Saturn, un échec pour la General Motors


Saturn était une marque automobile américaine créée en 1984 et supprimée en 2009. Cette marque faisant partie de la General Motors était censée répondre à l’invasion des voitures japonaises sur le marché américain dans les années 80. L’objectif assigné à la marque Saturn n’a pas été atteint de quelque manière que ce soit.


Les origines de Saturn


A la demande du président américain Ronald Reagan (1980-1988), les constructeurs automobiles japonais sont invités à s’implanter sur le territoire des Etats-Unis à partir de 1981, pour deux raisons. La première est qu’il est préférable de produire aux Etats-Unis les voitures japonaises qui sont jusqu’alors importées du Japon, afin de réduire le déficit commercial avec ce pays, et de faire travailler les ouvriers américains plutôt que les ouvriers japonais.

La seconde raison est, selon l’administration Reagan, de stimuler la concurrence au sein même du territoire des Etats-Unis et ainsi enrayer la baisse des ventes des Big Three face aux importations japonaises. Cela peut inciter les Big Three à produire des voitures de meilleure qualité et correspondant mieux à la demande de la clientèle.

Le message envoyé aux constructeurs japonais est reçu cinq sur cinq, ceux-ci acceptant de fabriquer désormais une bonne partie de leurs voitures aux Etats-Unis, évitant ainsi la saturation de leurs usines, ou d’en construire d’autres sur un territoire assez limité finalement. Cela facilite grandement les problèmes de logistique, notamment le transport de milliers de voitures par bateaux.

C’est ainsi que Honda s’implante aux Etats-Unis en 1983, Nissan en 1985, Toyota en 1986, Mazda en 1988, Mitsubishi en 1989 et Subaru en 1990. Cette année-là, la production des constructeurs japonais aux Etats-Unis représente déjà 1,2 million de voitures à destination du marché local, contre rien en 1982. Le rythme s’amplifie inéluctablement avec 2,2 millions d’unités en 1995, 2,5 millions en 2000 et 3,3 millions en 2005.

La part de marché des Big Three sur le marché américain baisse continuellement entre 1985 (74 %) et 2005 (60 %). L’implantation des constructeurs japonais aux Etats-Unis n’a donc pas freiné mais accéléré le déclin des Big Three sur leur propre marché. Et la création de la marque Saturn par la General Motors en 1990, dont la vocation est de cibler directement les marques japonaises, ne rapporte rien au premier constructeur américain. Sa part de marché de 35 % en 1989 passe à 34 % en 1992, 33 % en 1995, 31 % en 1997, 29 % en 2000 et 27% en 2005.

La chute s’amplifie jusqu’en 2009, avec 20 % de part de marché, date de la faillite de la General Motors, qui crée un énorme choc dans l’opinion publique américaine. L’ex-leader mondial est sauvé de justesse. Mais les marques Saturn, Pontiac et Hummer sont sacrifiées.


Les débuts de la marque Saturn


C’est en 1984 que la General Motors crée la marque Saturn qui cible officiellement les constructeurs japonais qui occupent alors près de 25 % du marché américain (en 2022, les marques japonaises représentent près de 35 % du marché US). Les voitures Saturn ne sont commercialisées qu'en 1991. L’investissement de la General Motors est colossal. La naissance d’une marque spécifique est préférée à la solution moins coûteuse d’inclure les futurs modèles Saturn dans la gamme Chevrolet.

A partir de 1989, la marque Geo affiliée à la General Motors commercialise aux Etats-Unis des voitures subcompactes d’origine Toyota, Suzuki et Isuzu. Elle reste en activité jusqu'en 1997. Il est évident que cette marque est la plus apte à concurrencer les constructeurs japonais, puisqu’elle est composée de modèles effectivement japonais, ce qui pose d’ailleurs un problème d’identification de la marque Geo auprès du public.

