Montréal, Frédé, Dédé et Clément, Décembre 2016/Janvier 2017
Rennes, le 8 janvier 2017 Bonjour à toutes et à tous, Après la Tanzanie il y a un an, nous voici rendu cette année à Montréal. Comme vous le savez sans doute, Clément y travaille depuis bientôt six mois dans le cadre d'un service civique. C'est un projet qui lui tenait à coeur depuis près de trois ans. Sa mission est d'animer un groupe de bénévoles qui font vivre une caravane philosophique et culturelle (une sorte de bibliobus) qui parcourt les rues de Montréal à la rencontre des personnes en situation d’itinérance (ce que nous appelons les SDF). La caravane transporte des livres, des kits d’écriture, du matériel d’art, des lunettes de vue ... Ainsi, ces personnes restent en éveil sur le plan intellectuel, et cela peut aussi contribuer à les aider à réintégrer la société. Cette association dispose de son site internet : http://exeko.org/. D'autres associations aident ces personnes en difficulté, sous des aspects plus matériels (nourriture, vêtements, logement ...). Pour ce déplacement, de manière fort classique, nous avions opté pour un vol direct Paris Montréal, même si d'autres alternatives existent (avec des transits, moins cher mais beaucoup plus long). Air Transat, compagnie canadienne, assure des liaisons régulières entre Roissy et l'aéroport Pierre Elliot Trudeau, à des tarifs avantageux. Certes, nous n'avions pas à bord le niveau de service de Qatar Airways de l'année dernière. Les jeunes et charmantes hôtesses à la silhouette élancée avaient cédé leur place à des stewards quadra ou quinquagénaires, et les petits plus (couverture, écouteur ....) étaient payants. Mais le vol à bord d'un Airbus A330 s'est déroulé dans des conditions particulièrement confortables, dans un ciel sans turbulences. A mi-trajet, le pilote, habitué à transporter des touristes, nous a invité à regarder sur la droite de l'appareil les côtes du Groenland ! En effet, le trajet sur le sens aller se fait en montant vers le pôle nord, tandis que le retour est plus direct. Arrivé à l'aéroport de Montréal, après un trajet en bus (ligne 747, cela ne s'invente pas) d'une vingtaine de kilomètres, nous avons atteint la station de métro Berri-UQUAM. Nous allons apprendre à nous souvenir de cette station située au coeur de la ville, il s'agit en effet du principal carrefour des lignes de métro à Montréal. Il y a quatre lignes dans la ville et trois d'entre elles se croisent ici. Prendre le métro à Montréal est extrêmement simple. C'est un réseau moderne, spacieux, avec d'immenses stations toutes décorées différemment, construit dans les années 60. Nous prenons donc la direction du nord de la ville pour rejoindre notre appartement rue Saint-Zotique. Première leçon en arrivant à Montréal : trouver la rue dans laquelle vous cherchez une adresse ne signifie pas que vous êtes rendu à cette adresse. A titre d'exemple, la rue Saint-Zotique fait 7,2 kilomètres de long. Mais Clément était là pour veiller au grain. Nous résidions dans le quartier de la Petite Italie, qui se caractérise comme on peut l'imaginer par son importante communauté italienne. On y trouve des cafés, restaurants et de nombreux commerces typiquement italiens.
Le premier soir, nous avons dîné dans un petit restaurant de quartier à l'ambiance typiquement US. Mon " omelette western " a eu un peu de mal à passer, car à 18 h 00, heure locale, c'est-à-dire minuit dans ma tête et dans mon corps, je n'avais plus très faim. Clément a tenté de nous expliquer les us et coutumes de la province (car le Québec est une province) en matière de tarification dans les restaurants. Pour faire simple, vous payez un montant qui comprend une part de taxe. Vous devez payer en plus sans que cela ne soit mentionné nulle part le service, dont l'usage veut que sa valeur soit d'environ 15 % du montant hors taxe. Cela nécessite un minimum d'effort intellectuel à la fin du repas pour calculer les 15 % d'un montant hors taxe. puis pour l'ajouter au montant toute taxe. Après ça, débrouillez-vous comme vous pouvez avec vos billets et le rendu de monnaie, car le pourboire peut se régler avec le rendu de monnaie ... Attention aux impairs, vous serez immédiatement repérés si vous oubliez le service, et on saura vous le réclamer.
