Automobilia
Automobilia dans sa présentation des premiers numéros Automobilia dont le premier numéro est apparu en kiosque en avril 1996 se présentait d'emblée comme une revue de documentation et d'histoire, consacrée à l'automobile sur le sol français, sous différents aspects : les marques, les modèles, les constructeurs, les carrossiers, les hommes, et les miniatures. Cette revue mensuelle était publiée par Histoire & Collections, éditrice par ailleurs du magazine Charge Utile, en kiosque depuis 1992. Ce titre était accueilli avec intérêt par le petit cercle des amateurs d'histoire automobile. Le Fanatique de l'Automobile avait disparu en 1989 et l'Automobiliste était moribond depuis la fin des années 80. Automobile Classique était plus élitiste dans le choix des automobiles présentées. Auto Rétro et Rétroviseur étaient moins centrés sur l'aspect purement historique, et présentaient une vocation plus généraliste, plus grand public. Automobilia proposait une profusion de documents d'époque (de 100 à 150 photos ou reproductions de catalogues environ par numéro), contrairement à d'autres titres qui pouvaient se satisfaire de photos contemporaines de voitures anciennes, ou au moins d'un mixte entre documents anciens et contemporains. Surtout, les textes historiques étaient parfaitement documentés. Une large place était réservée au dessin, qu'il s'agisse de présenter de manière synthétique une gamme ou une vision teintée d'humour du monde de l'automobile. D'ailleurs, à ses débuts, Automobilia était la seule revue en kiosque avec systématiquement un dessin sur la couverture (sauf le numéro 6). Celui-ci était signé Alain Chevrier jusqu'au numéro 39, puis Jean-Pierre Parlange pour les parutions suivantes. Mais petit à petit, les photos prirent le pas sur le dessin. Il convient de noter que pour les numéros 18, 19, 20 et 21, il y eut deux types de couvertures. Il s'agissait d'une expérience menée sur certaines régions sur les ventes en kiosque, pour évaluer l'impact de la photo et du dessin sur les motivations d'achat. Les abonnés ne reçurent que la version dessinée. Dans chaque numéro, la première double page accueillait l'édito et le sommaire. Elle était illustrée par un dessin du talentueux Thierry Dubois (du moins jusqu'au numéro 95) qui représentait dans les premiers numéros des voitures qui auraient pu exister ou qui ne dépassèrent pas le stade du prototype, puis plus tard des scènes imaginaires de la circulation des années trente à soixante. Ce magazine souhaitait rompre avec le système consumériste trop souvent associé à la voiture ancienne. D'ailleurs, la publicité n'y occupait qu'une place réduite. Automobilia ne s'adressait pas qu'aux propriétaires d'anciennes, mais plutôt à l'ensemble des passionnés d'histoire automobile. Et pour ceux qui n'avaient pas l'envie ou les moyens de s'offrir une ancienne à l'échelle 1, un chapitre était consacré tous les mois aux miniatures du passé ou en vente à l'époque de la parution du magazine.
Automobilia était un bimestriel depuis le numéro 41 Automobilia avait fait le choix de ne pas s'intéresser aux questions pratiques relatives à l'acquisition, à la possession, ou à la restauration de véhicules. De même, il n'était pas question de développer outre mesure ce que d'autres faisaient fort bien, c'est-à-dire l'actualité sur les manifestations d'anciennes qui émaillaient le calendrier. Seules quelques manifestations d'importance faisaient l'objet d'un compte rendu : La Locomotion en Fête, Rétrospective au Mondial de Paris, Rétromobile ... Dès son premier numéro, Automobilia annonçait réserver à ses nouveaux abonnés des fac-similés de catalogues anciens, reproduits à l'identique dans leurs couleurs et formats originaux. Il ne faut néanmoins pas se tromper, le papier n'était pas d'époque (et toujours du même grammage), et les couleurs d'origine peinaient à être reproduite parfaitement. De nos jours, le soldeur Tido les propose sur son site ou sur les bourses, et ce à petit prix. Les historiens de l'automobile les plus réputés écrivaient pour Automobilia. Dans le numéro 1, Marc Antoine Colin détaillait les premières années de la Simca 1000, Claude Rouxel évoquait le grand dessin de Chenard & Walker, René Bellu racontait l'histoire de la toute première Traction Avant Citroën, François Jolly s'intéressait à la Sacha Gordine. Le deuxième numéro n'avait rien à envier au premier. Jean-Louis Loubet nous parlait de la Peugeot 204, Gilles Bonnafous de la carrosserie Antem, François Vauvillier de la 402 B sous l'uniforme, René Bellu de la Delahaye 235, Marc Antoine Colin de l'Amilcar Compound ... Mais nous n'allons pas ainsi détailler tous les numéros. Au fil du temps, d'autres rédacteurs vinrent étoffer l'équipe. On peut notamment citer François Allain, Adrien Cahuzac, Xavier Chauvin, Gilles Colboc, Olivier de Serres, Yann Le Lay, Julien Lombard, Patrick Lesueur, François Metz, Dominique Pagneux, Bernard Vermeylen ... et bien d'autres tout aussi talentueux. Automobilia s'intéressait sans sectarisme à toutes les époques, depuis les débuts de l'automobile jusqu'aux années 60/70. Le plus souvent, un seul numéro ne suffisait pas à traiter tel au tel sujet. Nous retrouvions donc d'un numéro à l'autre des première partie, deuxième partie, troisième partie ... à la manière de ce que faisait en son temps Le Fanatique de l'Automobile. Dans son numéro 10, Automobilia sondait ses lecteurs, en les invitant à répondre à un questionnaire. Cela permettait à l'équipe de rédaction de mieux connaître son public. Près de 60 % des lecteurs appartenaient à la catégorie d'âge 25/60 ans, et 10 % environ dépassaient les 60 ans. 46 % possédaient une ancienne, 60 % d'entre eux recherchaient activement de la documentation, et plus de 85 % collectionnaient les miniatures. Les lecteurs se disaient intéressés par l'histoire des marques et des modèles, mais moins par le sport automobile. La période de prédilection était celle des années 50, puis dans une moindre mesure celle des années 35/45 et des années 60/70. Les ancêtres des origines à 1919 attiraient peu les lecteurs, moins encore que les années vingt. Les fidèles du magazine se plaignaient des articles à épisodes avec des suites attendues parfois pendant plusieurs mois. Par contre, ils louaient le courage de l'équipe de proposer une revue d'automobile ancienne avec une quantité incroyable de photos d'époque, une documentation très solide, des renseignements inédits et une vraie recherche dans les archives. Automobilia était bien perçu comme une revue différente, voire unique, dans la presse automobile ancienne.
