Horch, les voitures d'August


La firme automobile allemande Horch est créée en 1899 par August Horch. Celui-ci quitte l’entreprise en 1909 et crée la firme Audi dans la foulée. La marque Horch continue de se développer sans son fondateur pour devenir l’une des marques allemandes les plus luxueuses. Horch est intégrée dans le groupe Auto Union en 1932, au sein duquel elle représente la marque de haut de gamme. Horch disparaît en 1958.


Les débuts de Horch


Après avoir travaillé comme ingénieur chez Daimler puis chez Benz, entre 1896 et 1899, August Horch (1868-1951) fonde la firme Horch en 1899 à Cologne dans l’Ouest de l’Allemagne, puis la société déménage à Zwickau dans l’Est dès 1904. A cette époque, August Horch produit une voiture bicylindre de 10/12 CV dont il a étudié auparavant un modèle équivalent chez Karl Benz.

August Horch est né le 12 octobre 1868. A l'âge de 16 ans, il part en tant que compagnon de forge. A son retour en 1887, il étudie à l'école technique de Mitteida. Il devient ingénieur et entre dans un bureau de construction de Leipzig après avoir travaillé dans les machines agricoles et la construction navale à Rostock. Ses connaissances dans le domaine de la construction de moteurs et sa première rencontre avec la motocyclette en 1896 lui permettent de postuler chez Carl Benz, à Mannheim. Il y fait ses preuves en qualité de contremaître chargé de la construction automobile. Mais August Horch nourrit déjà des projets dépassant l'usine de Mannheim et tente de se frayer son propre chemin vers la construction automobile. A l'âge de 32 ans, en 1899, il devient indépendant.

En 1905, apparaît la première quatre cylindres de la marque qui est produite sous plusieurs formes jusqu’en 1926. Première voiture à être équipée de soupapes en tête, la Horch quatre cylindres 16/20 CV puis 18/22 CV est également la première Horch à répondre au slogan de son fondateur " construire des voitures solides et de qualité ". Le modèle qui connaît une certaine renommée, grâce à ses succès en course, est disponible en deux cylindrées distinctes, une 2,6 litres et une 5,8 litres. Les Horch sont déjà connues pour le luxe de leur équipement et la robustesse de leur mécanique.

Auguste Horch veut tester et promouvoir ses automobiles grâce aux victoires sportives. Ce faisant, il va à l'encontre de son conseil d'administration qui voit d'un mauvais oeil l'argent gagné laborieusement par le département commercial dilapidé dans les courses automobiles, pas toujours couronnées de succès, loin s'en faut.
 


1909 : August Horch quitte l’entreprise


En 1906, apparaît la première six cylindres de la marque, mais ce modèle de 8 litres de cylindrée ne connaît pas les faveurs du public. La conséquence de cet échec commercial marque le début de dissensions entre August Horch et ses associés, puis la mise à l’écart d’August Horch officialisée au premier semestre de 1909, ce dernier ayant été mis en minorité par le conseil d’administration de la compagnie. Après le départ de Horch, Fritz Seidel, responsable de la fabrication, et Heinrich Paulmann, directeur technique, vivront longtemps sur son héritage et protègeront même le nom de Horch afin que son fondateur ne puisse plus jamais diriger une nouvelle entreprise portant ce nom. Même le slogan de la marque demeura la pierre philosophale de Seidel et Paulmann.

Quand est diffusée cette affiche en 1910, August Horch ne travaille plus pour l'entreprise qu'il a fondé une décennie plus tôt. Les membres du comité directeur de Horch l'ont invité à quitter la société moyennant une coquette indemnité, en raison des divergences de vues sur l'avenir de la marque.

Il est évident que August Horch est très dépité d’avoir été ainsi brutalement mis à l’écart, et il décide de revenir très rapidement à la tête d’une nouvelle entreprise automobile. C’est donc le 16 juillet 1909 qu’il crée la marque Audi dont le nom est un jeu de mots entre audi (écoute en latin) et horch (écoute en allemand), l’entrepreneur ayant été interdit d’utiliser son propre nom pour la nouvelle société, les droits ayant été acquis par la société Horch de Zwickau.