En 1984, la presse se fait largement l'écho de la naissance d'une nouvelle marque au sein de la General Motors. Mais entre les premiers prototypes et la première voiture sortie d'usine, il va s'écouler six longues années de mise au point.

Si le groupe General Motors commercialise des modèles japonais, pourquoi ne pas acheter les modèles d’origine ? La marque Saturn qui va mettre indirectement un terme à la marque Geo semble être une réponse à ce problème d’identification. Il s’agit désormais de proposer des modèles compacts s’inspirant des modèles japonais, mais de conception 100 % General Motors.

Le nom Saturn est choisi en référence aux fusées Saturn, grâce auxquelles les Etats-Unis ont repris le leadership de la conquête spatiale aux Soviétiques. La marque Saturn doit aider la General Motors à conserver son leadership face au Japonais … Une nouvelle usine est construite à cet effet, qui n'est pas située dans la banlieue de Detroit, mais à Spring Hill dans le Tennessee.

Un contrat spécifique qui s'inspire des pratiques des constructeurs japonais sur le plan des formations et des primes de productivité est même signé avec l’UAW, le grand syndicat américain de l’automobile. Le constructeur a lancé un pari ambitieux, puisque tout est nouveau chez Saturn : nouvelle usine, nouveaux salariés, nouveau réseau, nouveaux principes de vente, nouveaux modèles, nouvelles technologies… Un pari qui coûte cher, près de 10 milliards de dollars selon certaines sources ...


1990 : Saturn Série S, première génération


En 1990, la General Motors lance la première voiture de la marque Saturn, la Série S (S comme Saturn !). Il s’agit d’une berline compacte traction avant de 4,40 mètres de long sur 1,72 m de large, développée en interne, dotée de panneaux de carrosserie en plastique et d’un moteur quatre cylindres de 1,9 litre développant 85 ch (simple arbre) ou 124 ch (double arbre).

La Saturn Série S lancée en 1990 se caractérise par un style original qui n’a pas vraiment d’équivalent au sein des autres marques du groupe General Motors.

Le design se veut ultra-moderne, avec un capot plongeant et de larges baies vitrées. Les ingénieurs ont privilégié l’aérodynamisme et l’habitabilité, mais aussi une économie d’utilisation maximale. Le modèle est disponible également en coupé et en break. La Saturn Série S rencontre un réel succès puisqu’elle s’écoule à 1,175 million d’exemplaires entre 1990 et 1995, date à laquelle elle est remplacée par une nouvelle génération de Série S.

La General Motors propose d'emblée une vaste gamme pour sa marque Saturn, qui outre la berline comporte aussi un break et un coupé d'allure assez classique.


1995 : Saturn Série S (seconde génération)


La seconde génération de Saturn Série S apparaît en 1995. Son design est plus conventionnel et plus arrondi, ce qui a une influence sur l’habitabilité légèrement plus vaste. En longueur, le modèle gagne dix centimètres, pour atteindre 4,50 mètres. La partie avant s’inspire des créations récentes de la General Motors, comme l’Oldsmobile Aurora lancée en 1994. Le moteur 1,9 litre voit sa puissance portée à 100 ch (simple arbre). La version double arbre reste à 124 ch. La technique de la traction avant reste appréciée du public. Par ailleurs, l'économie en carburant permet à Saturn de se maintenir en bonne place sur le marché face aux voitures japonaises.

La seconde génération de la Saturn Série S lancée en 1995 rentre un peu dans le rang des autres modèles de la General Motors.

Pour une meilleure accessibilité aux places arrière, le coupé adopte une troisième petite porte à ouverture antagoniste côté conducteur. Cette troisième porte permet aux passagers de sortir sans rabattre le siège avant, même si pour l'ouvrir il faut d'abord ouvrir la portière avant.

La marque Saturn présente tous les attribues d'un véritable constructeur, avec une gamme étoffée comprenant une berline, un coupé et un break.

Au total, 1,55 million d’exemplaires de la seconde génération de Série S sont vendus entre 1995 et 2002, soit davantage que la première génération.


