueule, à chacun de se débrouiller.


L'enfer d'Iguaçu

Les chutes d'Iguaçu chevauchent les frontières du Brésil et de l'Argentine. Elles peuvent se visiter d'un côté ou de l'autre. Nous avions pour notre part opté pour le côté brésilien. La vue y est réputée plus spectaculaire. En toute logique, en quittant le Paraguay, nous aurions dû faire tamponner notre passeport, mais dans les faits, vu le flux de circulation entre les deux pays, les autorités semblent avoir renoncé à imposer cette obligation. Nous avons ainsi séjourné au Brésil toute une après-midi, sans visa, et avec une auto de location non assurée en dehors du Paraguay.

Si les chutes sont majestueuses, on peut regretter l'aspect " tourisme industriel " du site. C'est un fait, tout y est parfaitement bien organisé. avec de grands parkings, des boutiques, des bus pour se rendre jusqu'aux chutes .... Mais vous n'êtes pas seul, loin de là. C'est l'une des principales attractions touristiques de la région, et donc un lieu de passage obligé, notamment pour les voyageurs qui séjournent au Brésil. Mais la vision absolument extraordinaire qui vous est offerte permet d'oublier ces petits inconvénients. C'est un véritable spectacle son et lumière .... Le visiteur est accueilli par une armée de coatis. Leurs crocs peuvent être dangereux, et de nombreux panneaux vous invitent à ne pas leur tendre à manger.

Au retour, nous avons serré les fesses lorsqu'il s'est agi de repasser la frontière du Brésil vers le Paraguay, en espérant ne pas nous faire contrôler sans le fameux visa. Le passage entre les deux pays est matérialisé par un pont de quelques centaines de mètres. Le flot de la circulation y est incessant, digne du périphérique parisien aux pires heures de pointe.


La vieille dame

Il est des rencontres dont on se souvient. Un soir, alors que nous arrivons dans la petite ville d'Obligado, nous nous mettons à la recherche d'un hôtel comme à notre habitude. Il n'y a pas grand-chose en vue. Puis à un carrefour, nous apercevons une enseigne quelque peu vieillie signalant ce type d'établissement. Gautier s'en va sonner à la porte. Personne ne vient. L'établissement semble fermé. Puis après quelques instants, une femme assez âgée passe la tête du haut de son balcon. Nous lui expliquons notre souhait de trouver un lieu calme pour passer la nuit. Elle nous ouvre finalement l'accès, et nous invite à la rejoindre sur sa terrasse. Le lieu est ancien mais propre et chaleureux, " dans son jus " serait l'expression la plus appropriée. Nous nous asseyons autour d'une table, afin de nous inscrire sur le registre. Gautier n'en peut plus de dicter son nom afin qu'il soit retranscrit sur ces cahiers. Il a désormais pris l'habitude de l'écrire lui-même. Essayez donc de dicter " le roux " à un habitant du cru, et vous comprendrez. C'est imprononçable pour eux. La chambre est très simple, pour ne pas dire d'un confort d'un autre temps.

Le soir, nous dînons dans un hôtel-restaurant propriété d'une famille d'origine allemande. La communauté germanique est importante au Paraguay, et cela se ressent au quotidien. Les premières familles sont arrivées à la fin du 19ème siècle. A l'époque, les organisateurs de l'expédition rêvaient de créer une cité utopique fondée sur la pureté de la race ... déjà. Ce rêve aryen fut un échec. Sans rapport idéologique avec ce projet, de nombreux Allemands s'installèrent dans le pays jusqu'aux années 1930. Mais ces familles ne doivent pas être confondues avec les quelques centaines de nazis qui trouvèrent refuge dans le pays après la guerre, protégés par la dictature alors en place. Mais revenons à notre petit hôtel. Au petit matin, nous avons le droit à l'un des petits déjeuners les plus sympathiques de notre séjour, en terrasse, au grand air. Les produits proposés sont variés et de qualité. J'y bois le meilleur café de mon séjour. Et notre hôte, la charmante dame âgée, est aux petits soins avec nous. Ce fut l'occasion de bavarder un peu plus longuement avec elle.