Paul Daimler crée les premières Horch huit cylindres


Après la Première Guerre mondiale à l’issue de laquelle l’Allemagne sort vaincue, la marque Horch reprend son activité en s’orientant progressivement vers le marché du haut de gamme. Apparaît alors le modèle 33/80 CV de 8,5 litres, conçu dès 1914 et qui est à l'origine d'une série de voitures de luxe qui rendirent la marque célèbre au cours des vingt années suivantes.

Affiche Horch, 1916. Pour développer ses affaires, August Horch s'est installé dès 1904 dans une filature abandonnée de Zwickau.

En 1923, Paul Daimler (1869-1945), fils aîné de Gottlieb Daimler (1834-1900), prend la direction technique de la firme Horch et oriente la marque résolument vers le haut de gamme. Horch devient alors progressivement la concurrente directe des Mercedes et des Maybach. En 1923 et 1924, Horch présente des modèles quatre et six cylindres, à arbre à cames en-tête et freins avant, mais la première voiture conçue sous sa direction est le modèle 300 lancé en 1926, doté d'un moteur huit cylindres en ligne, de 3120 cm3, à double arbre à cames en-tête développant 70 ch. Ce moteur est le premier huit cylindres de la production automobile allemande.

Horch commercialise en 1926 la première 8 cylindres de son histoire, et accède au marché des voitures de standing. Le silence de fonctionnement de ce type de mécanique doit permettre d'atteindre un confort inconnu jusqu'alors sur une Horch.

En 1927, les 305 et 306 apparaissent avec un moteur huit cylindres en ligne, à double arbre à cames en-tête de 3375 cm3 développant 75 ch. Ces deux modèles ne diffèrent que par leur empattement. Ils sont suivis, en 1928, par la 375 avec un moteur huit cylindres à simple arbre à cames en-tête de 3974 cm3 développa nt 80 ch. Peu avant le départ de Paul Daimler, deux modèles, les 400 et 405 à moteur huit cylindres de 4 litres sont présentés en 1929. Ces modèles sont considérés comme des 375 à empattement court. Ils ont notamment été utilisés par la police allemande. Ils sont suivis par les 420, 450, 470 à moteur huit cylindres de 4,5 litres.

Horch 8-306 Cabriolet par Gläser, 1927. Ce carrossier allemand basé a Dresde a débuté son activité en 1864. Dans les années 1920 et 1930, c'est un sous-traitant régulier pour Horch, puis pour le groupe Auto Union.

La marque poursuit sa montée en gamme avec le lancement en 1930 de la Horch 500 qui est une huit cylindres de 5 litres disponible avec deux empattements. Ce modèle ne doit plus rien à Paul Daimler. Le successeur de Paul Daimler à la direction technique, Fritz Fiedler, abandonne progressivement les moteurs à double arbre, pour des raisons de coûts, et toutes les Horch à venir sont dotées de moteurs à simple arbre à cames. Sous sa responsabilité, la gamme Horch reste très touffue au début de l’année 1931, puisque l’on compte une 430 à moteur 3 litres, une 410/440 à moteur 4 litres, une 420/450/470 à moteur 4,5 litres et une 500 à moteur 5 litres, toutes restant fidèles au huit cylindres en ligne. La montée en gamme n’est pas terminée car Fritz Fiedler prépare une douze cylindres pour l’automne 1931.