Arrivé le dimanche 25 décembre, il nous a d'abord été nécessaire d'encaisser le décalage horaire. Dans le cas présent, notre première journée a duré 30 heures. A 21 h 00, heure locale, nous dormions déjà comme des marmottes. Personnellement, j'ai été réveillé pendant la quasi-intégralité de mon séjour vers 4 heures du matin ... Clément m'avait prévenu ! Même si vous êtes le meilleur dormeur au monde, vous aurez du mal à résister à ce dérèglement temporaire de votre horloge interne. Notre logement avait été loué sur airbnb. Il s'agissait d'une simple chambre à 40 euros la nuit. La propriétaire des lieux était absente (nous regrettons cependant de ne pas avoir pu rencontrer Aurélie, une française résidante au Québec) durant les fêtes, nous avons donc eu la chance de bénéficier de l'intégralité de l'appartement pour le prix d'une simple chambre. Clément nous a accompagné la première semaine (il travaillait ensuite), puis il rentrait chez lui tous les soirs avec sa bicyclette. Il partage un petit appartement dans les quartiers chics avec deux colocataires françaises. Dès le lendemain, nous avons commencé à cheminer à travers Montréal. Nous avions fait le choix de consacrer nos dix jours à la visite de cette ville, sans spécialement penser à en sortir. Il y a de toute façon de quoi faire. Le métro se trouvait à quelques encablures de l'appartement. Tout près de celui-ci, on découvrait cette immense fresque murale représentant la pochette du premier disque du groupe québécois Beau Dommage créé en 1972, donc un groupe que les moins de 45 ans ne peuvent pas connaître ! Connaissez-vous la complainte du phoque en Alaska ?
Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir dans un square des écureuils. Cela fit sourire Clément, car il nous indiquait que c'est à cela que l'on reconnaît les touristes français à Montréal. Dès qu'ils aperçoivent des écureuils, ils dégainent leur appareil photo. Nous n'avons pas failli à l'usage. L'écureuil gris est très abondant dans la région de Montréal, et il semble très bien s'adapter à ses conditions de vie dans les parcs et jardins en milieu urbain. Parfois, on rencontre des écureuils blancs, plus rares.
Partout à Montréal, vous trouvez ce type de boutique que l'on appelle les dépanneurs. Non, ce ne sont pas des garages automobiles avec atelier intégré, mais des épiceries de quartier, qui vous " dépanne " si votre frigo est vide à la maison. Clément m'avait parlé de longue date des bonnes bières de Montréal, celle des microbrasseries (nous y reviendrons). C'est là que nous avons acheté le premier soir nos premières bières locales. De retour à l'appartement, ce fut le moment tant attendu : déguster avec Clément ma première gorgée de bière de ma première bière de Montréal. Un pur instant de bonheur !
Montréal, c'est un spectacle permanent avec ses murs peints qui sont légion dans toute la ville. Légal et encadré, le monde des " murales " est réputé plus détendu que celui des graffeurs. Un festival du nom de MURAL a d'ailleurs lieu épisodiquement à Montréal. Plusieurs artistes sont alors invités à s'installer sur place pour réaliser leurs oeuvres. Frédé, très sensible à cette forme d'art, n'a pas cessé de les mitrailler. Voici quelques exemples :
L'habitat traditionnel de Montréal se présente avec des escaliers en extérieur. Au 19ème siècle, une loi obligeait les propriétaires et constructeurs à laisser un espace vert devant chaque bâtiment. Cela réduisait d'autant l'espace dédié au logement, donc on se débarrassait des escaliers en les installant en façade.
La place d'Armes est située dans le quartier du Vieux Montréal. C'est un carrefour essentiel où se croisent de nombreux travailleurs, résidents et touristes. C'est aussi un condensé de l'histoire de l'architecture de la vieille ville. Depuis sa création au 17ème siècle, elle a accueilli de nombreuses institutions et sièges sociaux de grandes entreprises. C'est aussi le parvis de la Basilique Notre-Dame de Montréal, qui accueillait à proximité durant les fêtes une crèche de Noël.
" Vive le Québec libre ! " est une phrase célèbre qui fut prononcée en 1967 par Charles de Gaulle à la fin d'un discours, lors d'une visite officielle au Québec, du haut du balcon de la Mairie de Montréal (photo ci-dessous). Ce discours déclencha à l'époque une grave crise politique entre le Canada et la France. Cette année, Montréal fête les 375 ans de sa création sous le nom de Ville-Marie, en 1642, par des colons français.
Les voitures anciennes sont rares dans les rues de Montréal. Cette Plymouth Valiant du début des années 60 a forcément attiré mon attention. Notez la plaque d'immatriculation avec la mention " je me souviens ", une devise québécoise visible sur les plaques depuis 1978, à la suite d'une initiative gouvernementale. La signification exacte de cette devise a toujours fait débat au Québec.
Dans la rue, l'attention de Frédé fut attirée par cet adhésif apposé sur la porte d'un magasin abandonné. C'est le " street artiste " rennais d'adoption DeuxBen De Rennes qui a laissé son empreinte dans les rues de Montréal.