L'oeuvre des jésuites

Le lendemain, nous visitons deux missions jésuites, à Santisima Trinidad Del Parana et à Jesus de Tavarangué . Aux 17ème et 18 siècle, l'évangélisation des " païens " allait de pair avec la civilisation des " sauvages " d'Amérique du Sud. Il fallait convertir les indiens et les soumettre à l'autorité des occupants. Les jésuites obtinrent le droit de créer des structures autonomes pour les regrouper. Une trentaine de ces structures eurent une vie très active sur les territoires actuels du Paraguay, de l'Argentine, du Brésil et de l'Uruguay. L'expulsion des jésuites dans la seconde partie du 18ème siècle marqua la déchéance de ces structures. Les missions furent pillées puis abandonnées.

Les ruines que l'on voit de nos jours n'ont été restaurées qu'à partir des années 60, et le travail se poursuit encore. Ces sites sont classés au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1993. Dans ce prestigieux classement, ils font partie des lieux les moins visités au Monde. Ainsi, il n'est pas rare de vous retrouver seul au milieu des ruines. Cette quasi-solitude au sein de sites aussi merveilleux est l'un des miracles du tourisme au Paraguay.


Silla cable

Frédé qui aime suivre les tendances en matière de " déco " fut très attirée durant notre séjour par les chaises et fauteuils réalisés à partir d'une structure tubulaire avec du fil plastique coloré, dits " Silla cable ". Ceux-ci font partie du paysage. Installé devant sa maison, c'est là que l'on regarde passer les gens, en discutant entre amis autour d'un téréré bien frais. La présence de ce type d'assise au confort très relatif semble contribuer au fonctionnement d'une petite industrie nationale.


Alerte à Malibu

La ville d'Encarnacion se situe dans l'extrême sud-est du Paraguay. Le Rio Paranà, large en ce lieu d'environ trois kilomètres, le sépare de Posadas en Argentine. Nous avons apprécié au petit matin une longue marche sur la plage, alors que l'orage qui n'allait pas tarder à nous rattraper grondait sur l'autre rive. Ce fut l'occasion d'immortaliser cet instant, en nous inspirant notamment d'un autre cliché réalisé à Montréal en présence de Clément au début d'année.

Trois fleuves importants irriguent le Paraguay. En dehors du Paranà, il y a aussi le Rio Paraguay qui coupe le Paraguay en deux, et le Pilcomayo en direction de l'ouest. Ils sont d'une importance économique vitale pour le pays, car ils permettent la pêche, l'irrigation, la fourniture d'énergie hydraulique et le transport fluvial.

Frédé nous a fait croire un instant que nous étions à Malibu. La balade à Encarnacion s'est achevée sous une pluie d'orage. Nous avons eu juste le temps de nous abriter aux portes de ce qui ressemblait à un musée. Le personnel inquiet de nous voir assis à même le sol en attendant le retour du soleil nous a proposé des chaises pour notre confort, qu'il aurait été indécent de refuser. Le fameux sens de l'accueil et de la générosité des gens du pays.

Nous avons déjeuné ce jour-là au coeur du marché municipal couvert d'Encarnacion. On y vend des fruits, des légumes, des épices, des poulets ou du fromage. Message personnel : Tugdual, c'est là que nous avons acheté le poivre tant convoité.

Quelques restaurateurs implantés au coeur du marché se partagent la clientèle. C'est l'occasion de nouveau de manger " locavore " et à petit prix, et d'apprécier le sourire et le dynamisme de la jeune femme qui s'occupe de nous.


L'animation règne ce jour là dans la bourgade de Santa Maria de Fe, célèbre pour ses singes hurleurs sur la place du village. Il s'y tient un meeting politique dans le cadre des prochaines élections présidentielles de 2018. Nous ignorons qui sont les personnalités invitées, mais le convoi qui nous a doublé peu avant la ville est constitué d'une vingtaine de gros 4 x 4 filant à vive allure, escortés par la police, des militaires lourdement armés, et un hélicoptère ! Le dispositif est impressionnant eut égard à la taille du pays. Pour cette grande fête populaire, la ville s'était mise " sur son 31 ". La base des poteaux électriques avait été repeinte aux couleurs rouge blanc bleu du drapeau paraguayen. Le patriotisme ne semble pas un vain mot dans ce pays. Pour ce qui est des singes hurleurs, on peut penser qu'ils avaient été déplacés pour ne pas perturber la " fête ".


