Callista
A la fin des années 40, Antonio Monge, dirigeant d'une petite entreprise de préparation mécanique pour la compétition automobile, et Robert Rowe, expert en électricité et responsable du bureau d'études chez Fulmen, décident de combiner leurs compétences pour créer une voiture de sport légère et abordable, basée sur la Panhard Dyna X. Cette collaboration se terminera en 1953. Dans son prolongement, Raymond Gaillard, un de leurs anciens pilotes, reprendra l'affaire pour donner naissance à la marque Arista. Antonio Monge et Robert Rowe se sont rencontrés pendant la guerre, lorsqu'ils ont fabriqué des petits véhicules électriques à batterie Fulmen pour certaines administrations. Robert Rowe, qui possède un certain talent pour dessiner des carrosseries, trace les lignes du roadster Callista. D'origine grecque, ce mot signifie étymologiquement " la plus belle ". Celui-ci est engagé aux 24 Heures du Mans en 1950 sous le numéro 56, avec pour pilotes Raymond Gaillard et Pierre Chancel. Raymond Gaillard, outre ses compétences en course, est le propriétaire de l'une des plus importantes concessions Panhard de Paris, le Grand Garage Molière, haut de six étages, rue de Ranelagh dans le 16e arrondissement. Pierre Chancel, pilote auto et moto, vendeur et mécano, est un panhardiste convaincu. La voiture se classe vingt-huitième au général. D'autres voitures à moteur Panhard courent cette année-là, notamment des DB et des Monopole.
Callista, 24 Heures du Mans, 1950. C'est la première participation de la marque au Mans. La voiture semble échappée d'un manège pour enfants. Callista Coupe des Alpes A la fin des années quarante, les petites voitures de sport à caractère économique sont quasi absentes du marché français. Seule la Simca 8 Sport, qui n'a d'ailleurs de sportif que son nom, défend les couleurs tricolores. Pour profiter de ce manque, à l'issue des 24 Heures du Mans, Antonio Monge et Robert Rowe décident de prolonger l'affaire en commercialisant en petite série leur cabriolet.
L'actrice Martine Carol (1920-1967) présente la Callista. Elle fut, jusqu'à l'arrivée de Brigitte Bardot, la vedette française la plus célèbre et la plus populaire des années 1950. Leur dossier de financement n'est hélas pas à la hauteur de leur enthousiasme. Ils proposent à Raymond Gaillard, l'un des deux pilotes qui a largement contribué à l'engagement au Mans, de mettre en place un partenariat financier. Celui-ci est intéressé. La voiture est présentée au Salon de Paris en octobre 1950. Les premières Callista sont vendues sous le nom de Coupe_des_Alpes, en référence à leurs résultats sur cette course d'endurance.
Dans cette publicité publiée dans l'AAT d'octobre 1950, la Callista distribuée par la SAVAM, société appartenant à Raymond Gaillard, justifie sa dénomination Coupe des Alpes par ses résultats lors de son engagement dans cette épreuve en 1950. Callista Ranelagh Sport Pour étoffer son stand au Salon de Paris 1950, Raymond aimerait présenter sa propre interprétation d'un roadster à caractère sportif, toujours sur base Panhard Dyna X. Les hommes de Callista se mettent à l'oeuvre, est c'est ainsi qu'est exposée au Grand Palais la Ranelagh Sport, dont le nom fait référence à la rue dans laquelle est installé le Grand Garage Molière. Comparée au cabriolet Coupe des Alpes, l'apparence sportive de la Ranelagh est plus marquée. Deux niveaux de puissance sont proposés, 33 et 38 ch. Chaque acheteur, selon ses goûts et ses moyens, peut choisir le degré de finition.
Le roadster Ranelagh Sport est présenté au Salon de Paris en 1950. La voiture a fait l'objet de nombreux reportages dans la presse, presque toujours en position décapotée comme ici.
Callista devient un vrai constructeur avec une offre à deux modèles. En effet, la Coupe des Alpes et la Ranelagh sont exposées en même temps sur le stand Callista du Salon de Paris 1950. Présentée avec un 610 cm3, la Renelagh bénéficie rapidement du nouveau moteur Panhard type 120, dont la cylindrée a été portée à 745 cm3 en avril 1950. Ainsi dotée, la petite sportive dépasse les 135 km/h.