Clément au sein de l'association dans lequel il travaille semble être dans son milieu naturel. Nous l'avons retrouvé quelques jours avant de partir un après-midi à son bureau, un immeuble d'aspect très industriel, au sein duquel on découvre au quatrième étage une espèce d'espace ouvert où semble régner une certaine forme de coolitude, ce qui lui ressemble assez. Nous y avons partagé un verre de Kombucha avec ses collègues féminines qui venaient de terminer leur pause-déjeuner. La Kombocha est une boisson acidulée obtenue grâce à une culture de bactéries et de levures, visiblement très populaire localement, et que l'on peut trouver en France dans les magasins bio.
St-Viateur Bagel est une fabrique de bagels emblématique de Montréal. Fondée en 1957, cette boulangerie se situe au 263, rue Saint-Viateur Ouest, dans le quartier du Mile End. On y trouve les meilleurs bagels de Montréal, fabriqués sous vos yeux. C'est un régal quand ils sortent du four.
Le Mont Royal est une colline qui domine la ville. Vers 1875, celle-ci a été aménagée. Il s'agit de l'un des espaces verts les plus importants de la ville, boisé en grande partie. Il a été imaginé par le même paysagiste que celui de Central Park à New York. Evidemment, l'hiver, les chemins d'accès sont enneigés. Vous pouvez vous rendre au sommet situé à 234 mètres en voiture, mais tout le charme de " l'aventure " consiste à faire le chemin de 4,5 kilomètres à pied ! Des activités de patinage et de luge sont accessibles au sommet.
Après 1 h 30 de marche, voici la panorama qui vous est offert depuis le belvédère du Chalet du Mont Royal : un petit New York. Cette vue du centre appelé Down Town où sont concentrés la plupart des grands magasins et les plus hautes tours de la ville, ne constitue qu'une portion réduite de Montréal. Elle n'est pas représentative de la cité, constituée pour l'essentiel d'un habitat bas, qui s'étend sur d'immenses quartiers, tracés à la règle avec des rues qui se croisent uniquement en angle droit. Après l'escalade, nous avons profité d'une pause bien méritée dans le chalet chauffé.
Depuis plusieurs mois, Clément nous parlait d'une spécialité québécoise, la poutine, un plat constitué de frites et de fromage en grains (du cheddar) que l'on recouvre d'une sauce brune. On aime ... ou pas. Si notre fiston est raffole, ni moi ni Frédé n'avons été séduits. Ce plat est né vers 1960. Un voyageur de commerce aurait fait la même requête dans différents restaurants qui se trouvaient sur son circuit commercial. La paternité de ce plat, dont le nom serait une adaptation du mot anglais pudding, revient donc directement à ce client, et indirectement aux restaurateurs (au nombre de trois) qui ont fini par l'inscrire à leur carte. Alors, si vous croisez dans les rues de Montréal une personne avec un superbe tee-shirt " I love Poutine ", cela veut simplement dire qu'il aime la Poutine, et non pas qu'il est un fan de l'ami de Trump.
Quand il neige à Montréal, c'est-à-dire en moyenne un jour sur deux en janvier, et soixante jours au total dans l'année, ce ne sont pas deux centimètres d'épaisseur dans la journée comme chez nous. Par contre, comme les Québécois ont l'habitude, ils semblent rouler sur cette neige sans difficulté ni appréhension particulière.
Durant l'hiver, un équipement adapté s'impose au touriste, avec une paire de chaussures hautes et étanches, quelques épaisseurs de vêtements, un cache-cou et un bonnet. Celui-ci est facultatif si une épaisse chevelure protège votre crâne !
Par grand froid, la neige ne fond pas toute seule. Des moyens conséquents sont mis en oeuvre pour dégager rues et trottoirs. Dans la seule ville de Montréal, près de 1000 appareils sont utilisés pour le déblaiement. Vingt huit lieux d'élimination reçoivent cette neige dans des semi-remorques. Ces équipements et les charges en personnel représentent un budget d'environ 120 millions d'euros (160 millions de $ canadiens) par an pour cette seule ville. Curieusement, cette profession semble assez féminisée, même à bord des plus grosses machines.
Grand moment de retrouvaille familiales. Alors que nous déjeunions dans l'un des immenses centres commerciaux sous terrain de Montréal, nous voici en direct avec Gautier sur Skype, depuis Le Cap en Afrique du Sud. Trois jours plus tard, Gautier allait larguer les amarres. Il navigue actuellement à bord d'un voilier sur l'Atlantique, en direction de Saint Hélène, puis de Rio.