1931 : Horch V12


Alors que le krach boursier d’octobre 1929 déclenche une crise économique sans précédent dans le monde entier, Horch présente deux ans plus tard les imposantes 600 et 670 à moteur V12 de 6 litres dont la puissance atteint 120 ch. Ces modèles sont les premières - et les dernières - douze cylindres de la marque. Leur lancement survient trois ans après la présentation des Maybach V12 qu’elles entendent concurrencer, au sommet de la hiérarchie des voitures allemandes de haut de gamme. Ces Horch, surnommées Horch 12, produites au total à 81 exemplaires de 1931 à 1934 sont parmi les voitures allemandes les plus chères, avec les Mercedes 770 Grosser et Maybach Zeppelin.

Horch 670 Sport Cabriolet Gläser. Les Horch 600/670 lancées en 1931 sont les premières voitures de la marque à être dotées d’un moteur douze cylindres en V. Elles rivalisent avec les Maybach Zeppelin équipées également d’un moteur V12.


1932 : Horch est intégré à Auto Union


En 1930, Horch occupe une place enviable sur le marché allemand du luxe, avec 45 % de part de marché. Mais la crise financière de 1929 commence à faire des ravages en Europe et en 1932, sous l’égide d’un puissant groupe financier, Horch est intégré dans Auto Union avec les firmes Audi, DKW et Wanderer. Horch en représente la division haut de gamme, alors que la marque DKW occupe le créneau de la voiture populaire, Audi et Wanderer se disputant le milieu de gamme. Le groupe, symbolisé par les quatre anneaux du logo présents sur la calandre, représentant les quatre marques unies, se fait alors particulièrement connaître sur les circuits des Grands Prix, et est un concurrent redoutable pour les " flèches d’argent " de Mercedes. Les voitures de course Auto Union sont fabriquées dans les ateliers de Horch situés à Zwickau. L’une des priorités du groupe est de réduire l’offre moteurs de la marque Horch, jugée trop abondante comparée aux volumes de ventes.


1933 : Horch V8


Cette réduction de l’offre est très rapide. Après le lancement en 1932 des éphémères 710 à moteur 4 litres et 720/750 à moteur à moteur 4,5 litres, qui succèdent à la série 400, Horch lance en 1933 de nouvelles huit cylindres, en V cette fois, les 830 à moteur 3 litres, cylindrée qui passera à 3,2 litres en 1935, 3,5 litres en 1936 et 3,8 litres en 1938, qui composent la nouvelle entrée de gamme de la marque. Disponibles avec deux empattements différents, elles sont les Horch les plus vendues dans les années 30, avec 9 522 unités écoulées entre 1933 et 1939. Ce volume de production inclut la série 830B apparue en 1934 qui est équipée de roues avant indépendantes et de freins hydrauliques, ce qui marque un réel progrès pour la marque de Zwickau.

Horch 830 Sport Cabriolet Gläser. Le type 830 constitue le premier modèle V8 allemand fabriqué en grande série. Au fil des ans, sa cylindrée progressera de 3 litres à ses débuts à 3,8 litres en 1938.

Un exemplaire appartenant au général allemand Von Choltitz pendant la Seconde Guerre mondiale est utilisé quelque temps par le général De Gaulle après la libération de Paris le 25 août 1944. La Horch 930 lancée en 1937 est une Horch 830 à empattement court dotée d’un huit cylindres de 3,5 litres qui est remplacé par un 3,8 litres en 1938. Ce modèle est produit pendant deux ans à 2 060 exemplaires au total.

L'’histoire de ce cabriolet Horch 830 est assez trouble mais il aurait appartenu au Général Dietrich von Choltitz, Gouverneur militaire de Paris en 1944, connu pour avoir épargné la ville alors que Hitler lui avait donné l’ordre de la brûler. La Horch aurait été récupérée par les hommes du Colonel Rol-Tanguy et remise au Général de Gaulle. Une histoire peut-être un peu rocambolesque. D'autres affirment que l’auto a été saisie par le 2e DB à Berchtesgaden, là où Hitler possédait son fameux chalet. Source : https://www.retropassionautomobiles.fr


1934 : Lancement des nouvelles Horch huit cylindres en ligne de 5 litres


En 1934, Horch lance les imposantes huit cylindres 850 et 950 à moteur de 5 litres de 100 ch qui succèdent à la fois à la 500 (1930-1934) et aux 600/670 (1931-1934). Ces voitures de haut de gamme, qui reviennent au moteur huit cylindres en ligne, prennent notamment la suite d’une longue lignée de huit cylindres - surnommées Horch 8 - dont les origines remontent à 1926 et dont 11 772 exemplaires ont été mis en circulation depuis cette date.