Sur la route de Jésus

En direction de la petite ville de San Cosme y Damian, nous avons le choix entre une piste directe et un assez long détour par les routes bitumées. Par goût de l'aventure, nous choisissons la première solution, suivant en cela les préconisations d'un Gautier hyper motivé. Hélas, la pluie est tombée quelques heures plus tôt. Des ornières de plus en plus profondes se forment à chaque passage de véhicule. Va encore pour les 4 x 4. Mais pas pour notre petite berline familiale, à la garde au sol réduite, qui risque bien de rester enlisée à tout moment. Au grand désespoir de Gautier, la raison nous fait faire demi-tour dans des conditions laborieuses, sur cette piste étroite et boueuse, bordée de profondes rigoles. Va donc pour la grande route. Enfin arrivés à San Cosme y Damian, nous visitons un troisième site fondé par les jésuites. Celui-ci n'est pas le plus étendu, mais c'est celui dont la restauration est la plus aboutie. Il abrite une église encore en fonction de nos jours, et des salles de classe où les enfants peuvent apprendre le catéchisme.

A quelques centaines de mètres, nous sommes invités à découvrir le centre astronomique. Un personnel passionné, dévoué, généreux, réellement enthousiaste, mais en aussi grand nombre que les visiteurs le jour de notre passage, vous dévoile les mystères de notre univers. Frédé et Gautier sont ravis. Ils peuvent parfaire leur savoir sur les mouvements de la terre, de la lune, du soleil et des étoiles entre eux. Hélas, un ciel plombé ne nous a pas permis de profiter du puissant télescope.

Un peu en retard sur notre planning quotidien, nous ne faisons ce jour-là notre pause de l'après-midi qu'à 18 heures. Comme c'est souvent le cas, nous sommes les seuls clients dans ce bar situé aux abords du centre astronomique. Le patron nous demande si nous ne sommes pas des Français. Il nous précise en effet que les rares Français qui passent dans son village ont toujours avec eux le " petit foot ". Après lui avoir fait répéter son propos, et s'être amusé avec lui de sa prononciation imparfaite, nous comprenons finalement qu'il veut parler du guide touristique le " petit futé ". Nous sommes tout de même une espèce assez rare dans ces contrées, mais il nous indique que deux autres voyageurs français à vélo sont passés en ce même lieu deux jours avant.

Le soir, nous allons dormir à la " Posadas (comprendre chambre d'hôtes) 6  hermanos ". Ce type d'hébergement est encore rare au Paraguay. L'accueil est très agréable, et malgré une ambiance sonore plutôt bruyante dont d'autres locataires sont à l'origine (des ouvriers semble t'il), nous avons le droit en soirée au repas le plus généreux de notre séjour, constitué de spécialités du pays. Vider les plats qui nous sont proposés relève de la mission impossible. Rebelote au petit déjeuner le lendemain matin, avec cocido con leche, chipas, confiture aux fruits, ducle de leche (confiture de lait) et oeufs durs à volonté.


Frutilla

Ne ne pouvions pas quitter la province paraguayenne sans évoquer les fraises d'Areguà, célèbre dans tous le pays. Ami nord finistériens qui aviez depuis tout petit la conviction que toutes les fraises du monde voyaient le jour à Plougastel, vous voilà contraint d'élargir votre vision des choses. On cultive aussi la fraise à Areguà au Paraguay depuis les années 1920. Le festival de la fraise (frutilla en espagnol) a lieu tous les ans au mois d'août. Producteurs et artisans en profitent pour ramener leurs fraises en centre ville et vous proposer une multitude de jus, confitures, tartes ou liqueurs réalisés à partir de ce fruit.


Tortilla, paella et sangria

Nous passons une soirée mémorable à Areguà. Il fut une époque, entre les années 1920 et 1950,  où cette ville située à une trentaine de kilomètres d'Asunción était une station balnéaire réputée. Elle a depuis un peu perdu de sa superbe. Sur place, nous avons trouvé un petit hôtel très discret, où nous prenons nos aises sur la terrasse, tout près du lac Ypacarai, le plus vaste du pays avec des 22 kilomètres de long et 6 de large. Hélas, la pollution y a rendu toute baignade impossible.