Située dans le centre-ville de Montréal, la gare " centrale " vous permet de prendre le train pour Toronto, Québec ou Ottawa, autant de destinations exotiques à nos yeux ! Vous pouvez aussi sauter dans un bus pour New York situé à 600 km à vol d'oiseau.
La rue Sainte-Catherine est la plus importante artère commerciale de Montréal. On y trouve un nombre conséquent de boutiques de mode et de prêt-à-porter. La rue est vivante de jour et de nuit. On y magazine (faire les magasins en québécois ...), on y travaille et on y sort. La plupart des fameux centres commerciaux sous terrain de Montréal sont accessibles depuis cette rue.
Durant les fêtes de fin d'année, ces animations jouxtaient le Musée d'Art Contemporain de Montréal, premier musée canadien entièrement consacré à l'art contemporain fondé en 1964, et installé depuis 1992 places des Arts au coeur de la cité.
Etrange contraste entre la cathédrale Christ Church, une église anglicane, située rue Sainte-Catherine et sous laquelle est installé un centre commercial, et ce building moderne de Dow Town, symbole du monde des affaires.
Nous habitions à deux pas du marché Jean Talon, installé au centre du quartier de la Petite Italie. Par bonheur, une grande partie de ce marché, la seule opérationnelle en hiver, est couverte. Des fermiers et des petits producteurs y vendent leurs produits alimentaires. On y compte aussi des stands de poissonnerie, de boulangerie, de boucherie ... C'est un plaisir pour les yeux pour la diversité des couleurs, et pour les papilles car il est aisé et naturel d'y goûter les produits proposés à la vente. De nombreux commerçants se sont installés " en dur " aux abords du marché.
Une des colocataires de Clément travaille à la Tohu. Cet organisme dont la vocation est de diffuser les arts du cirque dispose d'une salle de spectacle au sein de la Cité des arts du cirque de Montréal. Cette cité abrite par ailleurs le Cirque du Soleil, l'Ecole nationale du cirque et " En piste ", un regroupement national des arts du cirque. Pour les spécialistes, il s'agit d'établissements de renommée internationale (dixit Clément). A la Tohu, nous avons assisté au spectacle " Réversible " par " Les 7 doigts ". Absolument renversant de modernité, et à des milliers de kilomètres de ce que je connaissais du cirque (j'en étais resté à l'époque de Pinder et Bouglione, ou de la Piste aux étoiles !). Mais ne s'agissant pas de mon domaine de prédilection, si cela vous intéresse, n'hésitez pas à consulter le site de la Tohu.
Après les émotions circastiques, nous nous sommes retrouvés pour un moment de convivialité devant un cocktail et une bonne bière, dans un de ces bars que Clément affectionne (il a un excellent carnet d'adresses). La plupart d'entre eux proposent un choix impressionnant de bières locales, disponibles non pas en bouteille, mais à la pression. Ces bières de microbrasseries (que nous avons déjà évoqué) sont élaborées comme on peut l'imaginer par de petits producteurs. Pour être classés dans cette catégorie, leur production ne doit pas excéder une centaine d'hectolitres (un hectolitre = 100 litres) par an. Ces bières sont souvent inspirées de la tradition brassicole européenne et les producteurs ne s'en cachent pas. Elles portent parfois des noms évocateurs : la Fin du Monde, la Mare au Diable, à l'Abri de la Tempête, Dieu du ciel, l'Amère à boire, la Gueule de Bois ...
Clément nous a fait découvrir à Montréal d'autres lieux et d'autres émotions. Depuis quelques semaines, il s'est inscrit à des cours de swing, une forme de danse particulièrement exigeante. Pour vous faire une bonne idée de la chose, vous pouvez visualiser cette vidéo. Un soir de la semaine donc, il nous a invité à participer à une soirée swing qui rassemblait plusieurs clubs de danse de la ville. Discrètement, nous nous sommes tenu à l'écart de la piste, mais nous avons passé un agréable moment à regarder les participants danser, tant cette pratique du swing est impressionnante de vivacité. Ce fut aussi pour nous l'occasion de rencontrer les amis et amies de Clément, qui passa pour sa part l'essentiel de sa soirée sur la piste avec de ravissantes cavalières.
Mais revenons à notre périple au coeur de la plus grande ville du Québec. Le square Saint-Louis situé dans l'arrondissement du Plateau Mont-Royal est l'une des plus anciennes places de Montréal. C'est un quartier résidentiel du début du 20ème siècle où l'on découvre quelques belles demeures aux charmes architecturaux de l'époque victorienne.