Les Horch 850 lancées en 1934 sont les versions plus puissantes des 830, leur moteur étant un huit cylindres en ligne de 5 litres. La version cabriolet deux portes est la concurrente directe de la Mercedes 500 K dotée d’un moteur de cylindrée voisine agrémenté d’un compresseur.

Les 850 donnent naissance dès 1935 aux versions limousines Pullman baptisées 851 et aux versions de sport baptisées 853 et 855 dont la puissance est portée à 120 ch. La plus connue est la 853A de 1936 dont l’élégance fait alors tourner toutes les têtes. Ce cabriolet qui s’étire sur une longueur de 5,23 mètres est le concurrent direct des Mercedes 500K et 540K. Il fait désormais partie des grands classiques de l’automobile d’avant-guerre. Près de 2 200 exemplaires des 850 et dérivés sont fabriqués sur le site de Zwickau de 1934 à 1939, dont près d’un millier de modèles 853/853A.

La Horch 853 lancée en 1935 est sans doute la plus belle des voitures de la marque. Ce cabriolet concurrent de la Mercedes 540 K est capable d’atteindre 140 km/h grâce à son huit cylindres en ligne poussé à 120 ch. Depuis 1932, Horch fait partie du groupe Auto Union composé de quatre marques symbolisées par les quatre anneaux de la calandre.


1937 : Horch lance une rivale de la Mercedes Grosser


En 1937, Horch remplace la 851 par la 951 dont la longueur passe de 5,55 mètres à 5,64 mètres ce qui en fait l’une des plus longues voitures allemandes de cette époque. Cet imposant modèle huit cylindres concurrence directement la Mercedes Grosser 770 elle aussi livrable en motorisation huit cylindres et dont les dimensions sont très voisines.

La Horch 951 Pullman limousine lancée en 1937 est une évolution des limousines précédentes. Son moteur est un huit cylindres de 5 litres. Son style peut rappeler certaines réalisations britanniques.

La nouvelle génération de la Grosser 770 (W150) lancée en 1938 et dotée du même moteur a les faveurs du gouvernement nazi qui les utilise abondamment au dépens de la Horch 951. Cette dernière se console en devenant pendant la Seconde Guerre mondiale une voiture d’état-major appréciée au sein de la Wehrmacht. Sa production ne dure que trois ans de 1937 à 1940, totalisant 482 unités dont 315 limousines Pullman, ce qui est un chiffre très supérieur à celui enregistré par la Mercedes 770 (W150) qui n’a pas dépassé les 88 exemplaires produits dont une bonne partie réservée au gouvernement allemand. La Mercedes 770 visible dans les nombreux documentaires de l’époque est alors la plus chère des voitures allemandes.

Horch 951 A Sedan Cabriolet Erdmann & Rossi. Fondée en 1898 par Willy Erdmann, la société a commencé à fabriquer des autocars. En 1906, le vendeur de voitures Eduard Rossi rejoint l'entreprise, qui se consacre alors à la carrosserie automobile. En 1909, Rossi meurt dans un accident. Des nazis de premier plan comme Hermann Göring et Rudolf Hess sont devenus des clients, tout comme des célébrités fidèles au régime comme le pilote automobile Bernd Rosemeyer.