La nuit tombée, nous nous mettons à la recherche d'un restaurant pour dîner. La grande avenue qui mène au centre ville est bien calme. Aucune enseigne ne laisse apparaître le moindre lieu où se sustenter. Quand tout d'un coup, nous apercevons une douce lumière dans une habitation. En nous approchant, nous pouvons lire sur un écriteau qu'on y sert notamment de la paella. On ne sait pas vraiment s'il s'agit d'un restaurant. Cela ressemble plus à une maison particulière. Gautier, qui nous sert souvent d'éclaireur dans ces situations, demande s'il est possible de dîner. La réponse est positive. Dès que nous franchissons la porte, nous voyons trois gamins d'une dizaine d'années quitter les lieux à toute vitesse. On peut penser qu'il s'agit des copains d'un des fils de la maison. Sans doute ont-ils eu la consigne de s'éclipser si des clients venaient à se présenter. Le lieu est atypique. La maîtresse de maison nous explique qu'il s'agit d'un ancien ranch. Le décor est fait de bric et de broc. Un vieux tableau de l'époque coloniale est accroché au mur. Des statues de Marie sont posées sur les meubles. Ceux-ci sont totalement dépareillés. Le sol est inégal. Un chien et un chat tournent autour de nos chaises. Un perroquet nous raconte sa vie. Il n'y a que deux tables pour recevoir les clients.

Nous demandons si la paella est toujours au menu. Elle l'est. Comme c'est assez souvent le cas au Paraguay, nous passons commande, sans vraiment savoir ce que cela va nous coûter. La transparence sur les prix pratiqués n'existe pas toujours. Tout d'un coup, la maisonnée s'active. La cuisine jouxte la pièce dans laquelle nous allons dîner. Madame, Monsieur et un de leurs fils sont à l'oeuvre. On entend le bruit des casseroles, des plats, les crépitements ... Pour patienter, il nous est proposé de boire de la sangria. Quelques minutes après arrive une immense carafe de ce précieux cocktail visiblement " fait maison ". C'est un délice, et nous partageons à trois ce petit moment de bonheur. Quelques minutes passent avant que l'on nous apporte une tortilla, qui fera office d'apéritif ou d'entrée, c'est selon. Puis c'est au tour de la paella, majestueuse, qui vient d'être préparée uniquement pour nous. Durant le repas, l'orage se met à gronder. La bâtisse n'est pas vraiment étanche, et la patronne - nous apprendrons, mais cela est banal au Paraguay, qu'elle est d'origine espagnole - apporte une bassine pour amortir les gouttes qui ne manquent pas de tomber du plafond. L'ambiance est électrique. Seule une deuxième carafe de sangria nous permet de digérer cette succulente paella, mais fait aussi quelque peu monter la température. Quel beau moment. Il est tard, et nous reprenons - à pied - le chemin de l'hôtel.

L'orage continue de gronder durant la nuit. Au petit matin, à 8 h 00, les cloches de l'église du village sonnent. Les coqs chantent. En fond sonore, on entend la musique qui émane des hauts-parleurs sur la plage voisine.


Asunción, ville de lumière

Après notre voyage de 10 jours dans la région orientale, nous avions effectivement décidé de passer la fin de notre séjour à Asunción. Nous ne sommes plus spécialement enjoués par cette perspective, en sachant que nous allons retrouver les tensions de la mégalopole, et le niveau de pollution insupportable qui la caractérise. Visiblement, la notion de contrôle antipollution et de contrôle technique ne semble pas avoir encore fait son chemin dans ce pays. Il n'est que de voir le nombre de voitures et de camions qui crachent une fumée noire et étouffante.