Le Village est le quartier gai (avec un "i" au Canada) de la ville depuis les années 70, l'un des plus importants de ce type en superficie au monde. Ce quartier abrite de nombreux bars et discothèques à l'activité essentiellement nocturne, mais aussi une grande variété de boutiques, restaurants, cafés, hôtels et chambres d'hôtes pour la communauté gai.
Pause déjeuner au " 1000 grammes ", un bistro des plus sympathiques à l'atmosphère colorée et décontractée, au coeur du Village, à l'est de la rue Sainte-Catherine.
Non loin de là, rue Saint-Denis, on découvre une artère très commerçante et colorée. Le Bistro à Jojo vous y accueille 7/7 depuis 1975 ! Comme à Paris, Saint-Denis semble abonné aux lieux de plaisir. On trouve en effet dans cette rue de Montréal un certain nombre d'établissements de strip tease, des boîtes gai et des boutiques érotiques.
Rue Saint-Denis, j'avais repéré dans le courant de la semaine chez une bouquiniste une série de livres édités au Québec qui m'intéressaient (non Franck, même si c'est rue Saint-Denis, ce sont des bouquins de bagnoles ...). De retour dans cette boutique le matin de notre départ, la libraire m'indiquait qu'elle pouvait assurer une expédition vers la France. Je n'avais plus de place dans ma valise. Il y en avait pour environ 15 kg. Conscient du coût élevé d'un tel transport, je m'étais fixé une limite à ne pas dépasser. Je pensais que Véronique, la libraire, disposait d'une grille tarifaire pour les envois à l'étranger, ce qui aurait été simple. Que nenni. Ne voulant pas rater une telle vente dans cette journée qui semblait bien terne pour elle, elle passa cinq coups de fil avant de tomber sur un interlocuteur qualifié qui lui indiqua enfin le prix d'un tel transport. Plus elle insistait pour obtenir une réponse des services postaux québécois, plus je sentais que la situation s'enlisait. Mais à 234 euros de port, la messe était dite et je renonçais à mon achat. Nous eûmes alors le droit à une forme de litanie assez misérable sur la dure condition du métier du bouquiniste. Notre véronique semblait particulièrement déprimée, prête à mettre le feu à l'ensemble de ses bouquins ... Dès le deuxième appel, je lui avais proposé de laisser tomber, mais elle insista. Par correction, nous fûmes contraint d'écouter ses lamentations avant de nous éclipser. Nous aurions prononcé le moindre mot de travers que cela aurait été une catastrophe. Morale de l'histoire : si vous voulez acheter quelque chose de lourd ou de volumineux au Québec, et que vous n'avez pas de place dans vos valises, inutile de tenter l'aventure, sauf à être très motivé et à disposer d'un gros budget !
Ce jour-là, grosse tempête de neige sur Montréal. Cela ne nous a pas empêché de prendre le métro qui passe sous le Saint-Laurent pour rejoindre l'île Sainte-Hélène. C'est durant la belle saison un lieu de divertissement apprécié des Montréalais. On y présente alors des concerts et des spectacles. La Biosphère de l'île Sainte-Hélène est un musée de l'environnement, installé au sein d'un dôme " géodésique ", à la structure sphérique et composé de treillis, hérité de l'Exposition Universelle de 1967. Cette île abrite aussi une sculpture monumentale de 40 tonnes en acier inoxydable, " L'Homme ", d'Alexandre Calder, créée elle aussi à l'occasion de l'Exposition Universelle. Le grand froid et l'accès malaisé nous ont fait abandonner l'idée de rejoindre le circuit Gilles Villeneuve tout à côté sur l'île Notre-Dame.
Le fleuve Saint-Laurent qui charrie des plaques de glaces sépare l'île Sainte-Hélène des tours du quartier de Down Town, que l'on aperçoit ici sous la neige. Petite leçon de géographie : ce fleuve, l'un des plus grands du monde avec une longueur de près de 2000 kilomètres, relie l'océan Atlantique avec le lac Ontario, l'un des cinq " Grands Lacs ", qui lui-même permet d'accéder aux autres lacs.
Pour nous remettre des grands froids de l'île Sainte-Hélène, Clément nous a conduit dans un lieu qui n'a pas vraiment pignon sur rue, et qui est donc peu accessible pour le touriste lambda (à moins de lire " Le Routard "). On y accède en effet directement par le biais d'un escalier (d'où le nom du lieu, " L'escalier ") après avoir ouvert une porte discrète donnant sur la rue Sainte-Catherine. On découvre en haut des marches abruptes un lieu chaleureux, à la décoration atypique. En plus d'être un bar, l'Escalier offre une programmation musicale assez éclectique, du blues à la musique country. Le lieu est ouvert jusqu'à 3 heures du matin. C'est là que nous avons célébré dans une ambiance un peu folle le passage à l'an 2017. C'est finalement devenu notre lieu de ralliement à Montréal. Nous y avons fait des rencontres atypiques, depuis le monsieur d'un certain âge qui affirme que des religieuses ont assassiné sa mère, jusqu'au professeur tournesol qui développe le moteur à aimant magnétique permanent tout en faisant fi des pressions des lobbies et des industriels de l'énergie pour qu'il renonce à son projet.
