L'Anthologie Automobile

Le terme anthologie est connu de tous, mais que signifie t'il ? Il trouve son origine dans le grec anthos (fleur) et legein (cueillir, choisir). Il s'agit selon le Larousse d'un " recueil de morceaux choisis d'oeuvres littéraires ou musicales ". 


Du numéro 1 au numéro 7


Le premiers numéro de l'Anthologie Automobile paraissait pour la période de septembre / octobre 1968. André Gagniard rédigeait l'éditorial :

" J’ai le plaisir de présenter le premier numéro de la " première revue française entièrement consacrée à l'histoire de l'Automobile et à tout ce qui concerne les voitures anciennes ". Paradoxalement, le pays qui avait vu naître le premier véhicule automobile avait peu fait dans ce domaine. Qu'il me soit permis de remercier très sincèrement tous ceux qui, en acceptant de faire partie du Comité de patronage, nous ont fait l'amitié de nous cautionner en quelque sorte. J'ai conscience de la valeur de ce patronage et notre équipe fera tous ses efforts pour en rester digne. Nous savons cependant que ce premier numéro n'est pas parfait : nous continuerons donc à lécher notre petit ours. Mais je voudrais vous demander de nous aider dans cette tâche, vous tous, amis si nombreux qui nous avez fait confiance avant même la sortie de notre premier numéro. Vos photographies, vos documents seront les bienvenus. Faites connaître autour de vous l'Anthologie Automobile, notre revue à tous : éditeurs, rédacteurs et lecteurs, formons une même famille liée par un idéal commun. "

André Gagniard était alors le PDG de la SEDETEC (Société d'EDition et d'Etudes TEChniques), éditeur de l'Anthologie Automobile, mais aussi de deux autres titres, Plaisirs de la pêche, revue née en 1956, et La pisciculture française.

Il présenta son bimestriel à la presse le 7 octobre 1968, au cours d'une réception dans le cadre de la Terrasse Martini des Champs Elysées, où furent conviées de nombreuses personnalités de l'automobile ancienne ou moderne, de la presse spécialisée et  généraliste, de la radio, de la télévision et de la publicité. En s'adressant plus particulièrement aux représentants des agences de publicité, il réfuta l'idée selon laquelle les revues à petit tirage n'offraient que peu d'intérêt comme support. Selon lui, lorsqu'une revue traite d'une passion, d'un loisir, les lecteurs sont plus perméables aux suggestions publicitaires que dans la presse à grand tirage. Il rappelait que les hobbies coûteux comme l'automobile sont surtout pratiqués par un public économiquement fort (du moins à l'époque). Il précisait que la presse généraliste en comparaison ne compte qu'un faible pourcentage d'acheteurs potentiels. On le voit bien, les préoccupations financières et l'avenir de la revue étaient au coeur de cette soirée.

Le comité de patronage (définition du Larousse : appui, soutien officiel accordé à une entreprise, à une action, à une manifestation, par une personnalité, un organisme, etc ...) comprenait les personnes suivantes : Philippe Charbonneaux, Robert Cornière (celui-ci était connu pour avoir racheté un grand stock de voitures et de pièces Bugatti dans les années 60, mais il s'agissait surtout d'un collectionneur réputé et dénicheur de raretés, dont les Voisin), Pierre Dumont, Antony Hannoyer, Alex Kow, Comte Bernard de Lassée (c'est lui, passionné par le monde automobile, qui décida en 1969 d'installer sa collection d'ancêtres dans l'ancienne manufacture d'armes de Châtellerault. Il est décédé en 1991, mais son oeuvre fut poursuivie par la ville), Marcel le Bel, Lucien Loreille (son parcours est mentionné dans l'article consacré au Fanatique de l'Automobile), Jacques Rousseau (Idem), Emile Petit (un ingénieur ayant travaillé pour Salmson), et Serge Pozzoli. La présence de ces personnalités était signalée en début du magazine. Plusieurs d'entre elles  contribuaient alors à la rédaction de l'autre titre consacré à l'automobile ancienne, l'Album du Fanatique de l'Automobile : Serge Pozzoli évidemment, mais aussi Pierre Dumont, Lucien Loreille et Jacques Rousseau.