1999 : Saturn Série L


Afin de compléter la gamme Saturn vers le haut, la General Motors lance en 1999 la Saturn Série L (L comme long ?) dont la longueur atteint 4,84 mètres, soit 34 centimètres de plus que la seconde génération de la Série S. La General Motors ne veut pas en faire la remplaçante de la Série S alors que cela aurait pu être le cas. La Saturn Série L est une traction avant dotée  d’un moteur quatre cylindres de 2,2 litres développant 140 ch, qui sera d'ailleurs repris sur la future Saturn " Ion " qui elle succédera à la Série S en 2002.

La Série L est aussi disponible dans une version V6 de 3,0 litres de 182 ch qui semble un peu disproportionnée face aux modèles japonais courants, cible de la marque. Surtout, la Série L, en berline ou en break, est dérivée d’un modèle Opel, en l’occurrence l’Opel Vectra B produite entre 1995 et 2002, qui est donc un modèle déjà assez ancien en 1999. C’est le début de la collaboration entre les marques Saturn et Opel qui va s’amplifier au cours des années suivantes, et qui montre un changement de stratégie de la part de la General Motors vis-à-vis de sa plus récente marque, qui perd ainsi progressivement son indépendance.

La berline Saturn LS lancée en 1999 est une simple Opel Vectra B rallongée. Ce modèle n’est pas le plus attrayant de la marque. Plus grave, il marque une rupture stratégique avec le programme initial.

Pour conserver un air de famille avec les Saturn Séries S, les designers ont allongé la partie avant de la série L, créant ainsi un porte-à-faux important. En fait, l'Opel Vectra B n'est pas plus longue qu'une Saturn Série S de second génération. On comprend toute de suite le problème qu'a connu la General Motors lorsqu'elle a décidé de proposer l'Opel Vectra comme modèle de haut de gamme de la marque Saturn. Ce modèle ne peut pas être de mêmes dimensions que la Série S.

Le break Saturn LW proposée parallèlement à la berline ne présente aucun attrait particulier. Il pourrait être aussi bien siglé Toyota que Nissan. La banalisation de Saturn est en bonne marche.

C’est une des nombreuses erreurs que va commettre la General Motors avec sa marque Saturn. Sans compter que ce modèle, produit aux côtés d’autres berlines de la General Motors dans l’usine
de Wilmington dans le Delaware, connaît de nombreux problèmes de qualité (moteur, transmission, finition, carrosserie acier), ce qui laisse penser que la conception de la Série L a été bâclée. Cela impacte gravement sa carrière commerciale. Seulement 378 233 Série L sont produites aux Etats-Unis entre 1999 et 2004.


2001 : Saturn Vue


En 2001, la General Motors lance son premier SUV de marque Saturn, baptisé Vue. Ce SUV compact long de 4,60 mètres donnera naissance aux Chevrolet Equinox et Pontiac Torrent en 2005, et disparaîtra en 2009, en même temps qu’eux. Mais alors que les Saturn et Pontiac n’auront pas descendance, le Chevrolet en aura une qui subsiste encore aujourd’hui.

Le design du Saturn Vue s’inspire un peu des berlines Série S pour conserver un air de famille censé être " ultra-moderne ". Le SUV reprend les motorisations des berlines Série L, à savoir le quatre cylindres de 2,2 litres de 140 ch et le V6 de 3,0 litres de 182 ch, auxquels s’ajoute peu après un V6 de 3,5 litres de 250 ch. Autant dire qu’avec cette version surmotorisée, on s’éloigne des objectifs premiers de la marque, à savoir une économie d’utilisation comparable à celle des modèles japonais de même catégorie.

Le Saturn Vue lancé en 2001 marque l’entrée de la marque dans la catégorie des SUV. Le modèle connaît un certain succès toutefois éphémère.