Une autre rencontre aussi surprenante nous avais amusé quelques jours plus tôt. Alors que nous buvions - encore - une pinte de bière (c'est le format standard à Montréal) dans une microbrasserie, nos voisins de table ont engagé la conversation. Ces deux messieurs qui devaient avoir la cinquantaine, fort bien éduqués, étaient d'origine kabyle, et habitaient au Québec depuis de nombreuses années. Ils semblaient heureux de parler de la France avec nous, et des relations entre l'Algérie et notre pays. Ils en étaient à leur deuxième bouteille de vin rouge, une boisson hors de prix dans les bars québécois, et l'un d'entre eux était déjà passablement " chauffé ". Comme il devait rentrer chez lui en voiture, sur les conseils de son ami plus sobre d'apparence, ils partagèrent la fin de leur bouteille avec nous. Ce fut la seule fois où nous avons bu du vin au Québec. Cette conversation " de bistrot " restera mémorable. Le vin est au Québec est quasiment un monopole d'état. Il est commercialisé dans les boutiques de la SAQ (Société des Alcools du Québec). Les prix n'ont rien à voir avec ceux qui se pratiquent en France. A tel point que dans de nombreux restaurants, qui renoncent à faire la moindre marge sur ce produit, on vous invite à apporter vous-même votre bouteille. Ainsi, dans les établissements qui attirent les foules, il est assez courant de voir dans la file d'attente des clients avec leur bouteille de vin à la main. Chez les dépanneurs, vous trouverez aussi du vin, mais celui-ci est réputé être de piètre qualité, sans appellation ni mention des cépages, de la région ou du millésime. Bref, du vin de table très ordinaire, voire imbuvable.
" L'académie de lancer de la hache ", plus connue sous le nom de Rage, a pignon sur rue à Montréal. Ce centre propose une variété de haches, que vous choisissez pour vous défouler et " réveiller le guerrier qui sommeille en vous ". Il est possible de vous y réunir en groupe pour différentes sortes d'évènements, tel que la célébration d'un divorce ! Autre curiosité, les Foufounes électriques est un bar de style punk rock installé au 87 de la rue Sainte-Catherine à Montréal.
Autre endroit insolite, le magasin Eva B, installé depuis 1987 au 2015 du boulevard Saint-Laurent. Même si la porte d'accès n'est pas très engageante, n'ayez pas peur d'y rentrer. Vous serez aimablement invité à laisser votre sac au vestiaire, et une carte (d'un vrai jeu de cartes) vous sera remise en contrepartie. Il s'agit d'une immense friperie à l'atmosphère quelque peu " underground " installée sur plusieurs étages. On y trouve de tout, vraiment de tout, du beau, du moche, du chic, du très chic ... Un bistro bar permet même de se reposer et de se désaltérer sur place, pour peu que vous ayez auparavant entrepris la descente du Saint-Laurent. Je veux parler du boulevard évidemment, long tout de même de onze km. Tout près de notre appartement rue Saint-Zotique, nous avons découvert " Santa Barbara ", un restaurant spécialisé dans le brunch. Cela m'a réconcilié avec ce type de restauration. Frédé a adoré la décoration. Ce même jour, le second dimanche que nous passions sur place, alors que tout était fermé après le réveillon du premier de l'an, nous étions un peu désoeuvré et à court de ticket de métro pour rejoindre le centre-ville plus animé. Nous nous sommes dirigé vers un cinéma de quartier, spécialisé dans les productions françaises et québécoises. Un seul film passait à cette heure-là. Sans trop réfléchir, s'agissant d'une comédie produite dans la province de Québec, au titre de Votez Bougon, nous avons acheté nos tickets. Ce fut 90 minutes de pur plaisir, pas en français traditionnel, mais en bon québécois, c'est-à-dire difficilement compréhensible pour nos oreilles. Le parti politique assez extrémiste dans son genre que défendait le héros du film s'appelait le PEN, pour le " Partie de l'Ecoeurement National ". Franchement hilarant. Nous sommes ressortis ragaillardis de la séance avant de regagner notre appartement, où nous avons partagé " La Fin du Monde " qui était au frais !