Mais la ville d'Asunción semble ne pas vouloir nous laisser repartir vers l'hexagone et sa belle capitale Paris sans tenter de faire ses preuves, malgré tout. Pour l'occasion, elle a passé commande au soleil, et demandé aux nuages d'aller voir ailleurs. Une ville change de visage sous le regard éclatant de l'astre du jour. Asunción nous invite enfin à découvrir ses plus beaux quartiers. Notre envie de finir ce voyage dans le confort nous a incité à réserver une chambre dans un palace ... l'Asunción Palace Hôtel, comme son nom l'indique. Le personnel de cet hôtel construit en 1858 par un architecte italien réputé nous offre un accueil quelque peu désuet, mais attentionné, effectivement digne d'un palace ... Nos hôtes sont courtois, polis, mais pas coincés.  On nous tient la porte quand nous empruntons l'ascenseur. On répond avec patience et gentillesse à nos attentes. Notre crainte résidait dans leur capacité d'accueillir dans de bonnes conditions le vélo de baroudeur de Gautier. Mais une solution très satisfaisante nous sera proposée.

Le soir, nous avons affaire au réceptionniste qui assure l'accueil de nuit. De retour de notre virée en ville, c'est Gautier qui rentre le premier, avec sa tenue " nature ", ses claquettes, son air jovial, son bonnet sur la tête et ses cheveux longs. Nous le suivons à quelque distance. Une fois que nous avons regagné notre chambre, Gautier nous explique que le réceptionniste qui ne nous connaissait pas avait eu l'air soulagé en voyant deux quinquagénaires " propres sur eux " le suivre de quelques secondes. Gautier n'a en effet pas vraiment le look palace.

Du 12 au 15 août, Asunción est en fête. La ville célèbre les 480 ans de sa création. Les rues du centre ville sont animées en fin de journée par des concerts d'artistes. Les restaurants et les bars accueillent la foule des grands jours. Des artisans exposent leurs produits. Toute la jeunesse semble s'être donné rendez-vous dans la rue. Les familles déambulent dans les nombreuses boutiques artisanales implantées provisoirement le long des trottoirs. Il y a du bruit, de la couleur, de la lumière, de la joie ... quel contraste avec ce que nous avons vécu dix jours plus tôt. " Viva Paraguay " me lance ce souriant personnage en me voyant avec mon appareil photo. Et je réplique aussi joyeusement " Viva Francia " ...


La coccinelle à Asunción

Vous connaissez à peu près tous l'intérêt immodéré que je porte à la chose automobile. En dehors de la mythique Coccinelle, ce séjour en terre inconnue a été pour moi l'occasion de découvrir " en vrai " des automobiles que je n'avais jusqu'alors vu que dans les livres. La fameuse Volkswagen a été produite au Brésil jusqu'en 2003, et elle n'a pas encore totalement disparu du paysage. Mais le plus souvent elle termine sa carrière bien abîmée ou abandonnée au fond d'une cour. 

D'autres bizarreries sont à découvrir ici et là, comme ces deux autres VW. La première est un Combi, qui semble largement utilisé comme food truck sous cette forme ouverte par de nombreux professionnels. La seconde est une production typiquement brésilienne, abandonnée, qui comme de nombreuses automobiles encombre les trottoirs de la capitale sans que personne ne semble s'en soucier.

Certains trouvent à ces épaves une touche artistique. J'en fais évidemment partie, tout en reconnaissant que cette perception des choses peut en laisser plus d'un indifférent.

On aperçoit un peu partout des Gomeria, des réparateurs de pneumatiques, surtout installés dans les campagnes. Les nombreuses pistes mettent à en effet à rude épreuve cet accessoire indispensable à toute automobile.


Spaghettis à l'encre de seiche

Il n'y a pas que les épaves automobiles à être mal en point à Asunción. Si dans nos contrées, la technique de l'enfouissement des câbles électriques fait qu'aucun fil ne vient perturber au quotidien notre champ de vision, dans la capitale du Paraguay, le réseau électrique évoque plutôt un plat de spaghettis à l'encre de seiche accroché tant bien que mal aux façades des maisons. C'est réellement impressionnant. Le cas échéant, ce réseau sert de tuteur aux plantes vertes qui ne pensent qu'à s'y développer en pleine lumière.