Au total, le Saturn Vue s’écoule à 505 604 exemplaires entre 2001 et 2007, date à laquelle il est remplacé par une seconde génération. A cette époque, la General Motors pense encore que la marque Saturn est viable sur le long terme, même s’il fait appel de plus en plus à sa filiale européenne Opel pour pérenniser la marque.


2002 : Saturn Ion


La Saturn Ion succède à la Série S en 2002. Le nouveau modèle prend un certain embonpoint avec une longueur portée à 4,70 mètres. Le moteur de 1,9 litre est remplacé par le 2,2 litres double arbre de 140 ch déjà vu sur la Série L. Le modèle est même livrable avec un 2,4 litres de 175 ch, ce qui permet à la voiture construite en plastique d'afficher des accélérations dignes de voitures beaucoup plus puissantes.

La Saturn Ion lancée en 2002 succède aux Série S, mais contrairement à ses aînées elle ne rencontre pas un grand succès. Son style renoue pourtant avec un peu d'originalité.

La Saturn Ion connaît une carrière commerciale chaotique en raison de problèmes liés à sa boite de
vitesses. La General Motors doit corriger le tir en lui attribuant une nouvelle boite. Parallèlement, elle propose en 2004 un modèle très proche chez Chevrolet, appelé Cobalt. La Cobalt reprend une partie des composants techniques de la Ion, afin de rentabiliser les investissements initiaux, avec un succès commercial plus franc. C'est un juste retour des choses quand on sait que les Saturn ont jusque là surtout pris des clients chez Chevrolet …

Cela ressemble à un mouvement de panique au sein de la General Motors. Pour compenser le lancement raté de la Ion et amortir les investissement, le géant américain en dérive une version Chevrolet, la Cobalt, au design plus impersonnel.

Au total, la Saturn Ion ne dépasse pas les 544 755 unités produites entre 2002 et 2007, soit beaucoup moins que la Saturn Série S de seconde génération, et même que celle de première génération. Cet échec commercial incite la General Motors à prendre des décisions drastiques concernant la marque Saturn. Le groupe la considère désormais comme n’importe quelle autre marque de la General Motors. Son identité ne cesse de se diluer dans cet empire industriel.


2004 : Saturn Relay


En 2004, la General Motors lance une nouvelle génération de monospaces pour contrer les nouveaux Chrysler Voyager, Dodge Caravan et Chrysler Town & Country. Ces nouveaux monospaces General Motors se nomment Buick Terraza, Chevrolet Uplander et Pontiac Montana. La marque Saturn a le droit elle aussi à sa version qui est baptisée Relay. C’est le premier monospace de la marque. Comme ses cousins, le Saturn Relay est doté de la traction avant et d’un V6 de 3,5 litres de 200 ch, ou d’un V6 de 3,9 litres de 240 ch, tout juste suffisant pour mouvoir un engin de plus de deux tonnes et de plus de 5,20 mètres de long.

Le Saturn Relay lancé en 2004 marque l’entrée de la marque dans la catégorie des monospaces. Le modèle ne parvient toutefois pas à s’imposer.

Avec ce modèle, on s’éloigne franchement du concept initial de la marque, c’est-à-dire la légèreté et l’économie d’usage. Le Saturn Relay ne rencontre pas un grand succès, puisqu’il est le moins vendu des quatre monospaces de la General Motors. 28 602 exemplaires sont produits entre 2004 et 2007, contre 44 209 Buick Terraza, 174 052 Pontiac Montana et 362 695 Chevrolet Uplander. Le Saturn Relay est remplacé en 2007 par un crossover qui mélange habilement le design des monospaces avec celui des SUV : le Saturn Outlook.


2005 : Saturn Aura


En 2005, la Saturn Aura succède à la Série L dont elle reprend les dimensions mais sous une carrosserie beaucoup plus avenante qui inspirera la Chevrolet Malibu deux ans plus tard. Le nouveau modèle utilise la plateforme Epsilon partagée avec les Opel Signum et Pontiac G6. Le moteur est celui de la Ion, un quatre cylindres de 2,4 litres développant ici 164 ch, auquel on ajoute un V6 de 3,6 litres de 252 ch, qui remplace le V6 de 3,0 litres équipant la Série L.