Nous avions tenté la visite du quartier du Vieux Port de Montréal le lendemain de notre arrivée en compagnie de Clément. Mais une pluie incessante et verglaçante nous avait fait renoncer à ce périple. Les trottoirs étaient impraticables, et Frédé avait chuté à deux reprises. La ville s'était transformée en une véritable patinoire. Dans les rues en pente, je marchais petit pas par petit pas pour éviter de tomber.
C'est donc en fin de séjour, alors que Clément avait repris son travail, que nous partîmes pour de bon à la découverte du Vieux Port. Justement, ce jour-là, la vraie patinoire officielle du Vieux Port était ouverte au public. Quel beau spectacle que de voir les gens patiner en famille ou avec des amis, en plein air sous un ciel bleu, entre le Saint-Laurent et le Vieux Montréal.
Le Vieux Port est le port historique de Montréal. Aménagé dès le début du 18ème siècle, il se développa au 19ème siècle lors de la révolution industrielle. Des panneaux sont disposés un peu partout à l'attention des touristes pour expliquer l'évolution du commerce maritime à Montréal, et les dures conditions de déchargement des navires, avant l'invention des conteneurs. En 1976, les activités portuaires ont été déplacées plus à l'est, ce qui permet aux dockers de travailler dans de meilleures conditions. Dans l'ancienne zone portuaire, la bâtisse du brasseur Molson est bien visible face au Saint-Laurent.
Alors que Montréal était un port très actif, d'imposants silos de stockage de grains furent construits sur le Vieux Port dès 1903. Mais l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent permettant aux bateaux transocéaniques d'accéder directement aux Grands Lacs sans s'arrêter à Montréal amorça le déclin de cette activité. Le dernier silo du port, le numéro 5, illustré ici, fut exploité jusqu'en 1994. Laissé à l'abandon depuis, il est impressionnant avec ses murs aveugles et l'étonnante machinerie visible en façade et à son sommet. La voie de chemin de fer qui pénètre jusqu'à ce silo témoigne d'une activée intense à cette époque. Pour ceux qui sont sensibles à la poésie des édifices industriels abandonnés, c'est l'occasion de mettre en boîte quelques belles images d'un passé finalement pas si lointain. Le dernier cliché de la série nous montre Down Town vu depuis le Vieux Port.
La tour de l'Horloge situé Quai de ... l'horloge sur le Vieux Port a été construite en 1921 en mémoire des marins de la marine marchande morts durant la Première Guerre mondiale. La tour est coiffée d'une lampe guidant les navires. Le mécanisme de l'horloge est similaire à celui que l'on retrouve sur Big Ben à Londres. Le Bota ancré un peu plus loin est un ancien traversier (une sorte de ferry boat) qui a été transformé en spa. L'affaire semble bien fonctionner et attire de nombreux Montréalais et des touristes du monde entier.
Habitat 67 est un ensemble de logements qui bordent le fleuve Saint-Laurent au sud du Vieux Port. Ceux-ci ont été construit à partir de 1965 dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1967. Leur conception est signée par l'architecte Palestinien Moshe Safdie né en 1938. Safdie s'intéressait à l'architecture urbaine à haute densité, et comptait réaliser un ensemble à prix réduit grâce à l'emploi d'éléments préfabriqués. Les différents blocs sont imbriqués les uns dans les autres. Une usine provisoire fut assemblée à proximité afin de produire les 354 modules en béton, qui furent ensuite positionnés à l'aide d'une grue. Le projet cherchait à cumuler les avantages de la maison individuelle privée et ceux d'un immeuble d'appartements. Habitat 67 est désormais classé en tant que monument historique, devenant ainsi le premier édifice moderne à obtenir cette reconnaissance du gouvernement québécois.
Construit à partir de 1844 et mis en service à partir de 1852, le marché Bonsecours abrite de nos jours de nombreux commerces et restaurants, mais aussi plusieurs salles d'exposition. C'est dans ce lieu qu'après la visite sous le ciel bleu mais par grand froid du Vieux Port nous prîmes le temps d'une pause-déjeuner salutaire au chaud. Frédé retrouva avec plaisir son Kombucha préféré.
La recherche de la chaleur fut pour moi une constante à Montréal. Quelle ne fut pas notre surprise de trouver ces braseros à destination du public sur la place Jacques Cartier à quelques encablures du Vieux Port. L'occasion de se réchauffer une fois de plus pour ma part. Frédé qui pourtant craignait le froid ne semble pas en avoir souffert.
Ce portique de style art nouveau fut offert par la RATP en 1967 pour commémorer la collaboration de la Régie à la naissance du métro de Montréal. C'est le seul exemplaire authentique de ces oeuvres mondialement connues positionné sur une station de métro hors de Paris. L'idée d'aménager un Guimard (du nom de l'architecte français Hector Guimard qui dessina cette structure) à Montréal naquit lors d'une mission d'information du maire de l'époque, Jean Drapeau, à Paris. En observant la démolition d'un entourage Guimard à la station Etoile, il suggéra que le métro de Montréal pourrait avoir son Guimard à lui.