1938 : Horch domine le marché allemand du luxe


En 1938, alors que Horch occupe 58 % du marché allemand du luxe, marquant un progrès sensible par rapport à 1930, la gamme du constructeur de Zwickau comprend les modèles 830 BL et 930 V (huit cylindres de 3823 cm3 développant 92 ch) et les 853A, 855 et 951A (huit cylindres de 4944 cm3 développant 120 ch), l’offre moteurs de la marque étant alors réduite à deux unités, contre cinq en 1931. Ces modèles sont livrables avec différents empattements et diverses carrosseries, allant du roadster deux places à la grosse conduite intérieure Pullman, en passant par la berline et le cabriolet quatre places.

Les Horch 830 à moteur V8 sont disponibles dans des versions à empattement long, telle cette limousine Pullman. La vitesse maximale varie de 115 km/h à 125 km/h selon la cylindrée.

Certains modèles sont habillés à l’extérieur par les plus grands carrossiers allemands, comme Erdmann & Rossi ou Voll & Ruhrbeck, qui réalisent notamment de superbes voitures de sport dont l’élégance n’ont rien à envier aux Mercedes de même catégorie. La firme Horch est connue durant toutes les années 30 pour ses luxueuses voitures d'un prix légèrement inférieur à celui des voitures similaires des marques concurrentes Mercedes et Maybach.

Lancées en 1933, les Horch 830 sont les premières voitures de la marque à être équipées d’un moteur huit cylindres en V, inspiré de la technique américaine. Ce modèle Pullman cabriolet est utilisé comme voiture d’état-major durant la Seconde Guerre mondiale.


1939 : La nouvelle Horch de ligne " streamline "


En 1939, Horch présente une toute nouvelle ligne aérodynamique, résultat de travaux en soufflerie très poussés. Cette limousine à six glaces latérales baptisée 930 S - S pour Stromlinie ou streamline en anglais - s’inspire de différents prototypes de ligne aérodynamique réalisés par les marques du groupe Auto Union entre 1935 et 1938 ainsi que des récentes voitures de course du constructeur. Elle réunit le raffinement à l’innovation avec une carrosserie ponton, une ligne lisse sculptée par le vent, une calandre inclinée et des phares intégrés. Basée sur le châssis de la 930 V, sa carrosserie effilée s’étire sur 5,53 mètres de long et 1,95 mètre de large. La hauteur ne dépasse pas 1,46 mètre. Son moteur est celui de la 930 V : un V8 de 3823 cm3 de 92 ch permettant de filer à 170 km/h, performance très rare pour une berline en cette fin des années 30. Une 930 V ne dépasse pas les 130 km/h. La 930 S n'est malheureusement pas produite en série, du fait de la guerre qui débute peu après sa présentation. Seulement deux exemplaires sont fabriqués en 1939.

Horch se lance dans le streamline en 1939, avec cette limousine 930 S (S comme Streamline). Ce style d’avant-garde démode d’un coup tous les autres modèles de la marque, mais la déclaration de guerre en septembre 1939 empêche la 930 S d’être commercialisée.

En raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la production de Horch est stoppée, comme celle de la plupart des firmes automobiles allemandes. Horch produit néanmoins pendant la guerre des véhicules militaires utilisés sur tous les fronts, notamment le fameux Horch 901. En 1944, ses usines sont bombardées.

Le Horch 901 (Pkw Kfz.15) est un véhicule militaire de transport fabriqué à plus de 12 000 exemplaires de 1937 à 1943, par la firme de Zwickau mais également par Wanderer et par Opel. Le moteur est un huit cylindres Horch pour les modèles produits par Horch et Wanderer, et un six cylindres Opel pour les modèles assemblés chez Opel.

Après remise en état, quatre modèles 930 S sortent de l’usine de Zwickau - située alors dans la zone contrôlée par les Soviétiques qui deviendra l’Allemagne de l’Est - avec certaines modifications, notamment un nouveau dessin de la partie avant qui est dotée désormais d’une calandre verticale intégrant neuf barres horizontales chromées dont cinq débordent sur les ailes avant, à la manière de certaines voitures américaines de 1941-1942.