La Saturn Aura lancée en 2005 succède à la Série L. Mais même si elle est beaucoup plus intéressante à tous égards, elle connaît malheureusement une diffusion beaucoup plus restreinte. La clientèle est partie ailleurs.

Comme toutes les Saturn produites jusque là, il s’agit d’une traction avant. La carrière de la Saturn Aura aurait pu être brillante si elle n’avait été durement concurrencée par la Chevrolet Malibu et la Pontiac G6. La suppression de la marque Saturn en 2009 marque le coup de grâce pour l’Aura. Du coup, seulement 168 802 unités ont été produites entre 2005 et 2009. La remplaçante de l’Aura était prête pour 2010. Il s’agissait d’une version rebadgée de l’Opel Insignia, qui va devenir la Buick Regal de cinquième génération.


2006 : Saturn Sky


Pour tenter de rajeunir l’image de marque de Saturn, après les lancements successifs de berlines, monospaces et SUV, la General Motors lance en 2006 un sympathique petit roadster baptisé Saturn Sky, dérivé de la Pontiac Solstice. Ce modèle sera aussi vendu sous les appellations Opel GT en Europe et Daewoo G2X en Corée. Ces petits roadsters de 4,10 mètres de long sont dotés de moteurs quatre cylindres de 2,0 litres développant 177 ch, et 2,4 litres turbocompressé de 260 ch. Au total, 34 415 Saturn Sky ont été produites entre 2006 et 2009, soit la moitié du volume de production des Pontiac Solstice, marque à l'image plus valorisante

La Saturn Sky lancée en 2006 a tenté sans succès de rajeunir l’image de la marque devenue d’ailleurs très floue depuis la disparition des Série S, les premières et dernières véritables Saturn.


2006 : Saturn Outlook


Le Saturn Outlook lancé en 2006 est ce qu’on appelle un crossover, c’est-à-dire un véhicule qui mélange le design d’un monospace avec celui d’un SUV. Ce véhicule de 5,10 mètres de long est proposé sous quatre marques différentes au sein de la General Motors, avec quelques modifications esthétiques pour chacune de ces marques.

Le modèle traction avant ou à quatre roues motrices au choix s’appelle ainsi Buick Enclave, Chevrolet Traverse ou GMC Acadia. Leur moteur commun est un V6 de 3,6 litres développant 270 ch, puis 288 ch. Le Saturn Outlook est un véritable échec commercial, compréhensible quand on se souvient des objectifs initiaux de la marque, puisque seulement 78 009 exemplaires sont vendus entre 2006 et 2009, contre 679 754 Buick Enclave, 969 867 GMC Acadia et 1 063 868 Chevrolet Traverse, qui ont certes tous les trois pu poursuivre leur carrière jusqu’en 2017.

Lancé en 2006, le grand crossover Saturn Outlook dérivé d’autres modèles du groupe General Motors ne parvient pas à à s’imposer. A partir de ce moment, il était clair que la marque Saturn est condamnée à disparaître à brève échéance.

La suppression de la marque Saturn en 2009 n’a pas aidé la carrière de l’Outlook, mais de toutes façons, ce modèle était déjà marginalisé dès le début, avec une moyenne de 26 000 ventes annuelles, contre 68 000 Buick Enclave, 97 000 GMC Acadia et 106 000 Chevrolet Traverse. Saturn s’était trop éloigné de ses objectifs initiaux et sa clientèle n’était pas celle de véhicules imposants et chers.