Avec le temps, sur la page de couverture, le dessin a cédé sa place à la photographie Automobilia qui traitait essentiellement jusqu'au numéro 14 de l'histoire des voitures françaises en France s'ouvrait à partir de ce numéro à l'histoire des voitures étrangères importées, vendues et roulant sur le sol national. La première marque à passer sous les feux de la rampe était Hino, constructeur japonais, dont une partie de l'histoire était étroitement liée à Renault. Suivirent d'autres marques : Mercedes et Jaguar diffusées par Charles Delacroix, les voitures de l'Est de Jacques Poch, etc ... A partir du numéro 40, Automobilia annonçait s'intéresser encore plus à la production automobile étrangère, vendue ou non sur le sol français, et proposait des études sur les Mini, Buick Riviera, Pegaso, Tucker, Studebaker, Kaiser, Armonstrong Siddeley, Daimler, Borgward, etc ... La numérotation des Automobilia va jusqu'au 102, ultime édition. Le magazine fut imprimé au format 210 x 297 avec reliure par agrafe jusqu'au numéro 85, puis au format 200 x 300 avec dos carré du numéro 87 au numéro 95. Cette modification de format permettait une harmonisation avec les numéros hors-série de René Bellu. Une fois le travail de René Bellu terminé avec le numéro 96, Automobilia revenait pour ses six dernières éditions au format 210 x 297, en conservant un dos carré. La pagination était de 52 pages pour le numéro 1, puis de 68 pages du numéro 2 au numéro 85. Elle passait à 84 pages dès le numéro 87, et demeurait à ce niveau jusqu'au numéro 102. Le premier Automobilia était vendu 29 francs, équivalant à 5,80 euros de 2014. Son prix évolua ensuite de manière régulière mais modérée pour suivre l'inflation. Ainsi, le prix du numéro 81 de juin juillet 1986 passait à 6,20 euros, mais il bondissait à 10,95 euros lors du changement de format et de pagination du numéro 87, et se maintenait ainsi jusqu'au numéro 102. Ce montant acceptable pour les numéros hors série de René Bellu l'était moins pour les numéros réguliers, c'est-à-dire proposant une diversité de sujets, et fut sans doute de nature à refroidir certains lecteurs. Automobilia fut un mensuel du numéro 1 au numéro 40. Il y eut cependant un seul numéro en juillet août 1996, et il en fut de même en juillet août 1999. Notez par ailleurs que l'édition de juillet août 1998 présentait une double numérotation 27/28. Puis ce fut un bimestriel à partir du numéro 41 de novembre décembre 1999, et enfin un trimestriel à partir du numéro 87 de août septembre octobre 2007. Désormais, Automobilia sortait en kiosque quatre fois dans l'année, deux fois sous la forme d'un numéro hors-série (les travaux de René Bellu), deux fois sous la forme d'un numéro présentant des sujets variés. Jusqu'au numéro 71, chaque édition correspondait à un numéro régulier. A partir du numéro 72, les numéros pairs correspondaient aux hors-série de René Bellu, et les impairs aux numéros réguliers : 71, 73, 75, 77, 79, 81, 83, 85, 87, 89, 91, 93, 95. Après la parution du dernier dossier de René Bellu (le numéro 96), la numérotation reprenait son rythme normal jusqu'au 102. Récapitulatif :
Une ultime remise en question de la ligne éditoriale intervenait à partir du numéro 97. Marc Antoine Colin, le rédacteur en chef, annonçait se recentrer sur la période antérieure à 1960. Dès le numéro suivant, peut-être face aux réactions des lecteurs, il admettait que des incursions après 1960 restaient encore possibles. En effet, dès le numéro 99, Julien Lombard nous gratifiait d'un historique parfaitement documenté sur l'Autobianchi Primula, puis sur la naissance de la Lamborghini Miura dans le numéro 100. Le numéro 102 d'avril mai juin 2011 fut le dernier. La fin d'Automobilia même si elle paraissait prévisible intervint sans que le rédacteur en chef puisse l'annoncer, comme le fit en son temps le Fanatique de l'Automobile. Les changements de périodicité, de prix, de format semblaient témoigner de difficultés majeures pour assurer la pérennité du titre. Automobilia était un magazine vraiment exceptionnel de par la qualité de son contenu, rédigé par les meilleurs spécialistes de l'Histoire automobile. Même son aspect attirait la sympathie. Il a laissé une place vacante dans la presse automobile, et les passionnés ne peuvent que déplorer sa disparition. Ceux-ci étaient hélas sans doute trop peu nombreux pour permettre à ce titre d'assurer sa survie.
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