La SAVAM et le Grand Garage Molière appartiennent à Raymond Gaillard. Dans ce second volet de la publicité parue dans l'AAT d'octobre 1950, le garagiste parisien passerait presque pour un grand constructeur. A l'occasion de l'épreuve des 24 Heures du Mans disputée les 23 et 24 juin 1951, Raymond Gaillard engage un roadster Ranelagh sous la marque Callista Panhard, afin de respecter un accord avec le constructeur de la Porte d'Ivry. Il en confie le volant à Robert Schollemann (1912-2008) et Jean-Paul Colas (1911-2019), journaliste à l'Automobile et à Radio Monte-Carlo. La voiture termine en 27e position, sur 30 voitures à l'arrivée. Ce roadster présent au Mans diffère de la version initiale par une nouvelle face avant, ornée de six barres verticales et d'une barre horizontale centrale, que l'on retrouve aussi désormais sur le modèle de série.
Tandis que Robert Schollemann et Jean-Paul Colas terminent 27e aux 24 Heures du Mans à bord de la Callista numéro 58, Raymond Gaillard terminent en 25e position à bord d'une Panhard type F611 F2. Son copilote est comme en 1950 Pierre Chancel.
La version de série redessinée du roadster Ranelagh reprend le dessin simplifié de la calandre de la Callista numéro 58 inscrite aux 24 Heures du Mans 1951. Le saute vent est remplacé par un pare-brise rabattable . Panhard commercialise à partir d'avril 1952 son modèle Junior qui reprend le concept du roadster économique, comme la Ranelagh, mais à un prix nettement inférieur. Les Ranelagh et Coupe des Alpes ne peuvent pas lutter à armes égales contre la Junior, produite par un grand constructeur. Antonio Monge préfère se retirer de l'affaire, pour se consacrer exclusivement à son atelier de préparation mécanique. Callista Auteuil Robert Rowe persiste, et ajoute à sa gamme un nouveau coupé Auteuil. Il continue de faire vivre l'affaire en s'associant avec un personnage qui va hélas se ruiner peu après dans une affaire d'importation de tracteurs agricoles défectueux en provenance de Roumanie. Le personnage mettra fin à ses jours, signant parallèlement la disparition de Callista début 1953.
En 1950, Robert Rowe dessine le coupé Auteuil. Ce modèle n'atteint pas le stade de la production. Son empattement limité à 2,13 mètres ne permet pas d'aménager un habitacle suffisamment vaste pour quatre personnes. Raymond Gaillard, dont le rôle a jusqu'alors été celui d'un partenaire financier et d'un distributeur via son garage parisien, décide de créer sur les restes de Callista la nouvelle marque Arista. La production reprend avec un seul modèle : le roadster Callista Ranelagh devient l'Arista Le Mans, en souvenir de la participation de Raymond Gaillard sur l'épreuve mancelle en 1950 et 1951. Mais il s'agit là d'une autre histoire. Extrait de l'AAT, octobre 1951 : Dans la famille Panhard, les Callista dont le montage coque châssis est d'une conception très spéciale, ont toutes des carrosseries construites en Duralinox de 12 et 16/10, sur le principe de la coque métallique, fortement cloisonnée et entretoisée. Ces voitures ont été éprouvées en compétitions avant d'être commercialisées. Le prototype, un cabriolet " Coupe des Alpes " avant la lettre, mis immédiatement en course, se classa très honorablement aux 24 Heures du Mans 1950. Peu de temps après, la deuxième voiture construite, un cabriolet du même type, enlevait la Coupe de Vitesse de Bergarme à plus de 116 de moyenne et arrivait première dans la Coupe des Alpes. Ajoutons que, malgré son excellent CX, la cabriolet comporte 4 places confortables, sa largeur intérieure au dossier avant de 1,22 mètre n'étant atteinte en général que sur des voitures de cylindrée supérieure. Sa distribution est assurée en France par les concessionnaires et agents Panhard. Le modèle " Coupe des Alpes " est au prix de 960 000 francs ; le modèle " Auteuil , à 980 000 francs. Dans la même production, citons les modèles " Ranelagh " qui se sont brillamment conduits dans la difficile épreuve Liége-Rome-Liége. Ces voitures, hautement appréciées par l'élite sportive, sont distribuées par le Grand Garage Molière, 64, rue du Ranelagh, Paris (16) au prix de 950 000 francs. Texte : André Le Roux / Jean-Michel Prillieux |
Retour au sommaire de Marques disparues - Retour au sommaire du site