2007 : Saturn Astra


Alors que la Chevrolet Cruze succède à la Chevrolet Cobalt en 2010, la Saturn Ion est remplacée en 2007 par la Saturn Astra, qui n’est autre qu’une Opel Astra rebadgée. On voit qu’à cette époque le destin de la marque Saturn change complètement, puisque la General Motors ne se donne même plus la peine de créer pour elle des modèles spécifiques et différents de ses autres produits. On constate que la stratégie de la General Motors pour cibler les voitures japonaises à partir de modèles conçus en Amérique du Nord a complètement échoué, puisqu’on est obligé de faire appel à la filiale allemande Opel pour tenter de pérenniser Saturn.

Lancée en 2007, la Saturn Astra est une simple Opel Astra rebadgée. Plus personne ne se fait d'illusion sur la pérennité de la marque Saturn, qui après un peu moins de deux décennie d'existence est sur le point de s'éclipser.

L'Astra reprend donc toutes les caractéristiques de l’Opel de même nom, à savoir une carrosserie en acier beaucoup plus courte (4,25 mètres) et un moteur quatre cylindres de 1,8 litre développant 138 ch. Le modèle n’est même pas produit aux Etats-Unis, mais importé d’Europe, et ce jusqu’en 2009, année de suppression de la marque Saturn. 18 000 Saturn Astra ont été distribuées en Amérique.


2007 : Saturn Vue


La seconde génération du SUV Saturn Vue lancée en 2007 est un simple Opel Antara rebadgé. De plus en plus, la General Motors utilise les modèles Opel pour créer les nouvelles Saturn, ce qui coûte évidemment moins cher que de partir d’une feuille blanche, mais rend caduque la stratégie initiale pour imposer la marque sur le marché américain. Cette stratégie est contraire aux choix qui ont présidé à la naissance de Saturn dans les années 1980. On voit bien que la direction de la General Motors a du mal à faire la différence entre importer des voitures Opel sur le marché américain, et rebadger des modèles Opel spécifiquement pour ce même marché.

Lancé en 2007, le Saturn Vue de seconde génération n’est qu’un Opel Antara rebadgé. Saturn est devenu peu à peu Opel, alors que rien ne prédisposait au début à une telle situation.

Le Saturn Vue a son équivalent chez Chevrolet sous la désignation Captiva. Son V6 de 3,6 litre développe 257 ch. Ce modèle ne connaît pas un grand succès, gêné aux entournures par le Chevrolet Captiva, puisqu’il ne s’écoule qu'à 160 964 exemplaires entre 2007 et 2009, ce qui est peu pour un véhicule de cette catégorie.


Epilogue


La marque Saturn qui totalise près de 4,65 millions d’unités produites jusqu’en 2009 n’a en réalité pas arrêté le raz de marée des voitures japonaises, qu’elles soient importées ou produites aux Etats-Unis, mais a essentiellement mordu sur les ventes de Chevrolet … Une des conséquences de cette erreur de marketing a été que Chevrolet, jusqu’alors premier constructeur devant Ford sur le marché américain, s'est retrouvé à la seconde place derrière son rival, avant de reprendre la tête des ventes au début des années 2000, lorsque Saturn a commencé à décliner.

Après l'échec des Série L et Ion, la General Motors choisit d'incorporer totalement Saturn dans la stratégie du groupe. La marque se retrouve alors perdue au sein d'une immensité, son identité est diluée avec des modèles qui ne sont que de simples copies de ceux qui existent dans les autres marques du groupe, à l'instar du monospace Relay, du crossover Outlook, de la berline Astra ou du SUV Vue.

La marque Saturn, qui n’a représenté que 5 % des ventes de la General Motors aux Etats-Unis entre 1990 et 2009, et qui n’a pas arrêté l’invasion des constructeurs japonais, peut être considérée comme le plus grave échec du premier constructeur américain. Elle a rejoint au cimetière des marques disparues de la General Motors Oldsmobile (1897/2004) et La Salle (1927/1940). Pontiac et Hummer subiront le même sort en 2010.

Texte : Jean-Michel Prillieux / André Le Roux
Reproduction interdite, merci.

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