En 1948, la Horch 930 S réapparaît en Allemagne de l’Est - la RDA sera officialisée en 1949 - avec quelques modifications, principalement sur la partie avant. Mais seulement quatre modèles sont produits au total, sans doute à partir de modèles d’avant-guerre partiellement assemblés et soigneusement stockés.


L’usine de Zwickau se retrouve en zone soviétique


DKW qui est la seule marque du groupe Auto Union à renaître juste après la guerre s’inspire de l’originale 930 S pour créer sa petite " Meisterklasse ". Les marques Audi et Wanderer ne sont pas reprises, et Audi ne sera ressuscité qu'en 1965. Quant à la marque Horch, elle se voit cantonnée à la production de camions en RDA puisque l’usine de Zwickau se retrouve après la guerre dans la zone contrôlée par les Soviétiques. Cette usine nationalisée par le nouveau pouvoir communiste produit aussi les berlines IFA F8 et F9, dérivées des DKW de l’immédiat avant-guerre. August Horch disparaît en 1951, au moment même où la firme DKW reprend progressivement une production régulière en RFA. Le fondateur de Horch et de Audi n’a donc pas eu le temps d’assister à la renaissance de ces deux marques, l’une officialisée en 1956 et l’autre en 1965.


Renaissance programmée de la marque Horch en RDA


En 1953, une Horch 830 B d’avant-guerre est recarrossée à la demande de l’un des anciens dirigeants de la marque, Richard Bruhn. Ce modèle qui rappelle fortement le style de la Mercedes 300 de 1951 mais également celui de la BMW 501 de 1952 restera un exemplaire unique. Restauré, il est emmené au musée Audi à Ingolstadt où il est encore exposé aujourd’hui.

En 1953, apparaît ce qui aurait pu être la nouvelle Horch, mais ce modèle directement inspiré des Mercedes 300 (1951) et BMW 501 (1952) n'est fabriqué qu’à un seul exemplaire.

La marque Horch va néanmoins refaire parler d’elle car les autorités est-allemandes décident de commercialiser une berline plus grande et plus luxueuse que la Wartburg 311 lancée en 1955 et assemblée sur le site d’Eisenach qui produisait jusqu’alors les EMW 340, dérivées des BMW 326 d’avant-guerre. C’est l’ancienne usine Horch de Zwickau qui se voit confier la fabrication de ce nouveau modèle de haut de gamme réservé aux dignitaires du régime communiste de RDA et c’est tout naturellement cette marque qui est choisie pour désigner le modèle, même si le groupe Auto Union transféré en RFA ne l’entend pas de cette oreille puisque celui-ci considère qu’il est seul propriétaire de la marque Horch … Les autorités est-allemandes passent outre.


1956 : Lancement de la Horch P240


La nouvelle Horch P240 est donc présentée en RDA à la Foire de Leipzig en mars 1956. Esthétiquement très sage, s’inspirant de certaines berlines américaines mais aussi de la Renault Frégate, la P240 - appellation en rapport avec la cylindrée de son moteur - se veut malgré tout dans l’air du temps en se dotant d’une carrosserie ponton, d’une peinture bicolore, d’une imposante calandre à fanons, d’une lunette arrière panoramique et de petits ailerons arrière … Sous le capot, on trouve un tout nouveau six cylindres de 2407 cm3 développant 80 ch, qui permet à la voiture d’atteindre une vitesse maximale de 140 km/h. Ce moteur est accouplé à une boîte de vitesses à quatre rapports. Comme les anciennes EMW, mais contrairement à la récente Wartburg 311, la P240 est une propulsion. Voiture de luxe dotée de six glaces latérales et longue de 4,73 mètres, la P240 destinée à l’élite de l’Allemagne de l’Est dispose d’un équipement complet, comprenant notamment un appareil de radio ainsi qu’un système de chauffage/ventilation.