 


Art de la rue

S'il est une forme d'art qui tend à devenir universelle, c'est bien celle des murs peints. Nous avions déjà pu nous en rendre compte lors de notre séjour à Montréal en décembre 2016. La ville d'Asunción accueille ce moyen d'expression graphique depuis la fin des années 1990, où il tend à être de plus en plus apprécié. En août 2016 a eu lieu dans la capitale le festival LatidoAmericano d'art urbain. 44 fresques furent réalisées par 16 artistes pour l'occasion. Ceci explique le nombre imposant d'oeuvres, encore  fraîches d'aspect, que nous avons pu apercevoir dans les rues.


Deux institutions

Si le food truck est un moyen simple et économique pour se restaurer, Asunción regorge aussi d'une multitude de petits restaurants, voire d'établissements dotés d'une certaine notoriété. Nous avons ainsi déjeuné à plusieurs reprises ou simplement bu un verre dans deux " institutions " de la ville. Le Lido bar est l'une d'entre elles. Si l'on peut effectivement déjeuner en terrasse à l'abri d'un parasol, la solution la plus typique consiste à s'installer sur un tabouret au bar intérieur en forme de U, sous les ventilateurs. Ce qui fait la force de ce lieu, c'est l'agitation permanente qui y règne. Le bruit assourdissant du mixeur accolé au bar ou celui des assiettes qui s'entrechoquent, le rire des serveuses, le brouhaha des conversations dans la salle, les amis qui s'interpellent ... forment une ambiance sonore à nulle autre pareille. Nous y avons croisé, en dehors de Samuel, le seul français de notre voyage, sur place dans le cadre de son activité professionnelle. L'autre lieu mythique d'Asunción est le Bolsi, créé en 1960, et ouvert tous les jours 24h/24. Les places y sont encore plus disputées qu'au Lido bar. On peut là aussi s'installer en terrasse, mais le spectacle est plus intéressant à l'intérieur de cette maison du 19ème siècle. On y déjeune aussi installé sur un tabouret face à un immense bar circulaire. La clientèle est très hétéroclite, et la carte riche d'une multitude de mets plus appétissants les uns que les autres.

La carte propose de nombreux vins du Chili ou d'Afrique du sud. Les quelques vins français sont hors de prix. Nous sommes au Paraguay. Nous décidons donc de goûter à une production nationale. La serveuse aligne trois grands verres de dégustation devant nous, et me fait goûter le breuvage. Je ne suis pas un grand connaisseur, mais dans ce type de situation, je tente d'assurer en faisant le bonhomme qui s'y connaît un minimum. Dans le cas présent je suis embarrassé. Ce Cabernet Sauvignon paraguayen est à mon goût limite imbuvable. Mais je me vois assez mal refuser la bouteille, n'ayant pas vraiment de repère sur ce qu'est ou n'est pas un bon vin au Paraguay. Devant mes grimaces, Frédé et Gautier s'attendent au pire. Ils sont donc préparés psychologiquement ... Mine de rien, nous parvenons tout de même à terminer la bouteille à trois. Mais elle contribue à nous réchauffer quelque peu les neurones ...

Ce soir-là, la ville est encore en fête. Tout près de notre hôtel, un spectacle de rue est improvisé en face d'un bar. La musique est du type " rock garage " (c'est Gautier qui me l'a expliqué, étant depuis longtemps largué sur le sujet), un genre particulièrement agressif. Quelques centaines de jeunes ou moins jeunes occupent les lieux, et débordent largement sur la rue passante. Alors plutôt que de subir cette musique dans notre chambre d'hôtel, je descends avec Gautier dans la rue. Installés à la terrasse d'un autre café juste en face, nous apprécions l'instant présent, dans les volutes de cannabis et autres drogues plus ou moins douces.


Séquence paparazzi

Un midi, Gautier et Frédé ont tenté de déjeuner incognito, mais un journaliste de la presse " people " nationale les a surpris alors que le premier tentait de traduire à la seconde un menu rédigé en guarani !

Ce même journaliste ne leur a pas lâché les basquets durant leur escapade, les surprenant ici et là dans les villages les plus reculés. Dans les rues, ils se tenaient à bonne distance afin de demeurer le plus discret possible.



