Calandre

Le magazine Calandre est paru pour la première fois en mars 1982. A cette époque, le nombre de titre de la presse automobile ne provoquait pas vraiment d'encombrement dans les kiosques à journaux comme de nos jours. En France, les revues généralistes, essentiellement l'Automobile, l'Auto-Journal et l'Action Automobile, n'offraient que par le biais de quelques articles un vrai dépaysement comme pouvait le proposer plus largement Calandre. Il fallait acheter le mensuel Auto Loisirs, Auto Verte, pour y trouver un peu d'exotisme.

C'était donc avec un certain plaisir que les adolescents ou jeunes adultes se précipitaient sur cette nouvelle publication, même si l'on ressentait très bien qu'elle n'avait pas la même consistance que ses grandes soeurs d'un point de vue journalistique, et que les moyens de la rédaction semblaient restreints. L'aventure sous la forme qui vous est présentée ici a duré jusqu'au numéro 27 de juillet / août 1984.

Patrice de Bruyne, né en 1949, personnage à la double nationalité belge et française, éditeur et directeur de la publication, souhaitait entraîner ses lecteurs sur des sujets ne concernant pas les automobiles produites en masse. C'est du moins ce qu'il annonçait dans son premier édito. Il allait donc présenter des automobiles marginales, mais si possible toujours en production. Il ne s'agissait pas sauf exception (il y eu en effet quelques dossiers historiques, notamment sur TVR, Lotus, Karmann, Ferrari GTO ...) de parler d'anciennes, mais bien d'automobiles en cours de production.

Patrice De Bruyne fit à l'origine des études d'architecte. Ensuite, il commença par éditer des revues d'architecture et de décoration, et avec l'argent gagné, il acheta des automobiles, le goût de l'automobile venant, il devint finalement éditeur de magazines dans ce domaine. La plus célèbre de ses publications fut sans doute le mythique Chromes et Flammes, tiré jusqu'à 500 000 exemplaires en cinq langues. On y causait hot rods, choopers, custom, dragster ...

Si Calandre semblait être le magazine d'un seul homme, il était tout de même assisté à partir du premier numéro par un rédacteur en chef, Michel Bourgeois, et par des rédacteurs : Carole Gabus, Jean Luc Delangh, Enzo Di Tulio. Cette équipe évolua dans le temps, avec des départs et de nouveaux arrivants. A la fin des années 80, Patrice de Bruyne vendait sa maison d'édition à un groupe allemand, et s'orienta vers le business de la voiture de collection. En 2006, il créait son site web gatsbyonline : une oeuvre gigantesque et totalement déjantée.

Le premier numéro de Calandre était vendu 12 francs (3,93 euros de 2014). Il pouvait faire fantasmer les jeunes lecteurs avec quelques vues suggestives de la Vector. Les autres articles étaient plus sobrement illustrés, et vous invitaient à découvrir les Bentley et Rolls Royce de 1982, la Corvette 1983, la TVR Tasmin, l'Audi Quattro Quartz Pininfarina, la Mercedes Carat de Duchatelet, l'Auburn d'Elegant Motors et les Donkervoort. Pour l'instant, le magazine ne s'embarrassait pas de sommaire, ni de rubrique régulière. Le lecteur était immédiatement plongé dans les articles proposés. Seulement deux pages sur les soixante douze de ce numéro 1 étaient occupées par de la publicité.

La maquette de Calandre, en particulier dans les premiers numéros, était on ne peut plus simple. Les photos parfois d'une qualité très relative étaient posées ici et là, sans grande recherche esthétique. Quelques impressions sur des doubles pages frisaient la catastrophe. La médiocre qualité du papier utilisé ne les mettait pas en valeur. Si les textes étaient correctement rédigés, le style n'avait rien ni d'agréable ni de palpitant. En fait, on peinait à rentrer dans les histoires. L'ensemble semblait confus et paraissait vraiment manquer de structure et d'épaisseur.

Dans le numéro 2 était annoncé un test de comparaison des Ferrari 400 GTi (curieuse cette appellation GTi), Porsche 928 et Maserati Kyalami. Toutes les photos étaient issues de documents publicitaires et jamais les voitures ne se retrouvaient ensemble sur un même cliché. Et curieusement, ce n'est pas une Kyalami qui était illustrée, mais une Quattroporte !

S'il était tout de même un élément qui pouvait vous laisser penser que la rédaction avait réellement rencontré une des voitures décrites, c'était la présence d'un femme sur les photos, toujours la même. Elle jouait les mannequins. L'épouse du boss ? Ce mensuel présentait aussi parfois le défaut de textes en caractères blanc se superposant sur des photos claires, rendant les articles quasi illisibles.

Calandre numéro 12

Celui qui était à la fois collectionneur de brochures publicitaires et lecteur de Calandre pouvait ressentir une certaine frustration. Trop souvent, le mensuel ne faisait que reprendre dans la quasi intégralité les catalogues des constructeurs pour illustrer les articles. Dans le numéro 5, il s'agissait tout simplement de vingt deux pages d'un catalogue Rolls Royce qui étaient reproduites, textes et photos ! Dans le numéro 12, on découvrait vingt huit pages sur Zender, et l'on ne savait plus très bien s'il s'agissait de rédactionnel ou de publi-rédactionnel. L'aspect remplissage était flagrant. Le lecteur appréciait t'il ? On peut en douter.

La pagination du numéro 10 augmentait quelque peu avec 88 pages au lieu de 72, le prix aussi qui passait de 12 à 15 francs pour ce numéro. Dès février, la pagination revenait à 72 pages, pour un prix inchangé de 15 francs. Le prix augmentait à 18 francs pour le numéro 26 de juin 1984. On peut saluer la régularité de parution, une fois par mois. Il y eu cependant quelques numéros doubles : le 10 couvrant la période décembre 82 / janvier 83, le 16 la période juillet / août 83, et le 27 la période juillet / août 1984.

Demeurons objectif, il fallait prendre le mensuel Calandre pour ce qu'il était : du rêve en couleur sur papier pour pas très cher, et l'occasion de découvrir même de manière superficielle des autos qu'aucun magazine ne prenait alors la peine d'évoquer. Il faut tout de même reconnaître qu'au fil du temps, ce mensuel évolua par petites touches dans sa forme, mais pas vraiment dans le fond. Le prix demandé (équivalent à environ 4,50 euros de 2014), raisonnable, correspondait au produit offert, sans plus.

Calandre numéro 26

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