La Horch P240 lancée en 1956 n’a rien à voir avec le groupe Auto Union basé désormais à l’Ouest. Elle n’a aucun rapport non plus avec les superbes Horch huit cylindres de l’immédiat avant-guerre. Cinq exemplaires d'un cabriolet Horch P240 quatre portes de parade sont fabriqués.

La Horch P240 demeure complètement inconnue en Allemagne de l’Ouest et à fortiori dans toute l’Europe de l’Ouest. Evidemment, le modèle renie totalement l’héritage des prestigieuses Horch huit cylindres et douze cylindres d’avant-guerre, mais il est incontestable qu’il s’agit à l’époque de la voiture la plus luxueuse commercialisée en RDA. Le 1er mai 1958, l’ancienne usine Horch de Zwickau adopte la raison sociale VEB Sachsenring Automobilwerk Zwickau. Le nom Horch disparaît alors, la voiture s’appelant désormais Sachsenring P240, faisant ainsi davantage référence à la région de la Saxe où se situe l’usine de Zwickau. Ce changement de nom permet de régler tout problème juridique avec le groupe Auto Union basé en Allemagne de l’Ouest. Parallèlement aux berlines, l’usine de Zwickau assemble également quelques breaks pour la télévision est-allemande.

La Horch 240 va devoir changer de nom en 1958 suite aux réclamations répétées du groupe Auto Union qui se considère comme le seul propriétaire de la marque Horch. Le modèle devient donc une Sachsenring à partir de 1958.

En 1959, la fabrication de la P240 est stoppée, après seulement 1 382 exemplaires produits. Ce modèle n’aura pas de descendance. L’usine de Zwickau se spécialise alors dans la fabrication de petits modèles populaires baptisés Trabant, et cette production se poursuivra jusqu’en 1991.


Epilogue


Les dirigeants de l’entreprise IFA puis VEB Sachsenring Automobilwerk Zwickau ont initialement prévu de construire 9 000 Horch P240 par an et d’en exporter une bonne partie vers les pays du Bloc de l’Est, mais les pressions exercées par les Soviétiques et les Tchécoslovaques, qui viennent de lancer leurs Volga M21 et Tatra 603 destinées au même usage, ont raison des ambitions est-allemandes.

Dix ans après sa disparition, la P240 renaîtra en 1969 sous la forme d’un cabriolet de parade baptisé " Repräsentant ", commandé par le pouvoir communiste pour participer aux défilés commémorant les vingt ans de la RDA. S’il utilise le châssis de la vieille berline Sachsenring, ce modèle se distingue par une ligne moderne évoquant la Wartburg 353.

Cet imposant cabriolet P240 commandé par les autorités pour commémorer les vingt ans de la naissance de la RDA est exposé au Musée August Horch à Zwickau.

La résurrection de la marque Horch est évoquée plusieurs fois durant les années 80 et 90, sous l’égide du groupe Volkswagen devenu propriétaire de la marque Audi en 1965, mais sans que ce projet ne se concrétise sous quelque forme que ce soit. En 2021, le nom Horch revient dans l’actualité puisqu’il désigne les plus huppées des Audi A8, un peu à la manière de Maybach dont le nom est apposé sur les versions les plus luxueuses des Mercedes Classe S.

A partir de 2021, le nom Horch devient une finition de grand luxe proposée sur les limousines Audi A8 à empattement long, à l’image de Maybach qui devient une finition de grand luxe des Mercedes Classe S à empattement long.

Quant à l’usine de Zwickau, elle existe toujours et fait partie de l’outil industriel du groupe Volkswagen qui l'a rachetée en 1991, après la réunification des deux Allemagne. Elle est dédiée aujourd’hui à la fabrication des voitures électriques du constructeur allemand, comme les ID3 et ID4, après avoir fabriqué des Polo, des Golf et des Passat. C’est donc une usine à la pointe de la technologie, ce qui n’aurait pas déplu à August Horch lui-même …

Texte : Jean-Michel Prillieux
Reproduction interdite, merci.

Retour au sommaire de Marques disparues - Retour au sommaire du site