Dans les premiers numéros, de nombreux articles étaient signés par Christian Henry Tavard , le rédacteur en chef technique, et Thierry Mantoux, son assistant. D'autres rédacteurs moins réguliers faisaient par le biais de divers textes part de leur savoir dans tel ou tel domaine.

Les couvertures des numéros 1 à 4 étaient illustrées à chaque fois d'une voiture ancienne et moderne, toujours de la même marque (Citroën Rosalie et DS dans l'exemple illustré ici). Sur les numéros 5 et 6, on trouvait une ancienne. La couverture du numéro 7 était illustrée par un superbe dessin de Philippe Charbonneaux, destiné à un nouveau modèle Bugatti pour le début des années 50.

La plupart des articles concernaient les voitures d'avant guerre, qu'il s'agisse de voitures de tourisme, de sport ou d'engins destinés aux records. Les auteurs s'intéressaient parfois à des véhicules récents ou contemporains : Fiat 8V ou Citroën DS Présidentielle par exemple.


Jusqu'au numéro 36, la pagination de cette revue était le plus couramment de 52 pages, parfois plus, avec 56, 60 ou 68 pages. Les deux derniers numéros, le 37 et le 38, ne comptaient plus que 12 pages.

Le numéro était vendu 6,50 francs jusqu'au numéro 24, puis 8 francs (7,56 euros de 2013) ensuite jusqu'au numéro 36, ce qui en faisait un magazine sensiblement plus cher que l'Album du Fanatique de l'Automobile. Les numéros 37 et 38 étaient affichés à 5 francs.

Il s'agissait d'un édition bimestrielle, soit six numéros par an. En 1973, l'impasse fut faite sur l'édition de juillet / août. Cette année ne comportait donc que cinq numéros (du 27 au 31). Il en fut de même en 1974, mais cette fois c'est l'édition de novembre / décembre qui fit défaut. En fait, le dernier numéro régulier était paru en septembre / octobre 1974. Le magazine n'était plus disponible pendant près d'un an. Le numéro 37, qui avait plus l'apparence d'une feuille de choux que d'un vrai mensuel, fut édité en octobre 1975. Il fut suivi peu de temps après un numéro 38, toujours considérablement allégé. C'est avec cette dernière édition que prenait fin l'aventure de l'Anthologie Automobile.

L'illustration de la page de couverture, qu'il s'agisse d'une photo ou d'une représentation graphique, faisait toujours l'objet d'un commentaire dans l'une des premières pages. Cela est suffisamment rare et appréciable pour être mentionné, et cette habitude fut adoptée dès le premier numéro, et ce, jusqu'à la fin du magazine. 


Les numéros 8 et 9


L'Anthologie Automobile, numéro 8

Le numéro 8 marquait un tournant pour la revue. En dehors de la page de couverture qui abandonnait dans sa partie supérieure la teinte rose dégradée pour un bleu (numéro 8) et un orange (numéro 9), c'est le remplacement de André Gagniard par Philippe Charbonneaux à la Direction et à la Rédaction en Chef qui marquait cette édition de novembre / décembre 1969.

Dans son dernier éditorial, André Gagniard y faisait l'éloge de Philippe Charbonneaux, styliste renommé, fin technicien, et collectionneur d'automobiles anciennes, doté d'un solide carnet d'adresses aussi bien dans le milieu de l'automobile ancienne que moderne.

On trouvait dans ces numéros 8 et 9 les signatures de François Jolly (historien de l'automobile française, notamment de Delage, Delahaye, DB ...), Philippe Charbonneaux qui nous entretenait de style automobile, Christian Henry Tavard fidèle au poste, JG Jeudi, Yan Kriss, A. de Rouvroy et Alexis Kow.

Ces numéros étaient l'occasion de découvrir deux oeuvres graphiques en page de couverture. Celle du numéro 8 signée Philippe Charbonneaux était consacrée à la cigogne d'Hispano Suiza, et celle du numéro 9 d'Alex Kow à une Panhard des années 30.


Du numéro 10 au numéro 36


L'Anthologie Automobile, numéro 18

A partir du numéro 10 de mars / avril 1970, le bimestriel semblait désormais bien lancé. Les couleurs dégradées du haut de la couverture étaient abandonnées pour une maquette plus sobre, plus moderne.