La ferveur catholique de tout un pays

Ne nombreux Paraguayens, y compris chez les jeunes, sont croyants et se pressent en masse lors des grandes fêtes religieuses. J'en ai croisé un certain nombre au petit matin du 15 août, jour de fête de l'Assomption de Marie, le long de la Costanera à Asunción, aux abords du fleuve. Les militaires étaient aussi de la fête.

La religion catholique est largement dominante au Paraguay, et concerne 88 % de la population, un record en Amérique latine. La visite du pape François en juillet 2015 a provoqué une immense ferveur dans le  pays. Les églises catholiques n'ont cependant pas la grandeur de leurs homologues européennes. Cela n'empêche en rien d'apprécier ces bâtisses plus modestes, mais non dénuées d'intérêt architectural, comme la Catedral Metropolitana d'Asunción. En leur sein, Gautier eut tendance à se prendre pour le Christ.

En dehors du catholicisme, les représentations évangélistes prennent de plus en plus d'importance. Parmi celles-ci, on trouve les mennonites avec des courants plus ou moins traditionnels. Quand vous les croisez, leur allure assez singulière attire votre attention. Plusieurs d'entre eux disposent de très belles propriétés, aux pelouses toujours impeccablement tenues. La constitution paraguayenne garantit la liberté de cultes.


La douceur de vivre

Se balader dans Asunción un 15 août sous le soleil est plaisant. On peut s'égarer dans les jardins publics et y croiser l'écrivain Augusto Roa Bastos statufié. Marcher le long de la Costanera est un classique. C'est le lieu de promenade en famille par excellence. Il est aussi possible d'y poser sa serviette sur la plage de sable fin. Le téréré est toujours à portée de main. C'est d'ailleurs la seule fois où nous avons eu l'audace de demander à notre voisin de banc public si nous pouvions goûter à son breuvage, ce qu'il a accepté de bon coeur. Dans la ville, des groupes rock ou de musique classique assurent l'animation. Les bâtiments publics sont décorés des couleurs du pays. Ainsi vivait Asunción ce 15 août 2017.

 

Les plus aventuriers et les plus curieux peuvent aussi se balader dans les zones plus périphériques, plus populaires. Notre dernière balade a lieu dans le plus ancien quartier d'Asunción, le Loma San Jeronimmo. Celui-ci a fait en 2012 l'objet d'une profonde métamorphose, dans l'espoir d'attirer la foule et les touristes. Des cafés s'y sont installés. Les murs ont été repeints. Hélas, la sauce n'a pas vraiment pris, et l'ambiance festive des débuts a progressivement disparu. Il reste de cette tentative de réhabilitation un quartier calme, et propice à la promenade.


Epilogue

Le voyage touche à sa fin. Nous allons quitter un pays dont tout le monde connaît le nom, pour avoir bien appris sa leçon de géographie à l'école. Mais demandez donc autour de vous qui s'est réellement rendu au Paraguay. Personne ou presque. Et les Paraguayens le ressentent. Ils ont parfois le sentiment d'être oubliés du reste du monde. Ce n'est pas totalement faux.

17 août 2017. Réveil à 4 h 30 du matin pour nous rendre à l'aéroport. La nuit a été courte. Gautier a décidé de profiter jusqu'à midi du confort de l'hôtel. A cette heure, nous sommes déjà arrivé à Buenos Aires. Une seconde nuit presque blanche m'attend entre la capitale d'Argentine et Roissy, après avoir apprécié le gobelet en plastique de Champagne offert par Air France - quel gâchis du boire du Champagne dans un gobelet plastique - en guise d'apéritif, copieusement dîné, visionné quatre films dans l'avion, et enfin avalé mon petit déjeuner. Cinq heures de sommeil en deux nuits et un décalage horaire de six heures à encaisser. Cela s'annonce difficile.

Pour notre plus grand plaisir, Franck et  Isabelle, nos voisins, ont eu la bonne idée le vendredi soir d'inviter tout le voisinage. Nous sommes dix autour d'un bon apéro, comme seul on sait en faire rue Jules Verne. A cette heure-là, Gautier a déjà repris son vélo en direction d'Ushuaïa.

Nous espérons vous retrouver bientôt pour de nouvelles aventures ...

Frédé, Dédé, Gautier.


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