Amphicar, la voiture amphibie
Amphicar est une marque de voiture amphibie créée par Hans Trippel en 1960. Cette voiture unique en son genre a été commercialisée jusqu’en 1968, après avoir été fabriquée à 3 878 exemplaires. Hans Trippel (1908-2001) est un designer industriel allemand qui s'est lancé en 1935 dans la conception de prototypes de véhicules amphibies tout-terrain. En 1936, le gouvernement nazi se dit très intéressé par ses projets et une usine est créée à Hambourg pour la production de masse de l'un des ses véhicules. Celui-ci présente une carrosserie profilée en forme de baignoire. Destiné à un usage civil, le Schwimmwagen SG-6 intéresse surtout les militaires et reçoit les premières commandes de la Wehrmacht qui voit là un outil idéal pour traverser fleuves et rivières sans encombre, pour ensuite poursuivre sa route comme n’importe quelle voiture. Le SG-6 est fabriqué à Hambourg de 1937 à 1940. Le moteur est un six cylindres - d’où la dénomination SG-6 - de 55 ch emprunté à l’Opel Kapitan. Des améliorations sont apportées à la version de base. Ainsi les portes sources de difficultés sont supprimées.
Produit à partir de 1937, le SG6 a une curieuse carrosserie en forme de baignoire. Sa rentabilité économique n'est assurée que grâce aux commandes de la Wehrmacht. A la demande des militaires, une version du SG-6 est produite avec un habitacle agrandi pour transporter jusqu'à seize soldats. La production du SG-6 (rebaptisée SG-6/41) débute en 1941 dans l’usine Bugatti de Molsheim en Alsace, territoire redevenu allemand. Elle résulte d'un contrat signé le 12 août 1940 avec Hans Trippel. Ettore Bugatti suspend en effet en 1940 toute production automobile, et il cherche à garantir l'emploi de ses salariés. Cette initiative lui sera reprochée à la fin de la guerre. Trippel prend par cet accord le contrôle de l’usine de Molsheim. A partir de 1942, une version dt SG-6 est disponible avec un toit pliant. En 1943, la production du SG-6 est arrêtée, le gouvernement allemand ayant décidé de tout miser sur la Volkswagen Schwimmwagen (Type 166) beaucoup plus légère et moins chère à fabriquer. Ce sont environ 800 SG-6-Schwimmwagen qui ont été produits, alors que son homologue de chez Volkswagen a été fabriqué à près de 15 000 exemplaires. Il n’y a pas photo ! Après la défaite de l'Allemagne en 1945, Hans Trippel est interné comme profiteur de guerre par les autorités françaises pendant trois ans, jusqu'en 1949. En 1950, l’ex prisonnier fait de nouveau parler de lui en présentant la SK-10, un petit coupé de 3 mètres de long à la carrosserie profilée, doté d’un moteur bicylindre Zundapp de 600 cm3 de 18,5 ch placé à l’arrière.
L'ingénieur Allemand Hans Trippel a consacré sa vie à la conception de véhicules amphibies, mais s'est aussi intéressé à la fabrication d'un coupé, la Trippel SK10. Une vingtaine d'exemplaires auraient été produits. Ce modèle aurait pu connaître un certain succès, mais il est sorti trop tôt, la mode des microcars en Allemagne n’étant lancée qu’à partir du milieu des années 50. Elle se concrétisera par le lancement des Goggomobil, Isetta, Zundapp, Heinkel, Messerschmitt, etc… La voiture est modifiée en 1951, elle s’allonge notamment de dix centimètres et une version cabriolet apparaît en 1952, mais rien n’y fait. Seulement une vingtaine d’exemplaires voient le jour. La SK-10 est adoptée en 1953 par la SIOP - Société Industrielle de l’Ouest Parisien - pour donner naissance au petit coupé Marathon Corsaire à moteur Panhard. La SIOP a repris les destinées de la marque Rosengart et pense que cette auto pourrait relancer son activité alors en pleine déliquescence. C'est un échec cuisant, et la SIOP disparaît au printemps 1954.