La cathédrale Marie Reine-du-Monde fut construite entre 1875 et 1894 selon le modèle de la basilique Saint-Pierre de Rome. Si les volumes sont moins imposants que ceux de l'édifice du Vatican, l'ensemble demeure très majestueux, avec notamment ce dôme magnifique. L'urbanisme galopant dans le centre-ville de Montréal offre un contraste saisissant entre cette construction du 19ème siècle et les tours modernes de la fin du 20ème siècle.
L'oratoire Saint-Joseph, situé sur le flanc nord-ouest du Mont Royal en retrait du coeur de la cité, est le lieu le plus important dédié à Saint-Joseph à travers le monde. Le projet de sa construction fut porté par le frère André, né Alfred Bessette, à qui sont attribuées de nombreuses guérisons miraculeuses. La nouvelle de sa mort en 1937 à 91 ans se répandit comme une traînée de poudre à travers le Canada et les Etats-Unis. De nombreux journaux couvrirent sa mort. Les gens vinrent de partout pour lui rendre un dernier hommage. Son corps repose dans un tombeau de marbre noir au sein même de la basilique. Le jour de notre visite, un épais brouillard enveloppait le sommet de l'édifice, conférant au lieu une certaine solennité.
Le Collège Notre-Dame est situé à proximité de l'oratoire Saint-Joseph. La philosophie pédagogique de ce collège " vise à former le corps, l'esprit et le coeur des étudiants, et pour y arriver, le sport occupe une place importante au sein de l'institution ". L'aspect lugubre des lieux renforcé par les conditions climatiques le jour de notre passage évoquait dans mon esprit le décor idéal pour un film comme Shining de Stanley Kubrick.
Montréal nous est apparue comme une ville multiculturelle, où semble régner une certaine forme de sérénité, bien loin de l'agitation des grandes villes européennes. Les gens y sont courtois, posés, pas stressés pour deux sous. On peut venir autant à Montréal pour l'atmosphère singulière qui y règne que pour visiter la ville. Nous avons été aussi très surpris par le nombre de Français qui séjournent sur place, soit en tant que touriste, soit pour y vivre et y travailler. Ils sont faciles à identifier avec leur accent. Etre Français à Montréal est extrêmement banal. Notre retour en France s'est déroulé dans de bonnes conditions. Toutefois, une tempête de neige sur Toronto eut pour conséquence des retards dans le départ des avions en raison de correspondances à assurer. Comme annoncé, notre avion quitta le hall d'embarquement avec une heure de retard. Il se dirigea ensuite vers le poste de dégivrage de l'aéroport, où il fut copieusement arrosé par d'énormes lances. Puis l'avion continua son cheminement vers la piste de décollage ... en faisant une fois le tour complet de l'aéroport ! L'une des deux pistes était en effet indisponible au dernier moment, pour cause de déneigement. Arrivé à Roissy, il ne nous restait plus que 1 heure et 8 minutes entre le moment de l'atterrissage et le départ de notre TGV pour Rennes. 10 minutes furent nécessaires pour débarquer, 15 autres pour passer la douane. L'affaire n'était pas trop mal engagée, nous avions opté pour la bonne file à la douane. Mais là où cela se compliqua, c'est au moment de récupérer nos bagages. Le tapis se bloqua à plusieurs reprises, encombré par les valises des voyageurs eux-mêmes bloqués à la douane. Cela empêchait les derniers bagages (les nôtres en l'occurrence) d'arriver sur le fameux tapis. Au moment de récupérer nos deux bagages, il ne nous restait plus que 16 minutes avant le départ du TGV. L'aérogare 3 et le lieu du départ du TGV ne sont pas à proximité. Malgré un sprint effréné en tirant la valise à roulettes tant bien que mal, le train pour Rennes venait de partir depuis trois minutes lors de notre arrivée en gare ... Adieu " ouigo " à prix modéré réservé plusieurs semaines à l'avance ... Morale de l'histoire : même avec trois heures de marge entre l'heure théorique d'arrivée et une correspondance à Roissy, ne vous engagez pas trop à l'avance. Nous avons relativisé la gravité de l'incident, et nous avons profité d'un bon casse-croûte sur place avant de prendre le train suivant. Il restait désormais à nous
remettre du décalage horaire, et c'est assez curieux de ne pas avoir
encore le besoin ni l'envie de se coucher à 2 h 00 du matin.
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