Ceux qui sont sensibles à l'art de Philippe Charbonneaux apprécieront les couvertures des numéros 11 à 17, 20, 22, 24, 27, 31, 32, 33, 34 et 36 signées de sa main. Alex Kow signa celle du numéro 10. Les autres couvertures étaient soit signées par des artistes moins connus, soit il s'agissait de photos anciennes ou contemporaines.

On peut parfois regretter une part d'auto célébration de Philippe Charbonneaux dans des articles intitulés " mon métier de styliste ", " la vie d'un styliste ", " une 15 HP dessinée par Philippe Charbonneaux ", " l'habitacle de sécurité ", même si ceux-ci demeuraient intéressant à lire au regard du parcours professionnel de ce styliste.

La teneur des articles sur les anciennes demeurait d'un bon niveau. On y racontait par le détail l'histoire de certaines marques tel que Voisin, Mathis, Georges Irat, Delage, Delahaye, Hotchkiss,  ... ou modèles comme la Traction. Comme dans l'Album du Fanatique de l'Automobile, certains dossiers se prolongeaient à travers plusieurs numéros.

La vie de quelques personnalités fit l'objet d'articles : Dante Giacosa, Henry Ford, Charles T. Weymann, Georges Richard ... Les auteurs revenaient sur certaines grandes épreuves : Le Monte Carlo, la Paris Vienne, la coupe Gordon Bennett, le GP de l'ACF  ... La vie des musées était abordée : Rochetailllée, Turin ...

Du numéro 16 au numéro 24, on trouvait un inventaire de toutes les marques constituant le patrimoine de l'automobilisme français, avec pour chaque constructeur les dates d'activité, et un bref commentaire.

Philippe Charbonneaux présentait dans le numéro 15 de janvier / février 1971 le nouveau comité de rédaction. Outre Philippe Charbonneaux lui même et Jacques Rousseau, rédacteur de la première heure, on découvrait les visages de Guy Michelet, Jean Fondin, Jean Auvigne, Pierre Plessis, Jacques Garnier, Pierre West, Michel Gravereaux et François Toché. Certains d'entres eux collaboraient déjà à la publication depuis un certain temps. 


Les numéros 37 et 38


L'Anthologie Automobile, numéro 38

Le dernier numéro régulier, le 36, était daté de septembre / octobre 1974. Le numéro 37 était disponible en octobre 1975. Après près d'un an de silence, l'Anthologie Automobile était de nouveau en vente, mais il s'agissait désormais d'un bimensuel.

Les rédacteurs précisaient qu'une absence de quelques mois ne signifiait pas la mort, et qu'un repli stratégique sur soi-même était parfois nécessaire, et surtout préférable à une disparition. La nouvelle formule se voulait plus simple, mais plus directe. Elle avait pour ambition de devenir un lien indispensable entre tous les passionnés de l'automobile ancienne, et de mieux coller à l'actualité de la vie des clubs, aux modifications des programmes et calendriers.

La revue devint moins luxueuse, et envisageait même de voir sa diffusion effectuée dans les kiosques et dépositaires de presse (cela signifie t'il qu'elle n'était diffusée que sur abonnement ? Si vous savez répondre à cette question, merci de me contacter marioboano@gmail.com).

A l'exception d'un appel à sauver le journal, le contenu de ce numéro 37 était particulièrement pauvre. Le numéro 38 semblait plus étoffé, mais après les publicités, une page de Philippe Charbonneaux pour défendre la cause des propriétaires de voitures anciennes, les pages d'actualités, la vie des clubs, les petites annonces ... il ne restait plus aucune place pour un quelconque article de fond. La pagination avait été divisée par plus de 3, le prix n'avait baissé que de 3 francs (sur 8), et la revue ne possédait plus le même attrait, car ne traitant que d'actualité. Ainsi, le numéro 38 édité fin 1975 fut le dernier numéro de l'Anthologie Automobile. La Vie de l'Auto, à sa manière, allait prendre le relais pour annoncer l'actualité de la voiture ancienne à partir de 1976.

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