Améliorant sans cesse son coupé, Hans Trippel parvient à en vendre les plans à la SIOP, société bâtie sur les restes de Rosengart, qui commercialise la voiture sous le nom de Marathon Corsaire en la dotant d'un flat-twin Panhard. 1960 : L’Amphicar Model 770 Entre 1953 et 1960, Hans Trippel relance l’idée d’une voiture amphibie de loisirs et met au point plusieurs prototypes dont le résultat final est l’Amphicar dévoilée au Salon de l’Automobile de New York en mars 1961. Le nouveau modèle se présente sous la forme d’un cabriolet deux portes de 4,34 mètres de long dont la carrosserie en alliage d’acier évoque la coque d’un bateau. L’Amphicar - abréviation des mots Amphibie et Car, voiture en anglais - est aussi à l’aise sur route que sur l’eau. Il s’agit réellement de la descendante des Schwimmwagen des marques Trippel et Volkswagen, mais cette fois il s'agit d'une version civile.
Hans Trippel revient à ses vieux rêves d'amphibie à partir de 1957. Il conçoit d'abord un engin à mécanique Austin A35 à trois places connu sous le nom d'Alligator qui devient finalement l'Amphicar à quatre places et moteur Standard Triumph Herald dont on peut ici admirer l'un des prototypes qui date de 1960. Pour prouver la fiabilité de l’engin, les français Jean Bruel et Tony Andal traversent la Manche en Amphicar le 10 août 1962. Partant de Calais, ils débarquent avec succès à Douvres 5 heures et 50 minutes plus tard. De type monocoque, l'Amphicar est doté du moteur quatre cylindres de la Standard Triumph Herald de 1147 cm3, d'une puissance de 38 ch puis 45 ch, monté à l'arrière et animant les roues arrière. Une transmission spéciale entraîne deux hélices placées à l’arrière, sous le pare-chocs, qui assurent une vitesse dans l'eau de 6 nœuds (10 km/h). Sur route, la vitesse maximale est de 110 km/h. L'Amphicar qui pèse une tonne est un peu haut sur pattes. L’avant se termine en pointe, comme sur un bateau. L’appellation 770 semble assez énigmatique, et elle n’a rien à voir avec la fameuse Mercedes 770 Grosser de la fin des années 30 … Il s’agirait plutôt d’une addition de la vitesse espérée de 7 nœuds dans l’eau et 70 miles à l’heure (112 km/h) sur route. Hans Trippel destine ce véhicule principalement au marché américain, avec un style adapté au public visé, notamment des ailerons arrière surdimensionnés qui présentent l'avantage de protéger en partie le moteur des vagues.
L’Amphicar 770 lancée en 1960 en mode voiture. Il s’agit d’un cabriolet deux portes de 4,34 mètres de long assez joliment dessiné. Evidemment, il n’y a pas de calandre, les entrées d’air du moteur sont présentes uniquement sur le dessus du capot à l’arrière. Le capot peut s’ouvrir depuis la banquette, ce qui permet l’accès au moteur sans quitter l’habitacle en cas de panne sur l’eau. Le moteur Standard Triumph est réputé pour ses performances, son poids, sa facilité d’utilisation et sa fiabilité. Plusieurs mécaniques ont été testées sur les véhicules de présérie et c’est la mécanique anglaise qui a rassemblé le plus d'atouts. Afin de sécuriser l’étanchéité de l’habitacle, une petite manette chromée située à l’intérieur de chacune des deux portières permet de resserrer leur fermeture en comprimant les joints.
L’Amphicar 770 lancé en 1960 en mode bateau. Les véhicules capables d’être aussi à l’aise sur la route que sur l’eau se comptent sur les doigts de la main. La plupart des Amphicar sont vendus aux Etats-Unis. Le président Lyndon B. Johnson en a possédé un. Au total, 3 878 Amphicar ont été produits de 1960 à 1965 dans les usines de Lübeck et Berlin-Borsigwalde, mais le modèle est demeuré au catalogue jusqu’en 1968, le temps d’écouler tous les stocks. Il n'a pas connu pas le succès espéré par son constructeur, qui comptait en écouler près de 25 000 unités. Malgré tout, l’Amphicar reste un modèle très original et de nombreux exemplaires " roulent " encore. La compagnie Walt Disney World à Orlando en Floride en détient huit exemplaires pour les balades des visiteurs sur l’eau. Quant aux autres propriétaires américains d’Amphicar, ils organisent régulièrement des réunions accompagnées de circuits touristiques dans divers fleuves et rivières. On en voit un également amarré à une péniche près de la Tour Eiffel et se balader de temps en temps sur la Seine.
Les Etats-Unis ont accueilli près de 75 % de la production des Amphicar, laissant le solde essentiellement aux européens. Texte :
Jean-Michel Prillieux |
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